Jeter l’argent par les fenêtres

Pour ma part, je crois que parmi les 2000 délégués au congrès libéral de cette fin de semaine, il y a d’honnêtes gens. Ils pourraient faire la différence. Cela prendra du courage, car le congrès va être mené à un train d’enfer.

PLQ - congrès d'octobre 2011



C’est ce qu’a fait Jean Charest mercredi. Il a créé une commission bâtarde «taillée sur mesure» (ce sont ses propres mots), pour apaiser la grogne de 2000 libéraux réunis en congrès dès aujourd’hui, et dont on peut penser qu’ils allaient enfin faire connaître leur mauvaise humeur devant la mollesse qu’affichait le gouvernement dans la défense de leur réputation. Ça n’aura pas lieu.
Jean Charest va faire son entrée dans une salle «paquetée» d’avance et qui devra prouver la profonde reconnaissance du parti envers son chef qui a concocté une réponse à une population qui, depuis 30 mois, ne réclame qu’une seule chose d’une même voix: une véritable commission d’enquête publique avec tous les pouvoirs que prévoit la loi sur le sujet. La «commission» fabriquée par Jean Charest ne répond pas aux exigences de la loi existante qui, elle, a fait ses preuves.
30 mois! 30 mois pendant lesquels le public, qui n’est pas dupe, a bien compris que c’était plus de temps qu’il n’en fallait pour déchiqueter tous les papiers compromettants, pour détruire les agendas, les factures de restaurant et pour se donner des airs d’honnête citoyen à qui on ne peut rien reprocher. Avoir les mains propres, c’est ce qui compte.
C’est le président de la CSN, Louis Roy, qui a dit mercredi soir que «quand on allume les lumières, les coquerelles disparaissent».
Jean Charest est bien le seul à penser que les coquerelles vont venir se mettre à table, sans y être contraintes, pour permettre à la commissaire France Charbonneau de remplir son mandat complexe, en espérant que personne ne va perdre la face dans l’exercice. En jouant ce jeu, on se demande s’il ne se rend pas complice de ceux qui infligent une telle plaie à notre société. Ceux qui vivent de la collusion, de la corruption, les deux mains dans l’argent sale, sont morts de rire depuis mercredi.
Ils sont bien conscients que la police patauge, car il est difficile de monter une preuve quand on a en face de soi des malfaiteurs super intelligents qui ont toujours un coup d’avance sur les policiers et qui savent comment ne pas laisser de traces. Ils ont les moyens de consulter des avocats, ils connaissent les lois et brandissent leurs droits chaque fois que c’est nécessaire. Ils ne sont pas démunis. Ils ont probablement ouvert une bouteille de champagne quand ils ont entendu la solution qu’annonçait Jean Charest avec tant de satisfaction.
Pour ma part, je crois que parmi les 2000 délégués au congrès libéral de cette fin de semaine, il y a d’honnêtes gens. Ils pourraient faire la différence. Cela prendra du courage, car le congrès va être mené à un train d’enfer. Les organisateurs vont essayer d’empêcher tout dérapage. Vous, les 2000, si vous pouvez affirmer que vous souhaitez que vos enfants vivent dans la même sorte de société que celle que nous voyons s’épanouir autour de nous, ne faites rien. Si vous pensez que le Québec pourrait faire mieux, levez-vous. Même au risque de vous faire mettre à la porte.
L’autre espoir serait que la commissaire Charbonneau, dont on dit qu’elle est une femme droite et courageuse, refuse le mandat alambiqué qu’on lui a confié. Sa feuille de route donne à penser qu’elle se passionne pour la justice et que l’idée de se faire, à son tour, la complice docile des entourloupettes du premier ministre ne lui dit rien de bon. Nous lui serions reconnaissants de parler maintenant.
Ne pas contraindre les témoins, c’est proposer à tout le monde d’aller à la confesse volontairement, sans danger de pénitence et sans la menace de l’enfer… Ça ne sera pas un gros succès. On se sentira beaucoup plus à l’aise chez soi, en affirmant qu’on n’a rien à se reprocher, et surtout rien à dire. Omerta. Ne soulevez pas la poussière. Fermez les yeux et faites comme si vous ne saviez rien.
Le cancer qui ronge le Québec est bien réel. Nous le savons tous. Certains d’entre nous l’ont vu à l’œuvre sans pouvoir intervenir. Il se propage avec une rapidité qui fait peur et il ne semble pas y avoir un seul domaine qui lui soit inaccessible. La drogue qu’on offre à nos enfants à la porte de l’école, c’est lui. Les adolescentes qui disparaissent de la circulation et qu’on retrouve dans des bars de danseuses, c’est lui. Les tunnels qui s’effondrent, les routes défoncées et les coûts qui dépassent tout ce qu’on pouvait imaginer, c’est lui. Les places dans les garderies… je m’arrête ici. Le reste de la liste, vous pouvez la faire vous-mêmes.
Si un jour les journalistes d’ici arrêtent d’en parler, nous pourrons nous dire que c’est foutu. D’ici là, il faudrait tous ramer dans la même direction.


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