On peut sourire et même rire aux éclats à voir Jean Charest et son entourage se montrer outrés devant la candidature de Pierre Duchesne, ex-journaliste à Radio-Canada, en tant que représentant du Parti québécois dans la circonscription de Borduas. S’il est un parti politique qui a vidé de leur sens les mots « éthique » et «intégrité», c’est bien le Parti libéral de Jean Charest. Les exemples de manquement à ces deux exigences n’ont cessé de se multiplier durant ses années de pouvoir, entraînant même parfois la rétrogradation de ministres en vue.
Qu’on songe un peu au processus de nomination des juges, au financement occulte, au favoritisme au profit des amis et donateurs du parti, aux pratiques frauduleuses répétées des organisateurs libéraux, et on en passe. Sur ce terrain, M. Duchesne ne manque pas de munitions pour faire face aux attaques sournoises dont il est présentement la cible.
D’ailleurs, pourquoi ne pas éprouver la même gêne devant la présence de Christine St-Pierre dans les rangs du PLQ ? Partager des convictions fédéralistes n’affecterait pas l’objectivité journalistique tandis que l’adhésion à la souveraineté, elle, rendrait impossible le respect des règles de déontologie associées au travail de journaliste ? À d’autres.
On connaît tous trop bien certains mercenaires de l’information pour nous faire avaler une telle salade.
Ce qui devrait surtout attirer notre attention à propos du geste de M. Duchesne, et d’autres possibles candidatures issues du même milieu, est que ces journalistes et analystes en poste à Québec depuis des années furent aux premières loges pour juger des agissements du gouvernement libéral, ayant même parfois accès aux coulisses de l’exercice du pouvoir.
N’est-il pas alors symptomatique que des journalistes aussi nombreux et d’une telle qualité abandonnent un travail sûr et bien rémunéré pour se lancer dans l’aventure politique, jugeant nécessaire de remplacer un gouvernement qui s’est révélé indigne du pouvoir qu’il détenait, et ensuite adhérer à un parti en mesure de le remplacer, le jugeant, par le fait même, apte à restaurer les règles d’intégrité bafouées depuis neuf ans ?
Ces candidatures sont porteuses d’un jugement venant de personnalités on ne peut mieux informées et habituées à l’analyse fine. On comprend que Jean Charest a tout intérêt à faire dévier le sens de ce verdict en usant de manoeuvres plus ou moins honnêtes. C’est après tout l’art qu’il sait le mieux maîtriser.
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Danielle Beaulieu, Professeure à la retraite - Montréal, le 7 juillet 2012
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