Jean Charest maintient le cap

Le Québec est un exemple pour l'humanité, estime le premier ministre

«il est incontestable que le Québec est parmi ce que l'humanité a de mieux à offrir» - JJC. La noblesse n'est pas dans l'emphase, sauf chez Molière... Dans "Tartufe", par exemple. Ou "Les précieuses ridicules"!!!




L’action gouvernementale à venir se décline en cinq priorités: l’éducation, l’emploi, le développement durable, la maîtrise de nos ressources et la santé.

Photo : Agence Reuters Mathieu Bélanger

La version intégrale du discours inaugural

Robert Dutrisac Québec — Avec le discours inaugural qu'il a prononcé hier, Jean Charest a tenté de relancer son gouvernement avec 15 initiatives disparates qui ne supposent aucun changement de cap, car le premier ministre est convaincu que «le Québec est au bon endroit au bon moment».
«Dans nos débats, nous jetons souvent sur nous-mêmes un regard sévère. Pourtant, dans l'addition des plus et des moins, il est incontestable que le Québec est parmi ce que l'humanité a de mieux à offrir», a déclaré Jean Charest.
«Avec ce discours inaugural, j'invite les Québécois à penser, à imaginer, à rêver et à construire le Québec dans un monde où s'additionnent de nouveaux espaces et se créent de nouvelles dimensions», a-t-il livré non sans emphase. «Plus que jamais, le Québec est dans une position de force pour se démarquer.»
Les 15 engagements dont le premier ministre a fait état et dont certains s'inscrivent dans ce qu'on savait déjà de l'action gouvernementale à venir se déclinent en cinq priorités: l'éducation, l'emploi, le développement durable, la maîtrise de nos ressources et la santé. Et on pourrait en ajouter une sixième: le vieillissement. Ces engagements ne doivent pas conduire à un accroissement des dépenses de l'État puisque Jean Charest a réitéré l'objectif de son gouvernement de renouer avec l'équilibre budgétaire en 2013-2014.
«Ces priorités sont comme les cinq doigts de notre main. La main que nous tendons entre nous pour nous entraider. La main que nous tendons au monde pour faire des alliances. La main que nous tendons aux prochaines générations pour leur passer le témoin et ouvrir la voie», a lu Jean Charest.
C'est en éducation que les mesures annoncées risquent de coûter le plus cher, mais elles sont
étalées sur une longue période. Ainsi, d'ici cinq ans, tous les élèves de 6e année du primaire consacreront la moitié de leur année à l'apprentissage intensif de l'anglais. Tant le Parti québécois que l'Action démocratique du Québec ont proposé une mesure semblable. Pour y arriver, le premier ministre compte sur des «collaborations nouvelles» entre les commissions scolaires francophones et anglophones.
En outre, comme les «jeunes sont attirés par les nouvelles technologies», le tableau noir sera remplacé dans chaque classe par un tableau blanc «intelligent» et chaque professeur sera doté d'un ordinateur portable. C'est une mesure dont le coût pourrait dépasser les 100 millions.
S'inspirant d'une autre proposition de l'ADQ, Québec misera sur le sport étudiant en allouant aux écoles secondaires des fonds pour améliorer les équipements sportifs et doter les équipes «d'uniformes que les élèves seront fiers de porter».
Le vouvoiement sera désormais la norme dans les écoles et des formations au civisme seront imposées aux élèves afin «de cultiver l'art de vivre ensemble et le respect envers les autres, notamment envers les enseignants».
En ce qui concerne les universités, il n'y a rien de nouveau sinon l'assurance que «les étudiants feront leur juste part». D'autres hausses des droits de scolarité sont donc à prévoir.
Jean Charest a très peu parlé de collusion et de corruption, soulignant que le gouvernement «doit veiller à la probité du marché» et protéger «résolument l'intérêt public et l'État de droit». Selon le premier ministre, l'annonce, la semaine dernière, de la mise sur pied d'une unité permanente anticorruption — dont on ne sait encore qui la dirigera — «témoigne de [la] détermination» du gouvernement.
C'est en parlant de culture que Jean Charest a amorcé son discours, en annonçant la création d'un fonds spécial pour encourager les artistes à se produire sur la scène internationale, le gouvernement voulant pallier, de façon plus importante encore, le retrait d'Ottawa dans ce domaine.
