Khazarland, Yiddishland, Sionistan (Aux sources du chaos mondial actuel XVI)

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Pour tout comprendre, l'histoire !

XVI – Khazarland, Yiddishland, Sionistan



« La ne vit pas seule, elle est incapable de vivre seule : elle est intimement associée par le plus étroit des liens naturels au mensonge. La trouve son seul refuge dans le mensonge, et le mensonge son seul soutien dans la . »


Alexandre Soljenitsyne


Final du discours de remerciement rédigé à l’occasion de la cérémonie au cours de laquelle devait lui être remis le prix Nobel.




Les évènements miraculeux ne sont pas des matériaux historiques. Et pourtant il arrive que certains façonnent directement l’histoire. Il en est ainsi du mythe d’une « terre promise«  à certains hommes par leur divinité privée.


Le mythe est un théâtre. Il ne vit pas dans l’histoire. Il est l’histoire. Il est hors du temps ordinaire car il est le temps universel et la vérité qu’il dévoile est une vérité universelle.


Peut-on voler le feu du soleil? Non, répond la raison, et pourtant le sens spirituel du récit nous atteint comme une évidence. Nous admettons sans difficulté que Prométhée n’est pas le voleur d’un feu véritable, qu’Icare n’avait pas de vraies ailes de cire qui auraient fondu parce qu’il s’est imprudemment approché du soleil, que Sisyphe n’a pas passé sa vie à tenter de hisser un vrai rocher au sommet d’une montagne et qu’une femme nommée Sara, vieille épouse d’un très vieil homme appelé « Père de la multitude » n’a pas enfanté à l’âge de cent ans.


C’est pourquoi le mythe ne recherche pas la vraisemblance et le récit qui en est le support matériel de circonstance est une allégorie destinée à véhiculer une vérité hors du temps quotidien.


Il existe une hiérarchie des mythes parce qu’il existe une hiérarchie des esprits qui les ont conçus.


Que dire lorsqu’un petit groupe d’alchimistes grossiers fait main basse sur la transcendance et transforme en plomb l’or de la métaphore? A ce compte, Prométhée aurait allumé le feu du soleil avec un briquet, Sisyphe s’aiderait d’une brouette pour hisser sa pierre, un Adam allégé d’une côte aurait batifolé dans un vrai verger et, tel un notaire de village, un « dieu » aurait signé un acte foncier au bénéfice exclusif d’un petit groupe d’humains et y aurait même joint le codicille selon lequel les bénéficiaires de ses largesses jouiront éternellement de l’autorisation de piller et d’assassiner les véritables propriétaires du terrain qu’ils se sont appropriés.


A ce niveau de rusticité religieuse et de dénaturation du spirituel, le mythe devient la forme la plus perverse du mensonge. C’est pourquoi il a tellement besoin de la violence pour imposer sa « vérité » au reste de la planète et pour tenter de galoper dans l’histoire.


Commel’écrivait Goethe, « la vérité doit être martelée avec constance, parce que le faux continue d’être prêché, non seulement par quelques-uns, mais par une foule de gens. Dans la presse et dans les dictionnaires, dans les écoles et dans les Universités, partout le faux est au pouvoir, parfaitement à l’aise et heureux de savoir qu’il a la majorité pour lui. »




1 – C’est là que tout a commencé

2 – Petite bibliographie personnelle

3 – Les Khazars débarquent dans l’histoire

4 – Comment faire entrer le rêve dans la politique?

5 – Les Hercule du rêve biblique

6 – Vrais Juifs, faux Juifs

7 – Le « sang pur » des Ashkénazes

8 – La quête du Graal d’un « sang juif » spécifique

9 – L’obsession de la « pureté génétique »

10 – Où se situe Askhenaz ?

11 – Retour à la réalité historique

12
Le Yiddish: comment naît une langue




1 – C’est là que tout a commencé


« Mille ans avant la naissance de l’actuel État d’Israël, un Royaume juif existait sur les marches orientales de l’Europe, à cheval sur les plaines baignées par le Don et la Volga … » Ainsi commence le célèbre ouvrage de l’auteur juif américain Kevin Alan Brook : The Jews of Khazaria.


L’histoire semi fictive des Khazars a fait d’autant plus phantasmer de nombreux auteurs que les documents historiques réels concernant cette nation indo-turquo-slave sont si minces que durant des siècles l’immense royaume sis entre les bassins de la Volga, du Don, du Dniepr jusqu’à la mer d’Aral, la mer Caspienne et au Caucase avait quasiment disparu de la mémoire des hommes. Composé de plus de vingt groupes ethniques ou « nations« , la puissance de l’empire Khazar couvrait une surface immense. Elle a rayonné pendant un demi millénaire – entre le VIe et le XIe siècle – sur les régions qui correspondent aujourd’hui à l’Europe de l’Est et aux marches de l’Asie.


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L’empire Khazar, viualisation en couleurs de son expansion du VIIe au XIe siècle


L’histoire des Khazars est demeurée à peu près inconnue jusqu’au début du VIIe siècle. On sait seulement que qu’ils faisaient partie de l’empire turc et qu’ils conquirent leur indépendance après que des guerres intestines eurent provoqué l’éclatement de cet empire. A partir de sources arabes, hébraïques , arméniennes, byzantines, slaves, ainsi que de divers objets archéologiques découverts depuis peu – bijoux, objets funéraire, outils destinés à la vie quotidienne, à la pèche ou à l’agriculture, etc. – les historiens ont établi que, de la moitié du VIIe siècle et jusqu’au début du XIe siècle, l’empire Khazar était un Etat prospère et une puissance internationale dans la géopolitique de l’époque. Alan Brook montre qu’il entretenait des relations diplomatiques et commerciales avec l’empire romain d’Orient, avec ce qui demeurait de l’empire turc, ainsi qu’avec les puissantes tribus environnantes des Alains, des Magyars et des Slaves.


Ainsi la ville de Kiev, dont le nom est turc - KUI, la rive et EV, l’emplacement - fut, dit-on, créée par les Khazars.


Bien que païens et pratiquant un mélange de chamanisme, de culte idolâtre et phallique qui donnaient lieu à des scènes d’orgie sexuelle, ainsi qu’à des sacrifices humains, les célèbres et redoutés guerriers Khazars, furent à plusieurs reprises des alliés de Byzance lorsque les Perses Sassanides tentèrent de s’approprier les richesses de la capitale de l’empire romain d’Orient; ils furent de nouveau les alliés de Byzance après la mort du prophète Mohammad, lorsque l’islam guerrier voulut imposer son message au monde entier. C’est ainsi que les Khazars bloquèrent son expansion en direction du Caucase et jouèrent à l’Est le rôle de Charles Martel à l’Ouest.


L’alliance entre les Khazars et Byzance fut d’ailleurs scellée par le mariage de l’empereur Constantin V (741-775) avec une princesse khazare. Leur héritier devint l’empereur de Byzance sous le nom de Léon IV le Khazar.



Guerriers khazars


Or, le débarquement des Khazars dans l’histoire contemporaine a pour cause principale la conversion du royaume au judaïsme vers l’an 740. Le récit des circonstances de cette conversion décidée par le roi khazar de l’époque, Bulan, est décrit avec précision par Arthur Koestler. Il rappelle à la fois la légende qui entoure cette conversion telle qu’elle ressort d’une correspondance entre un roi khazar appelé Joseph et Hasdai Ibn Shaprut, un ministre juif du khalife de . Mais ce document historique est fragile, car les lettres ayant été rédigées entre 954 et 961 – soit plus de deux cents ans après la conversion des Khazars – il est quasiment impossible de séparer la réalité historique de celle recréée par la fable. De plus, des passages entiers sont manquants, notamment le début et la fin du document.


La réforme religieuse du roi Bulan semble avoir été effectuée en plusieurs étapes et fut, comme il se doit dans ce genre d’action politico-théologique, enveloppée d’évènements miraculeux destinés à en attester l’authenticité. Ainsi, après qu’il eut décidé de renoncer à l’idolâtrie, de chasser les sorciers, d’interdire les orgies sexuelles et les meurtres rituels, c’est l’apparition d’un ange qui aurait révélé le « vrai Dieu » – c’est-à-dire un Dieu universel – au roi réformateur qui avait compris que l’unité mentale d’une nation renforçait sa puissance et sa stabilité politiques.


Mais comment choisir la meilleure manière de l’honorer, alors que deux grands empires monothéistes étaient installés à ses frontières: Byzance et Bagdad? C’est là qu’est censée avoir eu lieu la fameuse joute entre les représentants des trois monothéismes – un représentant du christianisme de Byzance, un représentant de l’islam et un représentant du judaïsme talmudique. La cérémonie se serait terminée par le choix du « Dieu juif« , le rabbin ayant remporté la victoire sur ses deux compétiteurs.


