Indépendance journalistique: le PQ veut aussi entendre les Desmarais

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Ça s'impose

(Québec) Pas question pour le Parti québécois (PQ) que Pierre Karl Péladeau soit le seul baron des médias à s'expliquer dans le débat sur l'indépendance journalistique. La formation veut aussi entendre d'autres «patrons de presse», dont les frères Desmarais, dirigeants de Power Corporation et de son groupe Gesca.
Le chef intérimaire du Parti québécois, Stéphane Bédard, a défendu jeudi la proposition de sa formation pour crever l'abcès causé par l'élection de l'actionnaire majoritaire de Québecor dans Saint-Jérôme.
Le PQ suggère la création d'un comité de travail devant qui défileraient des propriétaires, des cadres et des journalistes de Québecor, mais aussi de Gesca, de Radio-Canada, du Devoir et d'autres médias comme Cogeco, Bell et Rogers. «Quelle est l'influence des patrons de presse sur les médias? demande M. Bédard. C'est une question à laquelle j'aimerais avoir une réponse. Dans ma tête, les journalistes sont indépendants par rapport à leur fonction. Mais c'est bien de comprendre cette dynamique.»
En Chambre, le chef intérimaire de l'opposition officielle a insisté auprès du premier ministre sur sa proposition de convoquer «les propriétaires de Gesca, par exemple», à l'exercice de réflexion. Sans les interpeller nommément,
M. Bédard réfère entre autres aux frères André et Paul Desmarais, à la tête de l'autre grand empire médiatique du Québec.
«Vous savez, que l'on soit élu ou non, il y a des propriétaires de presse qui ne rendent pas compte des liens qui existent, a affirmé M. Bédard en entrevue. Donc, on va mieux comprendre ce monde-là. C'est un peu obscur, même pour les élus.»
À travers sa filiale Gesca, Power Corporation détient les journaux La Presse, Le Soleil, Le Nouvelliste, La Tribune, Le Quotidien, Le Droit et La Voix de l'Est.
Motion mise de côté
À la suite de la proposition du PQ, jeudi, le leader parlementaire libéral, Jean-Marc Fournier, a mis de côté sa propre motion pour mandater une commission d'analyser la cohabitation entre la vie de député et celle de propriétaire d'un empire médiatique.
Mais il semble y avoir loin de la coupe aux lèvres pour trouver un terrain d'entente. Les libéraux tiennent à ce que la discussion publique se fasse dans un forum parlementaire. Chez les péquistes, on estime qu'une commission parlementaire contrôlée à majorité par le Parti libéral du Québec, la Coalition avenir Québec et Québec solidaire teintera le débat d'une partisanerie inconvenante.
«Je pense qu'on est un Parlement, c'est normal qu'on puisse trouver des formules parlementaires pour faire notre travail, a rétorqué le leader libéral Fournier. Si le PQ plaide qu'on devrait fermer les portes du parlement parce qu'on ne peut pas faire de débats d'enjeux publics, qu'on ne peut pas entendre d'experts, je pense que ça ne se tient pas.»
Le PQ veut évacuer le cas particulier du député Péladeau du débat pour le faire porter sur l'indépendance journalistique et la liberté de presse en général. Il suggère que le comité de travail soit composé de membres choisis par le Conseil de presse du Québec, la Tribune de la presse parlementaire et chacun des trois partis reconnus en chambre.
La motion des libéraux «a un seul but, c'est de s'attaquer à Pierre Karl Péladeau et d'exclure par des voies détournées un adversaire du Parlement, a affirmé M. Bédard. Je trouve ça triste qu'on en soit rendu là.»


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