Max Weber a écrit un classique de la sociologie «Le protestantisme et l'esprit du capitalisme» dans lequel il prétend démontrer que le premier conduit au second. On pourrait tout aussi bien tenter de démontrer l'inverse. L'important est de constater que les deux sont intimement liés. Ce qui rend ce lien possible c'est l'importance accordée à la prédestination inspirée des écrits de Saint-Paul et de Saint-Augustin. Dieu a choisi des élus de toute éternité et dans ce monde on peut les reconnaître à ce que tout leur réussi, en particulier l'accumulation de la richesse. Comme j'aime à dire, les protestants ont réussi le tour de force d'identifier leurs carnets de banque à des bulletins de bonne conduite décernés par Dieu. La mentalité des États-uniens est totalement dominée par cette conception des choses. Leur Dieu est Mammon (l'argent) et il n'est pas surprenant qu'on trouve sur leurs billets de banque la devise que l'on sait (In God we trust) qui exprime la conviction que puisqu'ils sont le peuple élu, leur dieu Mammon fera pleuvoir sur leur pays une pluie de billets verts.
Dans un tel contexte la vie est une ordalie, un jugement de Dieu, perpétuelle et la guerre est toujours une guerre sainte. Gagner la guerre signifie que Dieu est content de son peuple. Le perdre signifie que Dieu met son peuple à l'épreuve. La guerre elle-même n'est jamais remise en question, elle va de soi. Comme dans l'ancien testament. Il n'est pas surprenant que les État-uniens et les juifs sionistes soient des alliés. Ils ont les mêmes lectures et une conception de la Bible qui les rapproche.
J'ai toujours trouvé beau le message véhiculé par les paraboles contenues dans les évangiles et toujours été réfractaire à l'enrégimentement dans l'institution de l'Église catholique.
Ce n'est pas que les catholiques pris individuellement ne font pas de bonnes choses mais on a plus souvent qu'autrement l'impression que l'institution abuse de la bonne foi des fidèles pour défendre ses intérêts de corps organisé plutôt que de faire advenir ici et maintenant le règne de Dieu. D'où les contradictions du pape Benoît XVI notés par Oscar Fortin dans son texte récent «Dieu et la guerre font bon ménage aux États-Unis».
Dans un livre remarquable, La source des paroles de Jésus, le bibliste André Myre présente le contenu de la Source c'est-à-dire les paroles de Jésus telles qu'elles auraient été rapportées dans un texte qu'auraient utilisé les évangélistes Matthieu et Luc.
Ce texte comprend le Pater et les principales paraboles que contiennent les évangiles. Les textes de la Source ont ceci de particulier qu'ils ne s'intéressent pas à la mort et à la résurrection de Jésus. Ce qui compte pour la Source c'est la vie de Jésus et le message de vie qu'il a livré.
Le Credo catholique fait l'impasse sur la vie de Jésus et sur son message : né de la Vierge Marie, a souffert sous Ponce Pilate, est mort et est ressuscité. C'est l'approche de Saint-Paul qui n'avait pas connu Jésus et donc n'avait rien à en dire. Dans son livre sur Jésus le Pape Benoît XVI s'intéresse à la vie de Jésus de son arrivée à Jérusalem jusqu'à sa résurrection. L' Église catholique est une Église de mort résurrection. Pensez aux cérémonies de la Semaine sainte et à Pâques, les grands moments du calendrier catholique.
Le message de Jésus, il faut aller le chercher dans les textes de la Source inclus dans les évangiles de Matthieu et de Luc. C'est ce message qui a inspiré les chrétiens qui ont fait le plus de bien à l'humanité.
C'est un message contestataire qui s'appuie sur l'expérience des petites gens de Galilée. C'est un message qui s'adresse aux exclus et qui prend leur parti.
Mais, direz-vous, qu'est-ce que tout cela a à voir avec l'indépendance du Québec?
Beaucoup.
Cette indépendance suppose une révolution. Au moins une révolution des mentalités. Pour le moment la principale préoccupation de nos concitoyens québécois est de s'intégrer à un système qui a toutes les apparences de courir à sa perte. Il devra y avoir une révolution dans ce système comme il devra y avoir une révolution ici. Tout simplement parce que la planète et les autres peuples n'en peuvent plus.
Le printemps nous a donné un avant goût de cette révolution. Il y a encore loin de la coupe aux lèvres. Les Wasps fidèles à eux mêmes misent sur les guerres pour l'emporter. Qui vit par l'épée périra par l'épée, paraît-il. On verra bien.
Au Québec, il y a des signes que cette révolution s'en vient. Le printemps érable en a donné un aperçu. Depuis longtemps, ici, le mouvement coopératif et une économie sociale se développent.
Je vous laisse sur les titres des paroles de coopérateurs que j'ai trouvées dans le dernier numéro de la revue Profil, le magazine des coopératives funéraires du Québec : partager des valeurs humanistes, être actif dans sa communauté, décider de notre avenir, conserver notre patrimoine, accompagner par la formation, faire passer l'humain avant l'argent, favoriser le développement durable, planifier à long terme, contribuer à un monde meilleur, s'entraider dans l'épreuve, promouvoir une société équitable.
Une mine pour ceux qui s'intéressent aux valeurs québécoises. Celles qui devront servir de fondation à notre société de demain.
Pas mal pour des croque-morts. La boucle est bouclée. De la mort sourd la vie. Une nouvelle Source? La suite de la première? Très probablement.
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2 commentaires
Stéphane Sauvé Répondre
8 janvier 2013Merci pour ce texte et les références. Je vais aller à la source comme vous le recommandez.
Archives de Vigile Répondre
7 janvier 2013Le printemps érable a été un anachronisme passager. C'est une des ces choses qui ne se produira plus. Tout semble rentré dans l'ordre.
Le "business as usual" est bel et bien revenu.
Je regardais des articles de journaux des années 1990 récemment. C'est comme si on lisait les articles de 2013. Il n'y a rien de changé. Les assistés sociaux et les chômeurs en arrachent comme il y a deux décennies. Ce sont eux que les gouvernements s'acharnent à couper dans leurs maigres revenus.
Ce sont aussi les mêmes qui font de l'argent.
Bref, c'est frappant comme c'est toujours pareil.