Dans son ouvrage capital Deux siècles ensemble (1795-1995), Juifs et Russes avant la Révolution, Alexandre Soljenitsyne propose une explication politique plus triviale, mais certainement plus vraisemblable. C’est le principe de neutralité politique qui aurait en secret déterminé le choix de ce souverain habile: « Les chefs ethniques desTurco-khazars idolâtres de cette époque ne voulaient ni de l’islam pour n’avoir pas à se soumettre au khalife de Bagdad, ni du christianisme pour éviter la tutelle de Byzance. Ainsi, près de sept cent vingt deux tribus adoptèrent la religion juive. »


Soljenitsyne explique l’influence du judaïsme sur les Khazars à partir des échanges qui avaient lieu entre les deux populations depuis des décennies. Des colonies juives s’étaient déjà implantées dans les plaines du Don et de la Volga avant la fameuse conversion, et cela à partir de la Crimée où l’empereur romain Hadrien avait fait déporter les prisonniers juifs en 137, après avoir réduit la révolte de Bar-Kokhba.


Au VIIIe siècle, les Khazars étaient donc depuis longtemps en contact avec les juifs, avec leur mode de vie et avec leurs rites religieux. D’ailleurs une communauté juive était implantée depuis la plus haute antiquité sur les bords de la Mer Noire et dans le Caucase, donc même bien avant l’arrivée des déportés d’Hadrien. Ces juifs-là seraient, dit-on, des descendants des très anciennes captivités assyrienne et babylonienne des VIIIe et VIe siècles avant notre ère. De plus, les persécutions dont les juifs étaient sporadiquement victimes de la part de l’empire romain d’Orient tardif ainsi que des khalifes de Bagdad en augmentaient constamment le nombre.


La conversion des Khazars au judaïsme n’est donc pas un phénomène lié à un évènement unique. Elle est la résultante politico-religieuse d’un long processus dans lequel l’action d’un prosélytisme quotidien exercé par les rabbins a joué un rôle majeur. Avec le temps, les mélanges de populations se firent donc tout naturellement.


Après deux siècles de prospérité, Igor, puis Sviatoslav, princes de Kiev, mirent fin à l’empire khazar entre 933 et 969. Les redoutables pillards Rhuss se convertiront au christianisme et donneront naissance à une nouvelle nation soutenue par l’empire byzantin orthodoxe.


Quant aux juifs anciens ou plus récents qui vivaient dans l’empire khazars – et qui étaient donc ethniquement et génétiquement composés de peuples d’origines très diverses – ils disparurent en tant que nation et s’éparpillèrent par familles ou par groupes dans l’ensemble des Etats de la région.


2 – Petite bibliographie personnelle


L’ouvrage de Kevin Alan Brook : The Jews of Khazaria, publié en 1999 – une seconde édition remaniée et complétée a paru en 2006 – est une somme qui constitue avec celui de Douglas M. Dunlop, The History of the Jewish Khazars (1954) l’ensemble le plus fiable et le plus objectif de la multitude de travaux, dans toutes les langues de la terre, que le mystérieux royaume khazar a inspiré depuis un siècle à une armée d’universitaires. Brooks fournit également une bibliographie exhaustive des innombrables études parues sur ce sujet, ce qui fait de son livre une manière d’encyclopédie indépassable.


Les ouvrages de Kevin Alan Brook et de Douglas Dunlop ne sont malheureusement pas traduits en français. Le plus connu dans notre langue est le roman historique passionnant, qui repose néanmoins sur des données scientifiques très solides et reconnues comme telles, La treizième tribu (1976) d‘Arthur Koestler. Il est accessible dans une collection de poche.


On peut y ajouter la traduction de l’ancien The Kuzari: In Defense of the Despised Faith (1140) par Yehuda Halevi et une recherche plus récente L’Empire khazar VIIe-XIe siècle (2005) par le duo Jacques Piatigorsky et Jacques Sapir.


Impossible d’ignorer l’analyse quelque peu polémique, mais d’un bon sens réjouissant, de Benjamin H. Freedman Facts are facts, The Truth about Khazars en libre accès sur internet.


Je signale pour mémoire l’ouvrage romancé et teinté par l’idéologie dominante de Marek Halter, Le Vent des Khazars: « Pourquoi à l’époque où les religions dominantes, la chrétienté et l’islam, contrôlent les grandes puissances, telles Byzance, l’Empire carolingien et le califat de Bagdad, ce peuple d’origine aryenne choisit-il la religion la plus persécutée de par le monde?« , écrit-il, alors qu’à l’époque, le prosélytisme juif était particulièrement agressif et actif. Il se développait avec succès partout où les juifs s’étaient installés.


La réponse à la question de Marek Halter est donnée par Soljenitsyne dans la citation ci-dessus. D’ailleurs l’exemple de la plate servilité des dirigeants de l’Europe actuelle montre suffisamment clairement les conséquences funestes pour les peuples et pour les économies de leurs nations qui résultent du choix de leurs gouvernants de la subordination à un empire dominant. Le roi Bulan était visiblement un dirigeant plus intelligent et plus lucide que les médiocres politiciens produits par les « démocraties » contemporaines. Doté d’un excellent cerveau politique, il a habilement et progressivement su mettre en scène et théâtraliser une décision capitale qui engageait le destin de l’ensemble de son empire.


Pour la période qui correspond à la défaite, puis à la disparition de l’empire khazar, ainsi qu’à la formation de la mentalité talmudique qui conduira au sionisme, le tome I de l’ouvrage de Soljenitsyne cité ci-dessus Deux siècles ensemble (1795-1995), Juifs et Russes avant la Révolution est absolument indispensable pour qui veut honnêtement comprendre la naissance et l’évolution de « l’esprit de ghetto« .


En revanche, j’ai été une peu déçue par la discrétion sur ce sujet de l’éminent historien Bernard Lazare, auteur de L’Antisémitisme, son histoire et ses causes(1894). Je me suis référée à plusieurs reprises à cet ouvrage passionnant et d’une érudition panoramique. Bien qu’abondamment documenté sur cette période et notamment sur les méfaits psychologiques et sociaux du talmudisme qui s’est épanoui à cette époque en Europe centrale et orientale, ainsi que sur les ravages politiques qui en sont résultés, l’ouvrage ne fait qu’une assez courte allusion à la stupeur des groupes de juifs fuyant en direction de l’est les persécutions des chrétiens au moment des Croisades. Ils découvrent dans les nouveaux territoires de l’est européens qui les accueillent, l’existence d’une immense population juive dont personne n’avait jamais entendu parler. Pour Bernard Lazare, le véritable ennemi à dénoncer était le talmudisme étroit et stérilisateur de l’esprit juif. A la fin du XIXè siècle, la « question khazare » n’était donc pas encore d’actualité.


3 – Les Khazars débarquent dans l’histoire


Le mystérieux royaume khazar a influencé notre monde moderne d’une manière dont nous n’avons pas toujours conscience.


Les Khazars n’avaient longtemps intéressé que des spécialistes de l’histoire de l’Asie centrale, comme le révèle la bibliographie d’Alan Brook évoquée ci-dessus. Les innombrables « chercheurs » qui pullulent aujourd’hui dans les universités américaines ont trouvé-là une mine d’autant plus inépuisable qu’il s’agit d’une matière à controverses, souvent violentes, toujours passionnées: pour les uns, l’ensemble des Khazars a été converti au judaïsme et représente la quasi totalité des juifs dits « Ashkenazes » contemporains, pour les autres, seule une toute petite partie de l’aristocratie de l’empire khazar a rejoint la nouvelle religion et les juifs de la région sont de purs descendants de leurs co-religionnaires judéens. Les positions mixtes ont également d’innombrables adeptes.


Toujours est-il que la « question khazare » a opéré un débarquement tonitruant dans l’histoire contemporaine avec la polémique liée à la colonisation de la Palestine à partir de la fin du XIXe siècle.


En effet, à partir de cette période, qui correspond à l’apogée de tous les mouvements colonisateurs européens, d’immenses cohortes de juifs dits « Ashkenazim« , originaires des régions autrefois occupées par les tribus de l’empire khazar tardivement converties au judaïsme, ont déferlé sur une Palestine miraculeusement métamorphosée en « terre de leurs ancêtres« . Ils en revendiquaient la propriété au nom de la connaissance qu’ils possédaient par ouï-dire de l’existence d’un acte notarié dressé entre un extra-terrestre et d’hypothétiques ancêtres qui auraient été méchamment privés de leur héritage par de cruels centurions romains.