Au sujet des gaz de schiste, Jean Charest a confirmé que la réglementation encadrant l'exploration et l'exploitation de cette ressource sera resserrée avec l'adoption d'une nouvelle loi. L'imposition d'un moratoire est toujours exclue, mais «les ministères et organismes exerceront un suivi rigoureux», a-t-il dit. Un nouveau régime de redevances sera mis en place prochainement.
Quant au gisement Old Harry dans le golfe du Saint-Laurent, le premier ministre a affirmé sa volonté de conclure une entente avec le gouvernement fédéral à ce sujet «dans les plus brefs délais». La ministre des Ressources naturelles et de la Faune, Nathalie Normandeau, a même évoqué, hier, qu'une telle entente pourrait survenir avant de possibles élections fédérales au printemps.
«Nous conclurons avec le gouvernement fédéral des ententes qui vont dans le sens des intérêts du Québec et des intérêts du Canada. Car un fait demeure: les Québécois sont les coauteurs de l'histoire de ce pays, et le Canada est à son meilleur lorsque le Québec influence sa marche», a affirmé le premier ministre à la fin de son discours.
Par ailleurs, Jean Charest a promis de dévoiler d'ici quelques semaines les détails du Plan Nord, une idée qu'il a lancée il y a plus de deux ans. Avec des investissements «de plusieurs dizaines de milliards de dollars» et la création de «dizaines de milliers d'emplois» pendant 25 ans, «le Plan Nord sera aux décennies 2010, 2020 et 2030 ce que la Manic et la Baie-James ont été aux décennies 1960 et 1970», a-t-il prédit. Une partie des redevances minières associées au Plan Nord sera versée au Fonds des générations afin de réduire la dette publique.
Sur le plan environnemental, Jean Charest a annoncé qu'il présentera un plan pour appuyer la fabrication de composantes de voitures électriques, l'installation des infrastructures de recharge ainsi que les sociétés de transport qui opteront pour l'électricité. Ce plan encouragera aussi les Québécois à se doter de véhicules électriques ou hybrides. Aucun échéancier n'a été évoqué.
Dans le même ordre d'idées, le gouvernement présentera une nouvelle politique de développement des transports collectifs. D'ici dix ans, la part des énergies fossiles dans le bilan énergétique du Québec passera de 38 % à 32 %, a fait valoir le premier ministre.
Le vieillissement de la population a occupé une bonne partie du discours de Jean Charest. Il faut voir dans ce vieillissement un signe de progrès. «Ce n'est pas la vieillesse qui s'allonge, c'est la vie active qui se poursuit», a-t-il dit. Le gouvernement introduira un avantage fiscal pour les personnes de plus de 65 ans qui désirent continuer à travailler ou revenir sur le marché du travail. «Ce sera la conciliation travail-retraite», a-t-il indiqué.
Jean Charest a également annoncé l'élaboration d'une politique appelée «Vieillir chez soi», une perspective, qui, si elle n'est pas particulièrement exaltante, s'appuiera sur des services accrus à l'intention des personnes âgées. Enfin, en matière de santé, le premier ministre a annoncé la création d'une Direction québécoise du cancer qui coordonnera les traitements afin de réduire les délais.
Enfin, Jean Charest a confirmé la présentation d'une loi-cadre sur l'occupation du territoire, une demande de la Fédération québécoise des municipalités.
L'opposition a accueilli froidement ce discours inaugural. «C'est un discours qui sonne faux», estime la chef de l'opposition officielle, Pauline Marois, un discours qui ne répond pas aux préoccupations de la population. Le député de Mercier, Amir Khadir, de Québec solidaire, juge quant à lui que le gouvernement est «déconnecté de la réalité».
Pour le chef de l'ADQ, Gérard Deltell, le premier ministre a livré «un discours de lieux communs, un discours de phrases creuses». Quant aux idées que Jean Charest a empruntées à l'ADQ, M. Deltell croit qu'il faudra voir si le gouvernement les appliquera vraiment. Il a cité l'exemple du bulletin chiffré, une proposition adéquiste qui, trois ans après avoir été adoptée par le gouvernement, n'est toujours pas en vigueur.


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