L’Algérie est devenue, bien malgré elle, un fournisseur international de djihadistes avec l’assise wahhabite pour contrer le chiisme et le soufisme. 50 % de la jeunesse algérienne est au chômage, livrée à elle-même, sans aucun objectif d’avenir. Une partie d’entre elle est prise en main et endoctrinée par les religieux fondamentalistes, elle étudie les sciences islamiques et devient djihadiste tout naturellement.
Les réseaux sont interconnectés à travers le monde et c’est une révolution continue. On commence par les écoles coraniques et on finit à Al-Qaïda. Ces jeunes partent à Dammaj au Yémen, afin de devenir des machines de guerre et de mort. Ils se font tuer quotidiennement sur tous les champs de bataille actuels.
En Algérie, l’islamisme a été, pour le moment, vaincu militairement et politiquement mais pas idéologiquement. Que deviendront tous ces djihadistes quand les conflits s’arrêteront – car ils s’arrêteront bien un jour –, notamment en Syrie ? Ils reviendront en Algérie et alimenteront le terrorisme. Ils sont donc une menace pour leur propre pays.
Le monde a cru – nous avons cru – qu’en renversant ce que l’on appelait des dictatures, les peuples arabes se dirigeaient vers plus de liberté, plus de démocratie et moins de religion. Cela a été une amère déception en Irak d’abord, puis en Tunisie, en Lybie, en Égypte, en Syrie. Il faudra pourtant qu’un jour un de ces pays parvienne à instaurer une véritable république citoyenne et laïque. Pourquoi ce pays ne serait-il pas l’Algérie ?
Je sais que je ne vais pas me faire que des amis, mais il s’agit là d’une vérité première, quoi qu’en pense une majorité d’Algériens : l’Algérie a « bénéficié » – je dis bien bénéficié – de 130 années de colonisation. Des républicains sont venus la peupler au XIXe siècle, la mettre en valeur, construire avec les Arabes un pays dont ils pouvaient être fiers. Les musulmans, les juifs et les chrétiens ont toujours pu pratiquer leur religion en toute liberté. La charia ne s’y est jamais exercée. Tout n’a pas été parfait mais – que cela plaise ou non aux Algériens – nous leur avons légué des principes qu’une majorité d’entre eux a conservés après notre départ.
Ferhat Abbas disait : « C’est bien la pensée française qui est à la base de notre vie morale. À l’empirisme du patrimoine laissé par nos parents et la tradition, l’âme des écrivains français est venue apporter une explication, si j’ose dire, scientifique et rationnelle. » Il faut que ces principes servent à changer totalement l’avenir de l’Algérie.
Il est fini, le temps de se lamenter sur une repentance que nous n’avons aucune raison de leur offrir car nous pourrions nous aussi la réclamer, cette repentance. Un homme a reconnu le rôle positif de la colonisation, Hocine Aït Ahmed, l’un des chefs historiques du FLN. Il déclarait, dans le numéro de juin 2005 de la revue Ensemble : « Chasser les pieds-noirs a été plus qu’un crime, une faute, car notre chère patrie a perdu son identité sociale. »
Il n’existe qu’une seule solution pour que cessent ces confrontations meurtrières interreligieuses : il faut que s’instaurent des États modernes sur des valeurs et des principes démocratiques où l’homme est un citoyen et non un croyant. Il est impératif de séparer la religion de la politique. Je sais, il est plus facile de le dire que de le faire. Nous, Français, en sommes un exemple : une révolution a été nécessaire – 1789 – et il nous a fallu plus de 150 ans pour y parvenir, je l’espère, définitivement.
Le temps du changement est arrivé. L’Algérie peut devenir la première véritable république du monde Arabe ! La première à séparer totalement la religion de l’État, le citoyen du croyant. La première démocratie. Encore faut-il qu’elle prenne son destin à bras-le-corps.
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