Dans un précédent texte, j’avais déjà montré que TOUS les premiers ministres du nouvel Etat surgi en terre palestinienne en 1948 étaient originaires d’Europe orientale et des régions qui correspondent à l’ex-empire khazar. Les démographes de l’actuel Etat hébreu n’ont trouvé qu’une seule famille, les Zinati de Pek’in, qui aurait résidé en Palestine sans aucune interruption depuis l’antiquité.


Voir:



Nous sommes un peuple

Et les Khazars entrèrent dans l’histoire









Rappel


1 – David Ben Gourion(né David Grün) 16 octobre 1886-1er décembre 1973) est né à Plonsk en Pologne dans une famille sioniste (son père, professeur d’hébreu, était un membre des Amants de Sion). Il émigre en Palestine britannique en 1906.


2 – Moshé Sharett (né Moshé Shertok) , (15 octobre 1894 – 7 juillet 1965) est né à Kherson, dans l’Empire russe (aujourd’hui en Ukraine). Il émigra en Palestine britannique en 1908.


3 – Levi Eshkol ( 25 octobre 1895- 26 février 1969) est né dans un village à proximité de la ville de Kiev , dans l’empire russe, aujourd’hui Ukraine. Il émigre en Palestine ottomane en 1914.


4 – Ygal Allon (né Ygal Païcovitch) (10 octobre 1918- 29 février 1980) est né Kfar Tabor, au pied du Mont Tavor dans l’est de la Basse Galilée d’une famille originaire de Roumanie qui émigre en Palestine en 1901.


5 – Golda Meir ( Golda Meirson, née Golda Mabovitz (3 mai 1898 -8 décembre 1978) est née à Kiev , au cœur de l’empire russe, aujourd’hui capitale de l’Ukraine. Sa famille émigre aux Etats-Unis en 1903, le couple Meirson arrive en Palestine en 1921.


6 – Yitzhak Rabin (Yitzhak Rubitzov , 1er mars 1922 – assassiné à Tel Aviv le 4 novembre 1995) est né à . Ses parents, Nehemiah et Rosa Rubitzov originaires d’Ukraine émigrèrent d’abord vers les Etats-Unis


7 – Menahem Volfovitz Begin (Mieczyslaw Biegun , 16 août 1913 -9 mars 1992) . Il est né à Brest-Litovsk, alors ville polonaise à majorité juive, aujourd’hui Biélorussie. Il n’arrive en Palestine qu’en 1942.


8 – Yitzhak Shamir (Yitzhak Jazernicki (15 octobre 1915…) , est né à Ruzhany, en Pologne, actuelle Biélorussie. Il émigre en Palestine en 1935.


9 – Shimon Peres (Szymon Perski ) Il est né le 2 août 1923 à Wisniew (Pologne, actuelle Biélorussie). Il émigre en Palestine en 1934.


10 – Benyamin Netanyahou (né le 21 octobre 1949 à Tel Aviv) Petit-fils d’un rabbin émigré de Lituanie en Palestine en 1920


11 – Ehud Barak (Ehud Brog, né le 12 février 1942 au kibboutz Mishmar Hasharon) Fils d’Israel Brog et d’Esther Godin, immigrés respectivement de Lituanie et de Pologne.


12 – Ariel Sharon (Ariel Scheinermann (né le 26 février 1928 à Kfar Malal en Palestine) . Son père Shmouel Scheinerman est originaire de Brest-Litovsk alors en Pologne, actuellement Biélorussie. Sa mère Véra est un médecin originaire de Mohilev en Biélorussie.


13 – Ehud Olmert ( né le 30 septembre 1945 à Binyamina en Palestine. Son père Mordechaï – né à Buguruslan en Russie, émigre en Chine en 1919, à Harbin, et arrive en Palestine en 1933.


Voir La théocratie ethnique dans le chaudron de l’histoire


4 – Comment faire entrer le rêve dans la politique?


Cette variété de colons s’est révélée mue par un messianisme biologico-religieux jamais vu sous la voûte céleste. Telles des fourmis processionnaires, leurs colonnes porteuses d’une narration mythologique vieille de deux millénaires et demi et d’un simplisme exemplairement grossier, s’étaient mises en mouvement à la fin du XIXe siècle et l’invasion n’a plus cessé.


Une terre « vide » dont ils étaient les héritiers les attendait, claironnaient-ils sur tous les tons, mais il faut croire qu’un magicien supra, extra ou méta terrestre avait miraculeusement conservé dans la plus parfaite prospérité villes, villages, jardins, vergers, après que des ancêtres eurent consciencieusement obéi à leur dieu et massacré tout ce qui respire dans les territoires conquis in illo tempore: « Des villes de ces peuples que Jahvé, ton Dieu, te donne en héritage, tu ne laisseras rien vivre de ce qui a souffle de vie. Détruisez-les jusqu’au dernier… comme Jahvé, ton Dieu, vous l’a ordonné…  » (Dt, 20,16). Par bonheur, le tout avait été parfaitement entretenu, en bonne logique théologique, probablement par des légions de séraphins, si bien que les colons nouvellement débarqués avaient pu, dès leur arrivée, se loger commodément et se nourrir à bon compte.





Comment s’équiper à bon compte avec la bénédiction de Jahvé




Et si, ici et là, l’épaisseur des vapeurs sionistes n’avait pas réussi à masquer la présence de quelques irréductibles Indigènes accrochés à leurs lopins telles des moules à leurs bouchots, les nouveaux colons s’étaient efficacement employés à « vider » autant que faire se pouvait leur « terre promise » de ces empêcheurs de mythologiser en rond!


« Démocratie », «  », « concessions territoriales aux autochtones », « négociations », autant de billevesées que les nouveaux venus agitent depuis lors comme les lépreux leur clochette, afin de maintenir l’illusion qu’ils partagent les « valeurs démocratiques » de « l’Occident » et son respect de la « dignité humaine » alors que l’objectif réel, secrètement et tenacement poursuivi, avec une obstination jamais prise en défaut, est l’instauration d’un Etat théocratique – un « Etat juif » – débarrassé de la présence polluante des Indigènes, des « natives« , pour reprendre le vocabulaire utilisé par leurs grands soutiens d’outre-Atlantique à propos de leurs propres Indigènes impitoyablement massacrés.


Voir: Il était une fois Picrocholand… Petit conte sur le monde tel qu’il va


Or, les immigrants récents en terre palestinienne qui se réclament de la religion de leur divinité personnelle prétendent que leur livre sacré est en même temps leur cadastre et qu’ils sont donc rentrés chez eux.


A ce stade du développement, il m’a semblé important de retourner une fois encore aux textes car, comme l’écrivait si justement Edward Mandell HOUSE , l’éminence grise qui a longtemps dirigé la cervelle du Président Wilson, «  La chose la plus difficile au monde est de suivre à la trace n’importe quelle idée jusqu’à sa source« .


Voir – Du Système de la Réserve fédérale au camp de concentration de Gaza : Le rôle d’une éminence grise: le Colonel House


Dans un texte antérieur, j’avais rappelé quand et dans quelles circonstances était né le mythe fondateur de la « terre promise » et le rêve du « Grand Israël ». En l’espèce, le récit rapporte un rêve miraculeux dont un grand ancêtre aurait été l’heureux bénéficiaire – comme le sera le roi khazar un millénaire plus tard.








Rappel


Lorsque les scribes judéens exilés au bord de l’Euphrate, après la conquête de la Judée par le roi Nabuchodonosor, imaginèrent l’épisode de leur fiction dans lequel un personnage mythique – Abraham – était le héros principal, ils lui prêtèrent un rêve fabuleux dans la narration intitulée Genèse.


C’est ainsi qu’au cours d’un « profond sommeil » (Gn 15,12), le héros eut « une vision » (Gn 15,1). De plus, il entendit une voix, qu’il attribua à son dieu, laquelle lui proposait une « alliance » (Gn 15,18).


« Quand le soleil fut couché, il y eut une obscurité profonde; et voici, ce fut une fournaise fumante, et des flammes passèrent entre les animaux partagés. En ce jour-là, l’Eternel fit alliance avec Abraham.«  (Gn 15, 17-18)


Le dieu choisit donc de se manifester pendant le sommeil du rêveur et alors que ce dernier, avant de s’endormir, avait procédé au classique sacrifice d’animaux rituellement coupés en deux par le milieu – « partagés« , dit le texte. Il prend la précaution de décrire minutieusement son cadeau afin d’en faire saisir toute l’importance au bénéficiaire, le tout soigneusement enveloppé dans le scintillant papier-cadeau, si je puis dire, du halo impressionnant d’une « fournaise fumante » et de « flammes« , mise en scène aussi éblouissante que terrifiante, digne de tout dieu qui se respecte et soucieux de manifester sa puissance par des phénomènes impressionnants.


C’est au milieu de ce chaos météorologique rêvé que le dormeur apprend qu’il est désormais l’heureux propriétaire d’une terre qui appartenait jusqu’alors à d’autres peuples.


