L’auteur est étudiant au cégep de Sherbrooke
Lorsque j’assiste au débat des candidats à la chefferie du parti qui est ultimement supposé représenter l’arme politique de l’indépendance du Québec, je me rends compte qu’à chaque fois que le mot «indépendance» est proclamé la foule frémit. Je ne m’y reconnais plus.
Lorsque je m’aperçois que si Ouellet n’était pas candidate, le seul moment où les autres parlent d’indépendance, c’est pour plaire aux vieux yuppies qui ont le désir serein de mourir la tête haute. Je ne m’y reconnais plus.
C’est à s’y perdre dans une folie de défaitisme que de suivre, jour après jour, les trois hommes qui se présentent comme candidats à la chefferie du Parti Québécois. À croire que nous en sommes rendu là, c’est déprimant!
La peur qui, autrefois faisait office d’arguments du camp fédéraliste, fait maintenant partie de nos propres arguments. On change les rôles. Les fédéralistes, qui se battaient, de façon beaucoup moins démocratique, contre l’idée de la liberté, se voient aujourd’hui servis pas des êtres serviles. Et cette dynamique leur plait énormément.
Plus besoin de se salir les mains, ils se mangent entre eux. Comme si le Wendigo rôdait parmi les membres et, un à un, qu’ils finissaient par se faire bouffer. Ceux qui continuent tout de même à défendre l’indépendance se font lapider idéologiquement. On les tasse. Je pense à Michaud, à Aussant et aujourd’hui à Ouellet. On les traites de pressés, puis de dangereux et on finit par les mettre au pas. Non pas par les députés. Non pas par la grande classe marchande qui se tait pour avaler le chèque qui passe. Mais par les membres même du parti!
On en est rendu là, faut croire. Dangereux. Parce que la liberté c’est dangereux. Ça bouleverse, ça fait mal, ça choque. Ça tue un homme politique digne de ce nom. Pour toutes ces idioties, on tente, par l’entremise des trois bouffons qui servent de pantins à ficelles du Parti libéral, de nous faire croire que ce n’est pas ce que le Québec attend du Parti Québécois.
Donc, nous allons leur servir leur salade quotidienne, avec des petites politiques bonbons complètement insignifiants pour calmer les ardeurs, puis la liberté sera remise sur le marché. Remise au plus offrant. Le candidat qui en offrira le plus, remportera la mise. La liberté est devenue le prix d’une enchère. C’est déprimant.
Les trois sous-papes du fédéralisme et du «bien-être constitutionnel» s’éternisent sur l’idée que, comme le peuple s’oppose fermement à une consultation démocratique dans un premier mandat, il faut se rendre à l’évidence et baisser les bras pour encore bien des années. Sur un seul sondage. De peur.
On nous dit que NOUS ne sommes pas prêts. Plus précisément, «85% des Québécois ne veulent pas de référendum sur la souveraineté du Québec dans un premier mandat». Résultat : on arrête. La machine «stop!». On n’y croit plus, ou du moins on va en parler mais très doucement, de façon à ce que personne n’en ait le désir dans huit ans d’ici, rendant ainsi la question vide d’elle-même, morte, et elle sera réglée une fois pour toute. Ouf!
Sans vouloir m’élancer dans un débat sur des faits historiques, le Parti Québécois, fondamentalement, a toujours défendu l’idée de l’indépendance au premier plan. «Vous votez pour nous, vous votez pour un pays». Simple, vrai et noble.
Aujourd’hui, les trois hommes affranchis eux-mêmes de l’idée d’affranchissement du peuple québécois proposent de remettre la base même du parti, parmi toutes les autres idées, bien loin du rêve réel du parti, bien loin du projet collectif dont le Québec a besoin.
À des fins partisanes, ils utilisent un sondage pour fonder l’argumentaire le plus important de leur soi-disant parti. Sur un seul sondage : quelle virulence politique! Un sondage pour faire peur au peuple et ainsi causer la mort lente du projet indépendantiste. Je le répète, les fédéralistes en sont ravis.
Moi j’appuie l’indépendance. C’est tout. Avant et après la course. C’en est ainsi. La course au final n’y change rien, ce n’est qu’un simple miroitement de l’insignifiance que l’on aperçoit chez nos voisins d’en bas, avec leur campagne présidentielle : de la politique bon marché qui fait rougir les analystes politiques vendus et chromés de radio-can. Voilà. Parlez-nous de cynisme. Contrer le cynisme ça prend des politiciens qui respectent jusqu’au bout leur rêve, un projet collectif pour la liberté.
Bourgault disait : «À quoi nous sert-il, d’avoir le meilleur parti si nous n’osons pas, partout à travers le Québec, nous présenter tel que nous sommes». Et bien, c’est ce à quoi on assiste, présentement, au sein du Parti Québécois. L’image sécurisante et respectable d’un parti où la confortabilité trône même au-dessus de la liberté n’est pas le Parti Québécois. Et ce n’est surtout pas celle d’un peuple qui, depuis 256 ans, se bat pour espérer avoir le droit de vivre.
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