L'ambassadeur réplique à Harper

La Chine partage les mêmes valeurs que le Canada, dit l'ambassadeur Lu Shamin

17. Actualité archives 2007


par Toupin, Gilles
Ottawa - L'ambassadeur de Chine au Canada, Lu Shamin, a envoyé un message très clair au premier ministre Stephen Harper en affirmant hier que le dialogue entre les États était préférable aux accusations à l'emporte-pièce.
Alors que les tensions entre la Chine et le Canada se sont accrues ces derniers jours en raison du blâme ouvert servi par M. Harper à Pékin, lors de son déplacement à Hanoi la semaine dernière, sur le non-respect des droits de la personne, M. Lu a fait l'éloge hier du multiculturalisme canadien avant de passer son message.
"Je crois que les Canadiens, qui sont les grands champions de la diversité et du pluralisme, seront d'accord avec moi pour dire que nous partageons cette diversité du monde et que nous pouvons apprendre les uns des autres avec respect et tolérance. Cela nous permettra de faire davantage de progrès communs et d'atteindre la prospérité plutôt que de nous isoler en nous montrant mutuellement du doigt", a déclaré l'ambassadeur hier midi dans un déjeuner-causerie organisé par le Cercle canadien d'Ottawa.
Interrogé par les journalistes après son discours, M. Lu a cependant nié que son message était adressé à M. Harper. "Je n'envoie pas de message particulier à une personne en particulier", a-t-il dit.
Le représentant de la Chine au Canada avait notamment insisté dans son discours pour affirmer que son pays partageait avec le reste du monde les valeurs de la démocratie, de la liberté et des droits de la personne.
"La Chine a fait le choix naturel de construire une société harmonieuse pour son développement futur, a-t-il expliqué. La démocratie, la liberté, les droits de la personne et l'harmonie sociale ne sont pas des valeurs uniques à certaines sociétés. Ils sont des aspirations partagées par l'espèce humaine. Mais elles ne se manifestent pas d'une manière uniforme. Nous sommes différents par notre histoire, notre culture et par notre niveau de développement économique et social, sans parler de la langue."
L'ambassadeur Lu a par ailleurs insisté à maintes reprises sur la solidité de la relation entre son pays et le Canada. "Je pense que les relations entre le Canada et la Chine vont continuer de grandir, a-t-il dit aux journalistes. C'est ce que j'ai dit dans mon discours. C'est une relation très importante."
Au même moment, devant le parlement, quelques centaines de manifestants donnaient leur appui au premier ministre Harper tout en dénonçant le bilan de Pékin sur la question des droits de la personne.
De plus, des représentants de quatre ONG qui militent pour les droits de la personne ont soutenu également M. Harper "pour ses efforts courageux en faveur des droits de la personne en Chine", alors qu'ils témoignaient devant le sous-comité des droits internationaux de la personne du Comité permanent des affaires étrangères.
L'Association Falun Dafa du Canada, la Fédération pour une Chine démocratique, l'Association de Toronto pour une Chine démocratique et le chapitre canadien du PEN Club ont ainsi profité de leur passage devant ce comité des Communes pour exhorter le gouvernement à suspendre le dialogue du Comité mixte Canada-Chine des droits de la personne et à le remplacer par un nouveau dialogue bilatéral.
"En 10 ans, il n'y a eu aucun progrès au sujet des droits de la personne en Chine. Le dialogue sur les droits de la personne entre le Canada et la Chine n'a été d'aucune utilité. Alors, nous demandons au gouvernement canadien de suspendre ce dialogue qui se fait derrière des portes closes et de le remplacer par une approche plus efficace", a affirmé Mme Xun Li, la présidente de l'Association Falun Dafa du Canada.
Le Comité mixte Canada-Chine des droits de la personne a été créé voici 10 ans alors que la Chine avait offert au Canada et à l'Australie de mettre sur pied ce dialogue bilatéral à la condition que les deux pays renoncent à appuyer les résolutions contre la Chine à la Commission des droits de la personne de l'ONU à Genève.
Les ONG reprochent au comité ses rencontres annuelles secrètes, fermées aux sociétés civiles des deux pays. Elles reprochent au gouvernement canadien notamment d'accepter que la Chine y délègue des fonctionnaires de bas niveaux et que les discussions ne produisent aucun résultat tangible.
David Cozac, de PEN Canada, a affirmé au comité que le Canada n'avait "pas à craindre d'adopter une position de force face au bilan déplorable des droits de la personne en Chine", qu'il n'avait pas à craindre des représailles commerciales de la Chine, que cette crainte n'était pas fondée. "La Chine, a expliqué Cheuk Kwan, le président de l'Association de Toronto pour la démocratie, qui a un excédent commercial enviable avec le Canada, ne se punira pas elle-même en diminuant son commerce avec le Canada."


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