« Je donne ce pays à ta postérité, depuis le fleuve d’Égypte jusqu’au grand fleuve, au fleuve d’Euphrate, le pays des Kéniens, des Keniziens, des Kadmoniens, des Héthiens, des Phéréziens, des Rephaïm, des Amoréens, des Cananéens, des Guirgasiens et des Jébusiens. » (Gn 15,18).


Pour comprendre le sens de la scène décrite ci-dessus, il faut s’arracher à l’avant-scène du grandiose théâtre de l’épopée et à la fascination qu’exerce sur les esprits le contenu du récit brillamment collationné et mis en forme à partir de bribes de légendes et de récits empruntés aux mythologies égyptienne et mésopotamienne et tenter de pénétrer dans les coulisses des motivations des scripteurs. Réécrits, recomposés et globalement unifiés en dépit d’un certain nombres de contradictions résiduelles, les récits mythiques ont été adaptés à la mentalité et au type d’éloquence que permettait la langue sémitique, ainsi qu’au mode de fonctionnement psychologique de la population à laquelle il était destiné.


Il n’est donc pas étonnant que les rédacteurs de la Genèse aient utilisé le stratagème d’un rêve comme véhicule de l’action de leur « dieu », ce procédé, banal à l’époque, permettait de délivrer un message d’une manière jugée convaincante par tout le monde.


L’immoralité du cadeau saute aux yeux de tout esprit normalement constitué, puisque le « dieu » transforme les Hébreux en receleurs d’un bien volé aux peuples énumérés ci-dessus. De plus, il leur permet de justifier leur vol et se fait leur complice. Le scripteur du scénario a usé de ce moyen habile de légitimer une conquête territoriale opérée par la violence et le meurtre tout en donnant bonne conscience aux conquérants et à leurs descendants.


Le mythe est bien un théâtre et il faut savoir lire son scénario.


Douglas Reid dans sa Controverse de Sion cite cette phrase de l’écrivain sioniste Julius Katzenstein – ou Joseph Kastein – (1986-1946) « Ce n’est pas Dieu qui voulait ce peuple et ce qu’il signifiait. C’était ce peuple qui voulait ce Dieu et cette signification. »


Voir – La Chimère du grand Israël



C’est donc à partir de la description des circonstances imaginées dans le fragment du texte de la Genèse cité ci-dessus, qu’a été rédigé par les habiles scripteurs des textes bibliques le scénario du fameux mythe de la « terre promise« . Interprété de la manière la plus matérielle et la plus grossièrement utilitaire, il allait connaître des développements géopolitiques si fabuleux que les répliques du tremblement de terre initial continuent de secouer la machine ronde.


5 – Les Hercule du rêve biblique


Cependant, il y a loin de la coupe aux lèvres, car afin de concrétiser leur chimère, les Hercule de leur songe doivent venir à bout de deux épreuves, aussi gigantales que celles qui furent imposées au célèbre demi-dieu hellène.


D’abord, il leur faut « nettoyer les écuries d’Augias« , autrement dit, purifier par tous les moyens légaux – et surtout illégaux – leur « terre promise » des « parasites » et des «  » qui refusent égoïstement et méchamment de décamper et de céder leurs propriétés et leurs maisons aux chouchous de leur divinité personnelle.


La réalisation de cette première condition est, il faut honnêtement le reconnaître, conduite de main de maître et avec une dextérité digne d’admiration. Malgré quelques remous provoqués ici ou là par de mauvais esprits et des âmes sensibles qui gémissent sur les cruelles tortures infligées à des enfants et les exactions quotidiennes les plus inventives et les plus sadiques – si nombreuses et si vicieuses qu’elles découragent l’énumération – la méthode commence à produire les fruits espérés, aidée, il faut en convenir, par la complaisance, la mollesse, quand ce n’est pas la traîtrise, des dirigeants des banthoustans encore habités par les Indigènes.


Je n’évoque que pour mémoire les bombardements indiscréminés, les assassinats, les campagnes de terreur, les destructions de biens et de maisons, les emprisonnements arbitraires, les vols et les innombrables brutalités dont sont victimes jour après jour les habitants grands et petits de la part d’un occupant féroce. L’ethnocide – c’est-à-dire un génocide à bas bruit – et le sociocide – c’est-à-dire la déstruction systématique de la mémoire et des structures sociales – sont donc en bonne voie de réalisation.


La seconde épreuve à surmonter, en revanche, est loin d’être à portée de main du « peuple élu« . En effet, atteindre les frontières mythiques du « grand Israël » semble particulièrement ardu à mettre en oeuvre. La conquête des territoires évoqués dans le texte biblique représente une tâche d’autant plus pharaonique que durant leur courte période historique d’occupation réelle de la petite province appelée aujourd’hui Palestine, les Judéens n’ont jamais dépassé le Jourdain. Le , l’Egypte, l’actuel Irak et tous les territoires censés composer le « Grand Israël » ont, hier comme aujourd’hui, fait partie des rêves jamais concrétisés. D’ailleurs les autochtones de ces provinces font preuve d’une mauvaise volonté dommageable à la réalisation du grandiose rêve sioniste. Ils refusent catégoriquement de décamper et poussent même l’audace jusqu’à se défendre énergiquement.


Israël s’est donc élancé à deux reprises, sabre au clair, en direction de l’Etat considéré comme le plus faible. L’opération lui semblait d’autant plus une promenade de santé qu’il savait la société libanaise profondément divisée et rongée par une flopée de collaborateurs vénaux à sa solde. Après avoir trempé ses orteils dans le fleuve Litani et effectué un saut de puce jusqu’à Beyrouth, le conquérant a cru avoir réussi la première étape de son plan de conquête.


Mais, patatras, une statue du Commandeur s’est dressée devant lui et sa grande ombre lui a barré la route. La cruche de la Perrette sioniste se fracassa alors en mille morceaux. A la tête de la plus minuscule des petites entités politico-religieuses de la région, le plus lucide et le plus courageux dirigeant du Moyen-Orient, Hassan Nasrallah, a renvoyé à deux reprises l’orgueilleuse armée des conquérants de Jahvé dans ses casernes, brisant net l’élan d’un Tantale glouton qui, après avoir cru s’approprier les fruits convoités, gémit depuis lors de les voir s’éloigner définitivement, ce qui ne l’empêche pas de ressasser avec une régularité de coucou suisse que, demain il écrasera le sud Liban ou, qu’après-demain, il pulvérisera la Perse.



Les guerriers de Jahvé rentrent dans leurs casernes en 2006


Il ne reste donc plus aux rêveurs de leur grandiose « terre promise » qu’à continuer de persécuter les autochtones avec un zèle jamais démenti. Quant à ces derniers, ne pouvant compter sur le renfort d’un extra-terrestre, ils sont réduits à invoquer des « droits de l’homme » ou une « Charte des Nations unies » et autres organismes remplis à ras bords de bons sentiments et de pieuses et inefficaces objurgations jamais mises en application. Ce ne sont que de piteuses flatulences verbales face à l’arrogante assurance de ceux qui clament que « Dieu est au-dessus des hommes » et que « ses commandements priment sur ceux des humains« . En conséquence, l’obéissance aux décisions de Jahvé passe avant le respect de la Charte des Nations unies. CQFD.


Aux dernières nouvelles, les grands humoristes du théâtre de l’absurde que sont les Nations Unies ont élu le dernier Etat colonisateur de la planète à la vice-présidence du Comité spécial des Nations Unies pour la Décolonisation! Cette décision crucifie une fois de plus les Palestiniens. Le nouveau « décolonisateur » obligera-t-il le colonisateur sioniste caché dans les circonvolutions de sa cervelle à mettre en pratique les dizaines de résolutions émises par le même organisme double-face qui moisissent dans ses tiroirs et qui condamnent vigoureusement son illégalité?


Voir : Chroniques de la Palestine occupée 7 – Ils ont crucifié Marianne… Les nouveaux exploits de Tartuffe en Palestine



Miracle à l’ONU: Alleluiah, l’ONU vient de présider à la naissance d’un nouveau Dr Jekyll et Mr Hyde.

Que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite!


Et c’est ainsi que Jahvé est grand et que le mythe est le maître des cervelles, donc de la géopolitique!


6 – Vrais Juifs, faux Juifs


Mais rien n’est parfait en ce bas monde. Les flammes d’une polémique ardente ont embrasé les cervelles: des méchants n’ont-ils pas déclaré que les Juifs orientaux nouvellement débarqués en Palestine ne seraient pas de « vrais Juifs« , la majuscule signifiant que les juifs ne seraient pas les fidèles d’un dieu local adoré par une petite peuplade localisée in illo tempore et durant quelques siècles sur une écharpe de terre du Moyen Orient – la Judée – mais une variété particulière de vivants, aussi singulière que les baleines, les éléphants ou les hannetons. A tout le moins, il s’agirait d’une catégorie d’humains aussi peu solubles dans l’espèce humaine universelle que l’huile et le vinaigre dans un saladier.


