Italie : la justice suspend un décret de Salvini et permet au navire Open Arms d'approcher

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La judiciarisation du politique est un véritable fléau pour les États


Le navire humanitaire espagnol Open Arms se dirigeait le 14 août vers Lampedusa avec 147 migrants à bord, après une décision judiciaire qui suspend un décret du ministre Matteo Salvini lui interdisant les eaux territoriales italiennes.


La justice italienne a décidé de suspendre un décret du ministre de l'Intérieur Matteo Salvini, qui interdisait les eaux territoriales italiennes au navire humanitaire espagnol Open Arms. Celui-ci se dirigeait, le soir du 14 août, vers l'île italienne de Lampedusa, avec 147 migrants à bord dont près d'une trentaine de mineurs.


L'ONG Proactiva Open Arms a cependant assuré qu'elle n'envisageait pas d'accoster de force, comme l'avait fait le Sea-Watch 3 fin juin.


 

Elle compte dans l'immédiat s'abriter du mauvais temps : l'Open Arms comme l'Ocean Viking, le navire de SOS Méditerranée et Médecins sans frontières (MSF) qui cherche également un port pour plus de 350 migrants, ont diffusé le 14 août, des vidéos montrant des creux allant jusqu'à 2,5 mètres qui secouent les bateaux et leurs passagers.


«Nous avons gagné le recours que nous avions présenté devant un tribunal administratif en Italie», a déclaré Oscar Camps, fondateur de l'ONG espagnole Proactiva Open Arms, lors d'une conférence de presse à Madrid. Et d'ajouter : «La seule chose qui manque, c'est qu'on nous assigne un port.»


Malte en a accepté une partie – ceux recueillis dans sa zone de compétence – mais l'ONG a refusé le transfert par peur de la réaction de ceux qui devraient rester à bord. Dans une interview le matin du 14 août à la radio espagnole Cadena Ser, Oscar Camps a mis en avant les risques de violences entre les migrants épuisés et stressés. Selon lui, les 19 membres d'équipage de l'Open Arms ont de plus en plus de mal à gérer les tensions provoquées par la promiscuité, l'incertitude et l'état de «stress post-traumatique très élevé» des migrants. «Imaginez-vous qu'il y a deux lavabos et 180 mètres carrés abrités. Il y a des disputes pour un coin d'ombre, pour un coin de soleil, des disputes pour la nourriture, des disputes pour la queue au lavabo», a-t-il détaillé.


Matteo Salvini a annoncé un recours «urgent»


Matteo Salvini, qui réclame une rotation dans les ports de débarquement, avait signé un décret interdisant, au nom de la défense de l'ordre public, les eaux italiennes à l'Open Arms début août, juste après que celui-ci a recueilli des premiers migrants. En cas d'infraction, l'ONG risquait une amende allant jusqu'à un million d'euros et la confiscation du navire. Jusqu'à la nouvelle décision judiciaire. 


Selon la presse italienne, le tribunal a reconnu «un excès de pouvoir» et une violation du droit international en matière de secours en mer.


Matteo Salvini a annoncé un recours «urgent» contre cette décision, et a signé un nouveau décret, au motif que le comportement de l'Open Arms depuis le premier décret démontrait son «objectif politique de porter [les migrants] en Italie». «Mais quel étrange pays», a raillé le ministre de l'Intérieur lors d'un meeting sur une plage de Ligurie (nord-ouest de la péninsule). «Le tribunal administratif du Latium (région de Rome) veut donner l'autorisation de débarquer en Italie à un navire étranger chargé d'immigrés étrangers», a-t-il regretté.


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