Justin Trudeau: un leader faible

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Un pantin qui ne gouverne rien


La crise politique qui remue en ce moment Ottawa en lasse probablement plusieurs, mais elle a la vertu d’être un formidable révélateur de certains éléments de la culture politique canadienne, qu’on pense par exemple à la puissance du politiquement correct qui explose aujourd’hui au visage de ses promoteurs ou à la persistance de l’hostilité canadienne-anglaise à l’endroit du Québec. Elle révèle aussi, pour qui en douterait, la faiblesse du leadership de Justin Trudeau et son manque d’autorité. C’est sur ce dernier élément qu’il nous faut ici revenir. 


Convenons d’une chose: ce leadership faible n’est vraiment surprenant. Depuis des années, il me semble évident que Justin Trudeau joue un peu chez nous le rôle de la reine d’Angleterre: il règne mais ne gouverne pas. S’il se sent très à l’aise autour des enjeux symboliques qui carburent au politiquement correct, s’il se déguise avec enthousiasme dès qu’il en a l’occasion, et s’il peut pleurer sur commande à la manière d’un acteur spécialisé dans les scènes lacrymales, il devient tout mou dès qu’il s’agit de réellement gouverner. Il prétend exercer un leadership consensuel mais ce dernier témoigne surtout d’une difficile capacité de décision, comme s’il peinait à assumer la politique et ses aspérités. 


Ainsi, il a décidé de défendre les intérêts du Québec dans cette querelle, mais ne l’assume pas vraiment, et ne cesse de multiplier les pirouettes verbales pour éviter d’affronter frontalement ceux qui s’opposaient à lui. De même, deux députées attaquent directement sa crédibilité et sa légitimité mais il fait semblant que rien ne se passe et continue de croire qu’elles veulent au fond d’elle-même poursuivre son aventure politique sous sa direction. Plus particulièrement, il tolère dans son parti une femme, Jody Wilson-Raybould, qui veut ouvertement le faire tomber. On le frappe et il tend la main, on lui déclare la guerre et il chante la beauté de la paix. On est en droit de se demander s’il se rend compte de ce qui lui arrive. 


En d’autres mots, Justin Trudeau s’est fait humilier. Mais le public ne se trompe pas, et à moins d’un revirement, toujours possible, mais difficilement imaginable, on peut croire que cette crise l’aura révélé pour ce qu’il est: un leader faible, qui n’était pas fait pour gouverner et qui semble se liquéfier lorsque la politique oblige non plus à parader ou à poser, mais à trancher, en sachant qu’on ne décide jamais en goutant pour soi la joie de l’unanimité.