Il est vrai que certains éminents représentants de ce groupe attisent, par leur comportement et leurs déclarations, les braises d’un biologique toujours rougeoyantes sous un épais tapis de lois destinées à encadrer sévèrement la liberté de pensée et d’expression et à punir durement les audacieux transgresseurs.


Ainsi, le nouvel académicien, Alain Finkielkraut, aujourd’hui héraut et chantre de l’identité nationale gauloise, a pu écrire sans complexes, dans le célèbre quotidien français Le Monde, qu’il fait toujours partie « de la plus vieille tribu du monde« . Mais tout le monde a parfaitement compris qu’il ne parlait ni des Arvernes, ni des Eduéens, ni des Bituriges.


Quant à l’actuel Etat né en 1948 en terre palestinienne, il refuse catégoriquement l’existence d’une citoyenneté israélienne et fait des pieds et des mains en vue d’arracher aux victimes de ses spoliations d’abord, puis à la totalité des Etats de la planète, d’être reconnu officiellement en tant qu’ »Etat juif pour les Juifs du monde entier« .


Les adorateurs de la Thora et du Talmud n’ont d’ailleurs aucun scrupule à démontrer qu’il existerait à leurs yeux un « sang juif » plus ou moins pur. Ainsi, celui des Falachas éthiopiens, tout « juifs » que ces derniers se proclament, semble insuffisamment « pur » afin d’accéder au privilège de se trouver mélangé à celui des « vrais juifs « . C’est pourquoi la Croix-Rouge israélienne, a refusé le don du sang d’une député juive d’origine éthiopienne, Pnina Tamato-Shata. « Nous n’acceptons pas le sang particulier des juifs éthiopiens« , lui a-t-il été répondu.


Finalement, devant l’indignation internationale provoquée par la révélation de ce racisme biologique effronté, la Magen David Adom – l’équivalent de la Croix Rouge – a accepté d’effectuer un prélèvement tout symbolique, tout en précisant que le sang de la député Falasha serait congelé et non utilisé, c’est-à-dire, en réalité, jeté.



Le « sang impur » de Mme Pnina Tamato-Shata, juive éthiopienne falacha


7 – Le « sang pur » des Ashkénazes


L’éventualité de l’origine khazare pure ou même partiellement mélangée des Ashkenazim est une douloureuse épine dans le pied des sionistes dont l’idéologie parfaitement datée repose sur le mythe que cette population serait exclusivement composée des descendants de purs Judéens « chassés » de leur province par les Romains après la victoire de Titus et la destruction du temple d’Hérode – connu aujourd’hui sous le nom de « Second Temple » – moins de dix ans après son achèvement.


Après avoir erré dans les pays méditerranéens, puis en Europe occidentale et orientale, leurs descendants sont censés s’être regroupés et avoir enfin trouvé refuge en Askhenaz, c’est-à-dire, prétendent-ils, en Allemagne. Ils s’y seraient multipliés de manière suffisamment exponentielle pour se répandre ensuite en masse dans toute l’Europe centrale et orientale.


L’ennui est que, selon The Campaign for Radical Truth in History, reprise par un article du New York Times du 29 juillet 1999 – journal qui ne peut être qualifié « d’anti-juif » – article, dis-je, intitulé « Scholars Debate Origins of Yiddish and the Migrations of Jews, » et sous-titré « Reveals that European-Descended Jews are Counterfeits and have no Blood line to Abraham » selon lequel des études démographiques actuelles révèlent que « pendant le Moyen-Age, il y avait pas plus de 25.000 à 35.000 juifs dans toute l’ Europe occidentale« .


Or, d’autres études démographiques montrent qu’au début du XVIIe siècle, il y avait déjà des centaines de milliers de juifs en Europe de l’Est. Aucun esprit sensé ne peut prétendre que quelques milliers de juifs occidentaux aient pu se multiplier à ce point en un laps de temps aussi court, sans compter que tous les juifs occidentaux n’ont pas migré vers l’Est, même après les persécutions qui intervinrent après le déclenchement des croisades.


8 – La quête du Graal d’un « sang juif » spécifique


Le célèbre site Lamed.fr consacré à l’étude de tous les aspects de l’existence religieuse et sociale juive propose une étude intitulée « Gènes juifs ». Dans sa conclusion, le rabbin de Jérusalem auteur de l’article établit une relation entre des résultats de la génétique présentés comme parfaitement concluants et certains versets de la Bible:


« Les études génétiques actuelles sont le témoignage de la pérennité des familles juives; en effet seuls les juifs ont conservé leur patrimoine génétique intact après cent générations, malgré l’exil de la Diaspora. Sans doute, un tel état de fait si unique correspond à une prophétie sinon à une promesse à venir : « Le Seigneur te dispersera parmi tous les peuples d’un bout du monde à l’autre …  » (Deuteronome 28, 64) et « Alors le Seigneur ton D.ieu reviendra avec tes captifs, il aura pitié de toi et te rassemblera à nouveau d’entre tous les peuples parmi lesquels le Seigneur t’aura dispersé. » (Deutéronome 30, 3)


Pour ce rabbin, le judaïsme serait donc lié à des marqueurs génétiques particuliers et ce seraient les « gènes juifs » qui détermineraient le mode de vie spirituel et matériel de cette communauté spécifique. Est-ce que ce n’est pas là la définition exacte du racisme? Quand on a de pareils défenseurs, on n’a pas besoin d’ennemis!


Or, du temps de la présence historique des fidèles de Jahvé en Palestine, il n’y a jamais eu de «  » homogène et encore moins la possibilité de l’existence de « gènes juifs« . Un petit rappel historique s’impose.


L’historien Bernard Lazare, qui bien avant Emile Zola – lequel s’appropria sans vergogne son « J’accuse » – fut le premier et le plus vigoureux défenseur du Capitaine Dreyfus, démontre, dans son ouvrage L’antisémitisme, son histoire et ses causes, que, contrairement à la légende hébraïque recueillie dans le texte de la Genèse, les fameuses douze tribus originelles étaient elles-mêmes déjà composées de tribus diverses – « des groupes touraniens et kouschites, c’est-à-dire jaunes et noirs » – qui s’étaient groupées et associées au moment d’envahir un territoire peuplé depuis des siècles par les Cananéens.


La ville de Jéricho – considérée comme la plus ancienne cité du monde – dans la vallée du Jourdain, a commencé d’être peuplée par des Cananéens neuf mille ans avant notre ère, soit entre sept et huit mille ans avant que des tribus de nomades pillards – des Hébreux – en voie de sédentarisation se ruent sur la région fertile de la vallée du Joudain vers la fin du deuxième millénaire avant notre ère. Ils détruisent ce qui reste de la double rangée de murailles à moitié écroulées, pillent et brûlent la ville. Des travaux archéologiques récents semblent prouver que l’écroulement de murailles mal entretenues d’une cité en déclin était dû à un tremblement de terre qui avait opportunément secoué la région, et évidemment pas au souffle de joueurs de trompettes inspirés par leur divinité, comme le rapporte la légende.



Reconstitution de la face nord des anciennes doubles fortifications de la vieille cité de Jéricho

réalisée d’après des fouilles allemandes entre 1907 et 1909


Dans le nord de la province, vers le – IX siècle, un « Royaume d’Israël » était né dans la prospère province de Samarie autour de la dynastie de Omrides, alors que le « Royaume de Juda », continuait à ne regrouper, au sud, que les tribus éparses sédentarisées depuis peu et d’origines diverses dont parle Bernard Lazare. Juda demeurait alors au stade archaïque d’une grosse chefferie avec des roitelets locaux, d’ailleurs vassaux du royaume de Samarie. Sa « capitale« , Jérusalem, n’était qu’un bourg, à peine plus important que les villages voisins, avec des habitations disséminées.


En effet, le pompeux mot « royaume » renvoie, en l’espèce, à un espace exigu, car le chef de chaque gros bourg se donnait le titre de « roi« . C’est ainsi que le texte biblique évoque les guerres de conquête des Hébreux contre d’innombrables « rois » de la région. Mais en – 722 la riche province du nord fut ravagée par l’incursion des armées assyriennes conduites par le roi Sargon II. La Samarie vaincue fut complètement vidée de ses habitants originels.


