LE SCAN POLITIQUE - La présidente du Rassemblement national voit dans le discours du chef de l’État une stratégie «s’engager clairement dans la campagne présidentielle».
En matière d’immigration, Marine Le Pen ne veut pas laisser le champ libre à Emmanuel Macron. Lundi soir, devant les parlementaires de la majorité (LREM-MoDem), le chef de l’État a tenu un discours inédit sur la question migratoire. Il a notamment demandé à ses troupes de «regarder de face» les problèmes liés à ce sujet. «Les bourgeois n’ont pas de problème avec cela, car ils ne les croisent pas. Le progressisme qui n’existerait que dans le champ bourgeois est voué à mourir», a-t-il déploré. Avant de constater que «les flux d’entrée n’ont jamais été aussi bas en Europe et les demandes d’asile jamais aussi hautes en France». «Je crois en notre droit d’asile, mais il est détourné de sa finalité par des réseaux, des gens qui manipulent», a-t-il enfin souligné, appelant ses troupes à «dépasser les clivages et les tabous».
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«Je pense qu’Emmanuel Macron ne fera rien»
La réaction de Marine Le Pen, dont le parti a fait de l’immigration son thème fétiche depuis plus de quarante ans, ne s’est pas fait attendre. Invitée sur RMC/BFMTV mardi, la présidente du Rassemblement national est revenue sur les propos du chef de l’État. «Ça fait deux ans et demi qu’il n’a rien vu, ni écouté», a-t-elle souligné. «Nicolas Sarkozy avait fait la même chose. Il s’était saisi de ce débat sur l’immigration lorsqu’il était candidat et puis on a bien vu ce qui est arrivé lorsqu’il est arrivé au pouvoir. Je pense qu’Emmanuel Macron ne fera rien», a poursuivi Marine Le Pen.
L’ancienne candidate à la présidentielle a également déploré que les députés RN ne puissent pas - faute de groupe parlementaire - participer au débat sur l’immigration à l’Assemblée nationale, le 30 septembre prochain. «Zéro seconde de temps de parole», a-t-elle fustigé. Pour autant, Marine Le Pen n’entend pas rester muette et met certaines de ses anciennes propositions sur la table. Parmi elles: l’organisation d’un «référendum» avec «des questions très simples», comme «oui ou non le droit du sol, oui ou non le regroupement familial, oui ou non la maîtrise à nouveau de nos frontières».
Le Pen «sur la ligne de départ» pour 2022
«Ce sont des questions auxquelles les Français ont le droit de répondre, ont le droit d’être interrogés, car ça fait trente ans qu’on mène une politique d’immigration qui est contraire à leur volonté», a-t-elle déploré. La présidente du RN avait déjà signé, en mai 2018, une même proposition de référendum, lancée à l’époque par Nicolas Dupont-Aignan, le président de Debout la France. Celle-ci contenait les questions du rétablissement des frontières, le vote de quotas annuels par le Parlement et la limitation de l’immigration familiale.
Marine Le Pen estime qu’Emmanuel Macron, par son discours, «s’engage clairement dans la campagne présidentielle». «Je me mets également sur la ligne de départ», a-t-elle prévenu. La présidente du RN se dit partante pour un nouveau duel contre le chef de l’État en 2022. «Pourquoi pas? Pourquoi il faudrait à chaque élection des figures qui soient obligatoirement nouvelles?», a-t-elle demandé. Si elle attend de voir quelle personnalité son «camp choisira pour rassembler le plus possible», Marine Le Pen prévient: «Moi je suis là. Je suis toujours là pour défendre les intérêts des Français».