Kay contre Biz

André Pratte et le Québécistan


La mésentente entre les peuples est souvent fondée sur des préjugés. Ceux-ci naissent de l'ignorance et de généralisations abusives, parfois de la mauvaise foi et de la démagogie. On voit ces processus à l'oeuvre, ces jours-ci, dans la petite controverse suscitée par un texte de la chroniqueure Barbara Kay, du National Post.
Dans sa [" Montée du Québecistan "->1510] (National Post, 9 août), Mme Kay part de la participation de politiciens québécois à une manifestation où ont flotté des drapeaux du Hezbollah, passe par les vieux clichés selon lesquels le Québec est antisémite et anti-américain, pour conclure qu'un Québec indépendant deviendrait un refuge pour les terroristes islamistes. On en rirait si l'article n'avait pas été publié dans un journal national. Puisque le texte a été lu par des milliers de Canadiens, il faut répliquer, comme l'a fait avec son brio habituel notre collègue Yves Boisvert, comme l'a fait aussi l'auteur de ces lignes dans le Post d'hier.
L'antisémitisme était répandu au Québec dans les années 30 et 40 et on trouve encore des relents. Mais ce courant dégoûtant était aussi fort présent dans les autres régions du Canada, que Mme Kay ne soupçonne pas de sympathies terroristes pour autant. De même pour l'anti-américanisme.
La chroniqueuse est carrément méprisante à l'endroit des Québécois francophones lorsqu'elle soutient qu'un Québec souverain deviendrait sympathique aux terroristes parce qu'il se trouverait " détaché du leadership de politiciens qui savent la différence entre la démocratie et un groupe d'exterminationistes fanatiques. " On comprend que selon Mme Kay, seuls les leaders politiques canadiens-anglais sont de cette trempe, ce qui est renversant quand on connaît les démocrates exemplaires qu'a produits la société québécoise, notamment les LaFontaine, Laurier, Saint-Laurent, Trudeau, Lesage, Lévesque, Bouchard... Bref, ce texte est un torchon.
Certains de ceux qui se sont scandalisés des propos de Barbara Kay ont malheureusement eu recours au même type de raccourcis qu'elle, bien qu'à un moindre degré. [C'est le cas de " Biz ", membre du groupe Loco Locass->1552], qui a tiré de la diatribe de Mme Kay des conclusions sur " les Canadiens " en général, conclusions fondées bien davantage sur des préjugés que sur les faits.
" Les fédérés ne savent plus comment discréditer l'indépendance aux yeux des Québécois ", écrit le rappeur, comme si la " pensée " de Mme Kay, commentatrice peu connue et encore moins influente, reflétait celle de tous les fédéralistes canadiens. " Dans les journaux "canadians', ajoute-t-il, le gène maléfique des souverainistes mute selon les époques. " Que les éditorialistes canadiens-anglais soient peu favorables à l'indépendance du Québec, cela ne fait aucun doute. Mais les élucubrations de Barbara Kay ne sont ni représentatives ni dignes de ce qui s'écrit sur le sujet dans la presse anglophone. Le Canada anglais ne se résume pas aux Barbara Kay, Don Cherry et Diane Francis, pas plus que le Québec francophone ne se réduit aux doc Mailloux, Gilles Rhéaume et Pierre Falardeau. Chaque société a ses ignorants, ses intolérants, ses sectaires. Leur répondre par la bouche de ses propres préjugés, c'est s'abaisser à leur niveau.

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André Pratte878 articles

  • 308 206

[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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