Les Assyriens avaient trouvé une méthode radicale d’éviter la renaissance de mouvements nationalistes: ils déportaient en bloc tous les habitants des contrées conquises et les remplaçaient manu militari par le transfert de populations originaires d’une autre province soumise. C’est ainsi que la capitale Samarie fut repeuplée par des Babyloniens tandis que l’élite du royaume omride ainsi qu’une grande partie de la population du royaume du Nord furent conduits à Babylone. Ce fut la première captivité à Babylone d’une partie du peuple hébreu. La haine et le mépris des scribes de Juda pour tous les évènements politiques ou religieux liés à l’ancien Royaume d’Israël a occulté ce premier désastre. Lorsqu’ils rédigèrent durant la captivité de Babylone les premiers Livres de la Thora, ils évitèrent soigneusement toute allusion à la province rivale du Nord. Seule comptera la deuxième captivité, parce qu’elle concernera les habitants de Juda.


L’empire assyrien n’avait pas l’intention de créer un désert économique dans les provinces conquises, si bien que les déportations croisées se faisaient par groupes familiaux et même par villages entiers. L’historien Mario Liverani cite des documents assyriens qui révèlent à quel point l’empire assyrien était méticuleusement et puissamment organisé: « Des gens des quatre parties du monde, de langue étrangère et de dialectes incompréhensibles, habitants des montagnes et des plaines, (…) je les transportai, sur l’ordre d’Assour, mon Seigneur, et par la puissance de mon sceptre. Je les fis devenir une seule langue et je les installai là. Comme scribes et surveillants, je leur assignai des Assyriens, capables de leur enseigner la crainte de Dieu et du roi. » (Mario Liverani, La Bible et l’invention de l’histoire, 2003, trad. Ed. Bayard 2008, p. 206)


C’est ainsi que les furent créés les Samaritains. Il s’agissait donc d’une population sans aucun rapport génétique avec celui de la province voisine du sud. Les Samaritains furent d’ailleurs constamment vomis par les textes bibliques, même lorsqu’ils adoptèrent la religion jahviste, mais les Evangiles louent leur charité et leur générosité .


Quant à la Galilée, tout à fait au nord de la région, elle comptait une population mélangée, composée essentiellement des Cananéens originels demeurés dans la contrée après l’arrivée des pillards hébreux, auxquels s’étaient joints des immigrants des cités voisines, lorsqu’une partie de sa population fut transportée en Assyrie avec celle des Samaritains.


Il s’agissait donc d’un peuplement de la région très mélangé au gré des vicissitudes de l’histoire, composé de Phéniciens, de Syriens, d’Arabes, de Grecs, ainsi que d’autres minorités. D’ailleurs les textes bibliques attestent que la majorité de la population n’était pas digne de faire partie des « enfants d’Israël » puisqu’on y trouve, à propos des habitants de cette province, des expressions comme « Galilée des nations » ou « Galilée des Gentils » (Juges 1, 30-33; 4.2 – Isaïe 9, 1), dénominations méprisantes qui signifient que les Judéens ne considéraient pas les Galiléens comme des co-religionnaires et que leur jahvisme abâtardi à leurs yeux, les reléguait au rang de « Gentils« , c’est-à-dire d’étrangers.


« Toutefois, les ténèbres ne régneront pas toujours sur la terre (…): si les temps passés ont couvert de mépris le territoire de Zabulon et de Nephthali, les temps à venir couvriront de gloire la région voisine de la mer, la région située de l’autre côté du Jourdain, la Galilée à la population étrangère. » (Isaïe 8,23)


« De Ptolémaïs ( …) de Tyr et de Sidon, on s’est coalisé contre nous avec toute la Galilée des Nations pour nous exterminer. » (1Maccabées, 5,15)


Gentils, goyim, nations sont dans la bible des termes pratiquement synonymes et s’appliquent à des peuples étrangers, non israélites, par opposition aux Judéens, seuls dépositaires de la véritable piété.


Le plus célèbre des Galiléens est sans conteste Jésus, le fondateur du christianisme. Onze de ses compagnons étaient également des Galiléens, seul le douzième, Judas, était un Judéen. Contrairement à l’idéologie communément admise de nos jours, Jésus n’était pas un Judéen, donc un Juif dans le vocabulaire contemporain, mais un Galiléen, c’est-à-dire un étranger, ou un Palestinien dans la dénomination politique actuelle.


9 – L’obsession de la « pureté génétique »


Or l’obsession de la « pureté génétique » vient de loin. En effet, sous l’impulsion conjuguée d’Esdras et de Néhémie revenus en Judée du confortable exil en Babylonie, avaient été posées les fondations d’un jahvisme exclusiviste qui reposait sur le principe de l’élection génético-spirituelle particulière de ce groupe humain. En conséquence, il convenait de nettoyer la population des éléments impurs et impies qui s’étaient infiltrés sur la terre sacrée et l’avaient polluée de leur présence physique.


Avec une brutalité qui n’était possible qu’en ce temps-là et dont l’actuel Etat d’Israël semble s’inspirer, ce scribe s’était mobilisé contre un siècle et demi de pratiques de mariages mixtes. Non seulement de tels mariages allaient être interdits à l’avenir, mais les femmes légitimement épousées, ainsi que leurs enfants, devaient être expulsés du paradis yahviste. « Le pays [...] est souillé par la souillure des peuples des nations (c’est-à-dire des étrangers), par les abominations dont ils l’ont rempli d’un bout à l’autre par leur impureté. Et maintenant, ne donnez pas vos filles à leurs fils, ne prenez pas leurs filles pour vos fils, ne recherchez jamais ni leur prospérité, ni leur bonheur. » (Esdras, 9, 11-12


Lorsqu’un ministère de l’éducation de l’actuel Etat sioniste propose lors d’un examen d’instruction civique en Israëld’expliquer « pourquoi les jeunes filles juives ne doivent pas fréquenter les Arabes », il se place dans le sillage direct du racialisme d’Esdras.


Voir -Petite généalogie du ghetto appelé Israël


Quant à Maïmonide, il écrit que « pendant la captivité de Babylone, les Israélites se mêlant à toutes sortes de races étrangères, eurent des enfants qui, grâce à ces alliances, formèrent une sorte de nouvelle confusion des langues. » [ Yad Hazaka (La Main puissante), Ire partie, chap. I, art. 4, 20. ]


Les fidèles de Jahvé – et principalement les Judéens – ont pendant longtemps pratiqué un prosélytisme ardent . Des conversions massives du temps des occupations grecques et romaines sont intervenues. La plupart des juifs d’Italie ou de la Gaule sont le fruit des conversions. Bernard Lazare cite cette phrase du rabbin Eliézer: « Pourquoi Dieu a-t-il disséminé Israël parmi les nations? Pour lui recruter partout des prosélytes« . A Rome, à Alexandrie, à Antioche, à Damas, à Chypre, « presque tous les juifs étaient des gentils convertis« , écrit l’auteur de L’antisémitisme.


Malgré toutes les tentatives au cours des siècles de lier la « judéité » à la génétique, l’actuelle population subsumée sous le terme de « peuple juif » est donc le fruit d’un mélange de populations syrienne, égyptienne, philistine, phénicienne, arabe, berbère, italienne, grecque, thrace, espagnole, slave, germanique, balte, scandinave et de bien d’ autres populations encore, des Turcs, des Caucasiens, des Khazars, des Chinois, des Indiens, des Africains.


Quand on sait que l’empire khazar était lui-même un ensemble composite de vingt-cinq « nations » (tribus), on ne peut qu’être rêveur devant la recherche pathétique d’une « pureté raciale« qui n’a jamais existé. Quant à la présence de « gènes juifs », elle continue à être revendiquée officiellement dans le but politique de justifier la colonisation de la Palestine par « droit d’héritage » comme le révèle ouvertement le rabbin du site juif Lamed.fr , manifestant un racisme décomplexé qui serait violemment dénoncé s’il venait d’une autre source.


La population regroupée dans la partie de la Palestine réservée au « peuple élu » est donc, comme celle de la quasi totalité des Etats de la planète – et même plus que d’autres en raison tantôt de l’errance imposée, tantôt de l’émigration choisie par les communautés de convertis – cette population est donc la résultante d’un brassage génétique de pratiquement tous les peuples de la planète.



Juifs algériens



Juifs de Chine du Sud



Juifs iraniens



Juifs ukrainiens



Juifs de Salonique


En revanche, il existe bien, dans cette population, une unité psychique dont l’historien Bernard Lazare a parfaitement analysé à la fois l’histoire, les causes et les conséquences dans son essai L’antisémitisme, son histoire, ses causes. L’ouvrage de Soljenitsyne, quant à lui, retrace pas à pas les étapes de la concrétion de la mentalité de ghetto et du refus de l’assimilation imposée dans la grande Russie par les rabbins talmudiques.


