«Il y a un problème», reconnaît Pelletier; «Bon, ben, go, go, go!» réplique Lemieux

17 avril 1982 - la Loi sur le Canada (rapatriement)


par Paul Roy - Pendant qu'à Québec, les fédéralistes-autonomistes se chicanent sur l'opportunité de rouvrir le débat constitutionnel - en ce 25e anniversaire de l'adoption sans le Québec de la Constitution canadienne -, les souverainistes, eux, observent le tout avec un regard amusé.
«La balle est dans leur camp, dit la députée péquiste de Bourget, Diane Lemieux. On n'est pas quelques années après, on est un quart de siècle après! Ils n'arrêtent pas de parler de fédéralisme d'ouverture, d'autonomie Bon, ben, go, go, go! Allez-y! Go!»
En entrevue téléphonique, hier, le ministre des Affaires intergouvernementales Benoît Pelletier a accusé le chef adéquiste Mario Dumont de «faire preuve d'une témérité spectaculaire au détriment des intérêts supérieurs du Québec» quand il propose de rouvrir le débat sur la Constitution.
Le week-end dernier, à Trois-Rivières, M. Dumont avait dit souhaiter des changements constitutionnels pour «réparer l'erreur de 1982».
«Ça ne change rien à notre propre plan de match», dit le ministre Pelletier, qui répète depuis plusieurs mois que «le fruit n'est pas mûr» pour des discussions constitutionnelles.
« Que faudrait-il pour qu'il mûrisse?
- Ce qu'on a cherché, nous, c'est de faire en sorte que les Québécois aient des réussites. Par des voies non constitutionnelles, par des ententes comme celle sur l'UNESCO, où il y a reconnaissance du rôle international du Québec; par l'entente sur la santé, où il y a eu reconnaissance du fédéralisme asymétrique; par la reconnaissance par la Chambre des communes du Canada que les Québécois forment une nation; par le règlement en partie du dossier du déséquilibre fiscal»
Mais le ministre Pelletier est le premier à admettre qu'il y a un problème. «Vous avez là une société qui représente 23 % de la population canadienne, qui est une des sociétés fondatrices du Canada et qui n'adhère pas à un texte constitutionnel qui est majeur. Politiquement parlant, il y a un problème. Et c'est ce problème-là qu'il va falloir un jour régler par une réforme constitutionnelle globale.
- Voyez-vous poindre ce jour?
- Je ne sais pas comment les choses vont évoluer, au Canada, dans les prochains mois, les prochaines années. Mais il serait sain que l'on recommence à parler du dossier constitutionnel, sans que ce dossier-là ne soit pas marqué d'un tabou.
- Vous y pensez à moyen terme, à long terme?
- Je ne suis pas capable de le dire, c'est un contexte qui évolue très rapidement. Je constate cependant qu'en 2007, plusieurs provinces vont être en élections. Donc, ça rend les choses plus compliquées. Ça dépendra de notre évaluation du contexte et des alliés que nous aurons également.»
De son côté, la péquiste Diane Lemieux dit comprendre difficilement que des fédéralistes québécois tolèrent, après 25 ans, que le Québec ne soit toujours pas signataire de la Constitution canadienne. «C'est sûr que la Constitution, ma mère ne me parle pas de ça tous les jours. Mais c'est comme un contrat de mariage, c'est un document fondateur, qui lie les uns aux autres, qui gouverne la vie des gens Personne n'est mort (de la non-signature du Québec), mais c'est extrêmement malsain, tout le monde prend des détours pour contourner le problème.
- Vous, ça fait votre affaire?
- On ne peut pas se réjouir de choses comme ça, honnêtement. Nous, on a une option. On a fait une proposition aux Québécois et on comprend qu'à court terme, ils aient moins le goût d'aller dans cette direction-là. Mais les fédéralistes occupent les deux tiers du Salon bleu. Et ils vont passer à côté de ça (la réforme de la Constitution)! Ben là, si les fédéralistes le font pas, qui va le faire?»


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