Arrestations au G20

L’acceptation silencieuse des Québécois

G-8, G-20 - juin 2010 - manifestations et dérives policières

Dans son article paru dans Le Devoir du samedi 3 juillet intitulé «La dérive», Alec Castonguay met en lumière des faits plus que troublants. Des arrestations massives, des cas d’intimidation, de fouilles excessives sont rapportés tant par l’auteur que par les manifestants emprisonnés revenus au Québec, relâchés faute de preuves et de raisons crédibles. Un organe de l’État civil, la force de police, a obtenu à huis clos des pouvoirs d’une importance démesurée pour l’événement dont elle assurait la sécurité, reconnu par tous comme une rencontre de transition.
Les services de sécurité ne l’ont que trop prouvé en détenant des manifestants de façon aléatoire, dans des conditions inhumaines et, comme le souligne M. Castonguay, contraires aux droits canadiens. Par ailleurs, il y a eu une évidente provocation de la part du corps policier, à savoir les quatre voitures que des agents ont garées au beau milieu de la foule et qu’ils ont laissées sans surveillance. Le G8 et le G20 de la semaine dernière ne sont pas sans rappeler la Crise d’octobre 70, lorsque le gouvernement fédéral a fait appel à la Loi des mesures de guerre et a provoqué l’escalade de la tension. Sauf que cette fois ci, il n’y a pas eu d’assassinat, mais tout de même deux fois plus d’arrestations.
Le Québec
La page est encore plus sombre pour les Québécois. La plupart des manifestants d’origine québécoise s’étant rendus à Toronto la semaine dernière ne se prononçaient pas sur le discours national. Ils étaient simplement venus exprimer leur opinion dans le cadre de manifestations qui visaient bien plus des enjeux d’ordre mondial et socio-économique que provincial. Or, les manifestants québécois ont été particulièrement malmenés par la police. D’abord, ils ont été arrêtés de façon ciblée, discriminatoire, en raison de leur province d’origine. Ensuite, en prison, certains se sont fait insulter et dire qu’ils n’avaient qu’à quitter le pays s’ils n’étaient pas contents, comme on le dirait à un citoyen de seconde zone.
Et quelle est la réaction au pays? Selon un sondage Angus Reid, 71 % des répondants québécois trouvent justifiés les agissements des policiers envers les manifestants. Justifiées, les arrestations préventives contraires à la loi? Justifiées, les conditions de détention illégales dans lesquelles on a plongé une majorité d’innocents venus s’exprimer démocratiquement? La mission d’un corps policier n’est-elle pas d’abord et avant tout de faire respecter la loi? Dans une démocratie, la loi se doit d’être la même pour tous. Il est inacceptable de contourner ce fondement de notre société moderne.
Acceptation silencieuse
Toutefois, le plus effarant dans tout cela reste l’acceptation silencieuse des Québécois envers un autre manquement d’éthique et de responsabilité civile de la part du gouvernement fédéral. Certes, il y a un ralentissement politique au Québec, qui est sans aucun doute lié au manque de charisme et de crédibilité de notre gouvernement au pouvoir. Mais cela ne constitue en rien une excuse permettant d’expliquer le choix des Québécois, qui est d’entériner les débordements policiers.
Le Québec a de moins en moins sa place dans une fédération où notre province perd sans cesse de l’importance, où nos intérêts sont ignorés et où les Québécois sont devenus un sujet de moquerie récurrent. Notre gouvernement fédéral emprunte un chemin qui ne laisse guère présager d’amélioration et l’opposition est loin de pouvoir l’en détourner.
Il importe donc, à la lumière des événements récents, de repenser notre place à l’intérieur ou hors du Canada, et surtout de nous réveiller, de nous impliquer. Il est vrai que le climat politique actuel est décourageant, mais cela ne veut pas pour autant dire qu’il faut laisser faire n’importe quoi à un gouvernement pseudodémocratique. Hâtons-nous donc de prouver que Joseph de Maistre avait tort lorsqu’il affirmait que «toute nation a le gouvernement qu’elle mérite».
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Arnaud Montreuil - Étudiant en histoire


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