La notion de « peuple » juif, est bien une création récente, comme l’a parfaitement démontré Shomo Sand dans son ouvrage L’invention du peuple juif. Mais le mot « juif » n’est lui-même apparu que tardivement dans le vocabulaire français – mais également dans le vocabulaire anglais, comme le montre Benjamin Freedman.








Rappel


Petite généalogie du mot « juif »


Depuis quand parle-t-on, en France, de « Juifs« , et qui plus est, couronnés d’une majuscule?


L’antiquité ne connaissait pas le mot « juif« . On parlait d’Israélites à propos des tribus d’Hébreux sémites ayant pour ancêtre éponyme Israël, nouveau nom du personnage mythique Jacob. Un fils tout aussi mythique, Juda, dont le nom hébreu est Yehuda, a donné naissance aux Yehudim, mot traduit en français par Judaïtes. L’hébreu Yehudim fut traduit en grec par Ioudaiôn et en latin par Iudaean.


Du temps de la courte indépendance du territoire qui correspond à l’actuelle Palestine, les populations étaient désignées par leur origine géographique. Les Judéens habitaient la Judée, les Samaritains la Samarie, les Galiléens la Galilée et les Iduméens l’Idumée. Mais après leur conquête, les Romains ne s’étaient pas embarrassés de subtilités régionales et désignaient globalement ces confettis de leur immense empire sous le nom général de Iudaea.


Ainsi, lors de la crucifixion de Jésus, Ponce Pilate a fait inscrire sur la croix : Iesus Nazarenus rex Iudaeorum, c’est-à-dire, c’est-à-dire, Jésus de Nazareth roi ou plutôt chef des Judéens, bien qu’il fût Galiléen. En effet, Iudaeorum est le génitif pluriel de Iudaeus, c’est-à-dire Judéen. Quant au mot rex, il n’a été traduit par roi qu’ultérieurement. Ainsi Vercingéto-rix (rex) n’était pas le roi des Gaulois, mais un chef de tribu.


Il n’existait pas non plus d’universalisme du culte du Dieu Jahvé. Les Pharisiens, les Sadducéens, les Zélotes ou les Esséniens se combattaient et se haïssaient cordialement. Ces mouvements, ou plutôt ces sectes, possédaient chacun leur manière particulière de participer au culte de Jahvé, mais, par rapport aux « païens » hellénisés, ils étaient désignés sous la terminologie générale de Yehudim, c’est-à-dire, comme il est dit plus haut, de fidèles d’un culte qui avait son origine dans le royaume de Juda.


Le fondateur du christianisme était un Galiléen appartenant probablement à la secte des Esséniens – mais les avis divergent sur ce dernier point. Il n’était donc ni un Yehudim – puisque seuls les Pharisiens judéens pouvaient se réclamer de ce terme – ni, à plus forte raison, un Juif, puisque ni le mot, ni la notion que recouvre ce mot n’existaient en ce temps-là.


L’ouvrage le plus connu de l’historien hiérosolémite de l’époque, Flavius Josèphe (env.37 à env. 100) est traduit en français sous le titre La guerre des Juifs. Or, ce récit rédigé dans la langue de la région depuis le retour de Babylone, à savoir l’araméen, a été traduit en grec à destination de l’élite cultivée romaine sous le titre littéral : Historia Ioudaikou polemou pros Rômaious, c’est-à-dire Histoire de la guerre judéenne ( ou des Judéens) contre les Romains.



Voir - 5 – La théocratie ethnique dans le chaudron de l’histoire



Le titre actuel, La guerre des Juifs, est un anachronisme, Ioudaikou n’a jamais voulu dire « des Juifs« . Il s’agit de la même racine que celle du latin Iudaeus, c’est-à-dire Judéen. Cette guerre s’est déroulée à Jérusalem, donc dans la province de Judée et ni les Galiléen, ni les Samaritains n’y ont participé. Ils ont vécu tranquillement sur leur terre jusqu’à nos jours. « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde« . Albert Camus.


Voir : L’usure, axe central de l’histoire de l’Occident




10 – Où se situe Askhenaz ?


Où se situe réellement Askhenaz dont le nom ne figure sur aucune mappemonde?


Parmi les fidèles du dieu Jahvé, nombre d’entre eux continuent d’affirmer mordicus que ce terme désignerait l’Allemagne en hébreu. Ainsi, à partir des rives du Rhin, des israélites se seraient disséminés en direction de la Pologne, de la Russie, des pays baltes, de l’Autriche, de la Bohême et, longeant les rives du Danube, ils seraient parvenus jusqu’en Roumanie et même jusqu’au Caucase.


L’absurdité démographique de cette thèse est maintenant un fait reconnu, comme il est démontré ci-dessus, bien qu’elle ait été reprise par Marek Halter: « La plupart [des juifs kazars convertis] (…) rencontrent le flux d’immigrés juifs de France et d’Allemagne poussés par les croisades« , laissant croire que les deux « flux » seraient équivalents. Mais les tenants d’un Askhenaz germanique ne désarment pas. Ils continuent d’affirmer que tous les juifs européens du nord, de l’ouest, de l’est sont des Askhenazim germains.


Une question simple vient immédiatement à l’esprit: comment le nom de l’arrière-petit fils mythique d’un Noé tout aussi imaginaire en serait-il venu à désigner les provinces rhénanes?


Eurêka ! L’encyclopédie en ligne Wikipedia possède la réponse: c’est à la faveur de la mauvaise connaissance de la géographie et de la langue que les premiers immigrants arrivés sur les bords du Rhin auraient opéré un rapprochement entre un nom familier, Gomère – le nom du père d’Askhenaz – et le nom de la province, Germania, prononcée à l’allemande.


Ce serait donc par la grâce d’une consonance hasardeuse que les juifs disséminés dans les plaines des bords de la Volga, sur les rives de la Baltique ou dans les vallées caucasiennes se seraient trouvés gratifiés d’un généalogie qui les aurait rendus originaires de Rhénanie. Ils seraient devenus des enfants de Gomère-Germania. Il faut beaucoup de bonne volonté et plaindre l’infirmité auditive universelle des membres de cette tribu pour donner du crédit à une confusion entre ces deux noms.


Car enfin, si la raison avait été phonétique, la logique aurait voulu qu’à partir des prémisses fumeuses exposées ci-dessus, les fidèles de Jahvé devenus résidents des bords du Rhin eussent choisi Gomeria plutôt qu’Askhenaz pour désigner la terre dans laquelle ils s’étaient installés.


Il faut donc en conclure une fois de plus que Jahvé est grand et que l’invraisemblable et l’absurde martelés de génération en génération se déguisent en vérité.


Bien qu’il soit inutile de chercher une quelconque rationalité à des dénominations imaginaires qui reposent sur un récit, lui-même imaginaire, selon lequel tous les peuples de la terre seraient issus de la descendance des trois fils du célèbre rescapé de la noyade dans laquelle un Jahvé colérique et vindicatif avait précipité le reste de l’humanité (Gn 10,3), le récit biblique lui-même contredit la localisation d’Askhenaz en Germanie.


D’après ce récit, Askhenaz, fils de Japhet, est l’un des trois petits-fils de Noé – Sem, Cham et Japhet – censés s’être partagé le globe terrestre afin de le repeupler après le génocide aquatique qui avait épargné le grand-père. Dans la légende biblique, Askhenaz est présenté comme l’ancêtre éponyme géniteur des Scythes, ou Saces, c’est-à-dire d’un ensemble de tribus nomades qui se déplaçaient dans les steppes eurasiennes entre l’Ukraine, le Kazakhstan et jusqu’à l’Altaï. Il se trouve que ce sont précisément les territoires qui correspondent au gigantesque royaume Khazar de la fin du premier millénaire.



Territoires des Scythes



Territoires des Khazars


Nous voilà loin des rives du Rhin et notre pauvre Askhenaz se voit condamné à un périlleux grand écart !


En effet, l’auto-appellation Askhenazim en relations avec l’arrière-petit-fils de Noé, repose en réalité sur des motivations théologico-mythiques bien antérieures à l’arrivée des immigrants juifs en Rhénanie. D’après Alan Brook « It should also be pointed out that Ashkenaz did not become a definite Jewish designation for Germany until the eleventh century. » C’est donc autour du XIe siècle seulement que le terme Ashkenaz est devenu la désignation officielle des juifs établis en Allemagne et que s’est effectuée une migration sémantique des plaines de la Volga vers celles du Rhin.


Or, la période à laquelle s’est effectuée cette migration du vocabulaire correspond à la migration des populations après la destruction de l’empire juif khazar et à la dispersion des communautés qui résidaient à l’intérieur de ses frontières.


11 – Retour à la réalité historique


C’est à partir des travaux des linguistes sur le yiddish et grâce aux recherches récentes d’un grand linguiste israélien, que les vapeurs des inventions bibliques ou idéologiques peuvent enfin se trouver quelque peu dissipées.


