J’ai mal à ma langue lorsque je constate la situation du français à
Montréal. Au centre-ville, il est devenu banal de me faire accueillir en
anglais dans les commerces. Dans un hôpital de Verdun, on m’a récemment
offert des services en anglais, la thérapeute étant unilingue anglophone.
Bientôt, les HEC proposeront une maîtrise exclusivement anglophone. De
façon plus scientifique, il y a cette étude du démographe Marc Termote, qui
stipule que les personnes s’exprimant en français à la maison deviendront
minoritaires dans la métropole d’ici 2021. Et quoi encore? Comment ne pas
s’inquiéter devant un tel constat? Et surtout, quels moyens disposons-nous
pour veiller à l’épanouissement du français à Montréal?
D’abord, l’exode des montréalais francophones vers les banlieues serait un
facteur contribuant au recul du français à Montréal. Pour remédier à ces
départs et contrer l’étalement urbain, il faut instaurer des politiques
d’aménagement qui attirent et gardent plus de francophones sur l’île.
Mentionnons par exemple la construction de logements neufs sur l’île à la
place des nombreux terrains vagues; réduire les avantages de la périphérie
par rapport au centre en termes de taxation municipale et dénoncer le grand
appétit des banlieues à l’égard des terres agricoles autour de Montréal.
Deuxièmement, la position trop laxiste du gouvernement libéral à l’égard de
la loi 101 nuit à la promotion du français. Le gouvernement devrait servir
de modèle en ne transigeant qu’avec les entreprises qui respectent la loi
101. D’autres part, non seulement la loi n’est pas appliquée rigoureusement
par l’Office de la langue française, mais celle-ci comporte des lacunes,
entre autres concernant les écoles passerelles, l’application aux
entreprises de juridiction fédérale de même qu’aux entreprises de 11 à 49
employés. Il faut donc réécrire une nouvelle loi qui permettra de remédier
à ces lacunes.
Troisièmement, il importe d’améliorer la connaissance du français chez les
nouveaux arrivants. Ceux-ci sont naturellement attirés par l’anglais parce
qu’il s’agit de la langue des affaires et qu’elle leur assure une meilleure
intégration dans un contexte de mondialisation. Pour optimiser la
francisation des immigrants, il faut que celle-ci soit entièrement
obligatoire. Dans le contexte d’un Québec pays, cela impliquerait pour
l’immigrant de devoir passer un examen de français pour obtenir sa
citoyenneté québécoise. De plus, le Québec aurait tout avantage à
privilégier l’immigration issue de pays francophones (à l’exception bien
sûr des demandes d’asile).
Finalement, les actions individuelles ont aussi un impact sur la situation
du français. Trop souvent, les québécois francophones abdiquent et passent
spontanément à l’anglais. Il importe donc de boycotter, porter plainte,
manifester lorsqu’on est témoin d’anglicisation, que ce soit au sein des
entreprises, des institutions d’enseignement ou de santé. À cet effet, on
ne peut qu’applaudir les actions de mobilisation du Mouvement Montréal
français.
La prochaine fois qu’un immigrant vous aborde en parlant un français
incertain, encouragez-le. Ne passez pas instantanément à l’anglais. Si vous
vous apercevez que les documents d’information envoyés par le ministère aux
immigrants sont bilingues, plaignez-vous. Si vous jugez que les cours de
français en milieu de travail donnent peu de résultats, indignez-vous. Il
ne faut pas avoir peur d’être fier de notre langue et de vouloir la
protéger !
Prunelle Bergeron, Brossard
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