Ainsi, le professeur de l’Université de Tel-Aviv, Paul Wexler remarque que l’utilisation du terme biblique Ashkenaz par lequel s’auto-désignent les juifs parlant le yiddish et qui se prétendent d’origine germanique, est une dramatique erreur. Il confirme que ce mot désignait à l’origine la plus grande communauté juive du monde, celle des juifs iraniens.


Cette localisation est conforme à la mythologie biblique originelle, comme il est montré ci-dessus. Ces juifs-là s’étaient si bien implantés en Babylonie à partir du VIe siècle avant notre ère, après y avoir été déportés que, tout en gémissant sur un exil à l’origine imposé par un Nabuchodonosor victorieux de la Judée, ils n’avaient jamais manifesté la moindre envie de quitter la fertile Mésopotamie et de faire cesser un exil devenu une confortable immigration permanente.


D’ailleurs la seule communauté juive que la propagande sioniste n’a toujours pas réussi à déraciner d’une terre sur laquelle ils vivent en toute sécurité et prospérité depuis deux millénaires et demi est celle des véritables et originaires Ashkenazim, les juifs iraniens.


Mais le terme s’est à la fois diversifié et précisé au cours des siècles, même s’il a toujours désigné des populations caucasiennes et asiatiques. Ainsi, le Professeur Paul Wexler rappelle que depuis le Xe siècle, le terme Ashkenaz est pratiquement synonyme de celui de Khazar.


Un philologue Karaïte de Fès, David ben Avraham al- Fasi, écrit au Xe siècle que Ashkenaz est l’homme qui se trouve à l’origine des Khazars. Un autre Karaïte, Josef ben Burhän , a écrit, toujours au Xe siècle, que les Khazars étaient « Ashkénazes« . Un Ouzbek, Shlomo Ben Shmuel de Urgench , auteur d’un dictionnaire hébreu-farsi, a appelé, au début du XIVe siècle, son pays natal « Ashkénaz« .


Devant des preuves historiques aussi irréfutables, l’Askhenaz germanique a du souci à se faire.


12Le Yiddish: comment naît une langue


Mais les tenants de l’Askhenaz germanique ne désarment pas: ils possèdent, pensent-ils, un argument massue et la preuve absolue que les Ashkenazim seraient d’origine allemande. Tous les juifs européens, tant en Occident qu’en Orient parlaient, affirment-ils, une même langue, le yiddish, avec quelques menues variantes locales. Or le vocabulaire du yiddish est majoritairement d’origine allemande, même s’il est plus ou moins altéré.


Cette langue commune serait donc la preuve que les juifs avaient séjourné suffisamment longtemps en Askhenaz-Germania pour se concocter un même idiome national profondément germanisé. L’expansion mystérieuse de cette langue dans toute l’Europe contredirait les calculs démographiques. La langue se serait répandue en même temps que les populations juives. Elle serait devenue une manière d’expression officielle propre à tous les israélites européens.


Deux éminents linguistes américains originaires de Lettonie – Max Weinreich (1894 – 1969) et son fils Uriel Weinreich (1926 – 1967) – tous deux grands spécialistes du yiddish et traducteurs dans cette langue de nombreux ouvrages de la littérature européenne et notamment de Freud – furent d’ardents et érudits défenseurs de la filiation germanique du yiddish et donc des Ashkenazim.


En revanche, Max et Uriel Weinreich rejoignent la démonstration de Bernard Lazare et écartent la narration classique selon laquelle ce seraient les persécutions et les préjugés du milieu chrétien qui auraient contraint les juifs à une séparation si radicale qu’elle a pu donner naissance à une langue propre aux parias – sorte de melting pot d’apports variés glanés au cours des déplacements du groupe dans l’Europe entière au fil des siècles.


En effet, les deux linguistes contestent la position idéologique des premiers propagateurs du sionisme qui, dès le XIXe siècle ont imposé l’image misérabiliste de juifs enfermés contre leur gré dans des ghettos depuis le Moyen Age. Exclus de la société environnante, ils auraient vécu dans un isolement forcé qui aurait permis l’avènement d’un langage distinct, explique la doxa sioniste officielle.


Il est évident que sans séparation, il n’aurait pas pu y avoir de langage distinct. Mais les deux érudits Weinreich ne partagent pas la vision « victimaire » et « exclusiviste » – au sens d’une exclusion contrainte – des communautés juives imposée jusqu’à nos jours par les pères du sionisme pour les besoins de leur cause. Au risque de choquer leurs co-religionnaires, les linguistes américains du XXe siècle affirment qu’il ne s’agissait nullement d’un isolement lié à des persécutions permanentes, mais d’une politique de séparation volontaire et décidée à partir de l’intérieur des communautés. Ils parlent « d’indépendance« , « d’autonomie« , « d’auto-assertion » et de « renforcement de la communauté« .


Se fondant à la fois sur des preuves linguistiques et historiques, il ne fait aucun doute pour les deux savants Weinreich que, jusqu’au XVIIIe siècle, les juifs refusaient catégoriquement toute forme d’assimilation et considéraient que la « résidence séparée » était un « privilège » accordé aux juifs à leur demande afin qu’ils puissent disposer de lieux de prière propres à la communauté et posséder leur propre abattoir, leurs établissements de bains ou leur cimetière, gérer leurs écoles talmudiques et leurs propres tribunaux rabbiniques, superviser la collecte des impôts , etc.


Je rappelle sur ce point l’analyse de l’historien Bernard Lazare dans son introduction à son Histoire de l’antisémitisme et sa recherche lucide des causes d’une situation qui se reproduit avec une tragique régularité:


« Partout où les Juifs, cessant d’être une nation prête à défendre sa liberté et son indépendance, se sont établis, partout s’est développé l’antisémitisme ou plutôt l’antijudaïsme. (…) Si cette hostilité, cette répugnance même, ne s’étaient exercées vis-à-vis des Juifs qu’en un temps et en un pays, il serait facile de démêler les causes restreintes de ces colères. (…) Quelles vertus ou quels vices valurent au Juif cette universelle inimitié? Pourquoi fut-il tour à tour, et également, maltraité et haï par les Alexandrins et par les Romains, par les Persans et par les Arabes, par les Turcs et par les nations chrétiennes? Parce que partout, et jusqu’à nos jours, le Juif fut un être insociable.


Pourquoi était-il insociable? Parce qu’il était exclusif, et son exclusivisme était à la fois politique et religieux, ou, pour mieux dire, il tenait à son culte politico-religieux, à sa loi. »


Aucun groupe humain ne démontre avec plus d’éclat et d’évidence que si les hommes marchent sur la terre, c’est dans le mythe et le rêve qu’ils habitent. C’est cette résidence dans la « moyenne région de l’air » - comme disait Descartes – qui détermine leur politique.


*


Je développerai la suite dans le prochain texte:


Conditions de la naissance et de l’évolution d’une nouvelle langue


- passage du slavon au yiddish , (exemple du passage du gaulois au français) , puis du yiddish à l’hébreu moderne


La résidence séparée, exemple russe


- son fonctionnement, le refus absolu de l’assimilation , les conséquences politiques


Bibliographie


Mario Liverani, La Bible et l’invention de l’histoire, 2003, trad. Ed. Bayard 2008


Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman,La Bible dévoilée. Les nouvelles révélations de l’archéologie, 2001 ,trad. Ed. Bayard 2002


Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman, Les rois sacrés de la Bible, trad.Ed.Bayard 2006


Ernest Renan, Histoire du peuple d’Israël, 5 tomes, Calmann-Lévy 1887


Bernard Lazare, L’Antisémitisme, son histoire et ses causes, éd. Léon Chailley, 1894.


Douglas Reed , La Controverse de Sion


, Comment le peuple juif fut inventé, Fayard 2008, coll. Champs Flammarion 2010


Kevin Alan Brook : The Jews of Khazaria, publié en 1999 – une seconde édition remaniée et complétée a paru en 2006


D.M. Dunlop, The history of the Jewish Khazars, Princeton, 1954.


Arthur Koestler, La Treizième Tribu, Paris, Calmann-Lévy, 1976


Jacques Sapir, Jacques Piatigorsky (dir), L’Empire khazar. VIIe-XIe siècle, l’énigme d’un peuple cavalier, Paris, Autrement, coll. Mémoires, 2005


Juda Halevi (1080-1140), Sefer Ha Kuzari (Le livre du Khazar : Dialogue entre un roi Khazar et un sage juif), Cordoue, 1140.


Marek Halter, Le Vent des Khazars (roman historique), Éd. Robert Laffont, 2001.


29 juin 2014


Aline de Diéguez


via http://lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.skynetblogs.be/archive/2014/06/29/khazarland-yiddishland-sionistan-8225273.html



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