«Il y a trop de roitelets à Montréal»

Pour Gilbert Rozon, la structure de gouvernance à Montréal est trop lourde. Pour la changer, «il faudrait que des gens influents fassent front commun pour revendiquer des changements à Québec»

Le français — la dynamique du déclin



Pour Gilbert Rozon, la structure de gouvernance à Montréal est trop lourde. Pour la changer, «il faudrait que des gens influents fassent front commun pour revendiquer des changements à Québec». Photo: David Boily, La Presse

Sara Champagne - Gilbert Rozon, grand manitou du Festival Juste pour rire, qui ne s'est pas gêné dans le passé pour critiquer le manque de leadership à Montréal, estime qu'il faudrait «couper dans le nombre d'arrondissements et recentraliser les pouvoirs à Montréal, comme le déneigement ou la collecte des ordures».
«Il y a trop de petits royaumes et trop de roitelets à Montréal, a déploré M. Rozon, lors d'un entretien avec La Presse. La structure de gouvernance est trop lourde. Mais pour y parvenir, il faudrait que des gens influents fassent front commun pour revendiquer des changements à Québec. Sincèrement, je ne voudrais pas être dans les souliers du maire Gérald Tremblay. Je le crois sincère dans ses démarches.»

L'homme d'affaires, tout comme Normand Legault, promoteur du Grand Prix du Canada, ont parlé en ce sens, hier, dans le cadre du congrès de l'Association des économistes du Québec (ASDEQ), qui se termine aujourd'hui, au Hilton du centre-ville. Ni l'un ni l'autre n'ont l'intention de briguer la mairie de la métropole aux prochaines élections. Mais à travers leur loupe d'hommes d'affaires, ils s'entendent pour dire qu'il faut agir pour rendre la ville plus fonctionnelle.
«Je ne suis pas un expert en la matière, mais il me semble que je couperais dans le nombre d'élus. Il y en a trop», a dit Normand Legault, faisant référence aux 105 élus de la Ville de Montréal.
Quant à un éventuel retour du Grand Prix à Montréal, il ne dit pas non à l'idée d'en être de nouveau le promoteur, mais il ne dit pas oui non plus. Cela dépendra des conditions, a-t-il précisé.
«J'ai parlé à quelques reprises à Bernie Ecclestone, au cours des dernières semaines, il connaît mon point de vue. Je pense que Montréal a sa place dans le calendrier du championnat.»
Mettre à profit le bilinguisme
Sur le thème «le bon» et le «moins bon» de Montréal, les deux hommes ont animé un débat au cours du congrès, en après-midi, qui devait accueillir en soirée le maire Gérald Tremblay, pour prononcer un discours. Les autres spécialistes invités, dont Richard Florida, économiste américain de renom, qui estime que le moteur d'une ville passe par sa «force créative», ont beaucoup parlé de l'importance de mettre à profit le bilinguisme à Montréal.
«Montréal se positionne très bien en termes de main-d'oeuvre créative selon diverses études, a dit M. Florida, après son discours sur la créativité. Elle doit maintenant capitaliser sur son bilinguisme. Et il faut voir Montréal non pas comme une ville, mais comme un ensemble, un tout avec les villes de Québec, d'Ottawa et de Toronto. Pour y parvenir, il est donc temps de mettre de l'avant un service de train à grande vitesse.»
Bilinguisme, créativité, importance de la présence de l'élite universitaire à Montréal, le chercheur Richard Shearmur, de l'INRS Urbanisation, Culture et Société, a pour sa part ramené les participants au congrès «sur le plancher des vaches», pour reprendre son expression, en soulignant qu'il n'y a pas qu'à Montréal que «les ponts tombent».
«Vous remarquerez que ceux qui disent que les universités sont importantes sont des universitaires, a-t-il ironisé. Je pense que la croissance économique d'une ville ne passe pas que par un bon produit intérieur brut (PIB). Si on veut une bonne croissance, il faut investir dans un bon système de garderie et d'études primaires et secondaires. Il faut aussi un bon système de transports en commun pour ceux qui gagnent leur vie en préparant nos sandwichs.»
M. Shearmur, de même que Daniel Gill, professeur d'urbanisme émérite de l'Université de Montréal, sont d'accord pour dire qu'une bonne façon de désengorger les autoroutes passerait aussi par une réorganisation des horaires de travail à Montréal.
«Pourquoi nos cours universitaires commencent à 9h le matin? a demandé M. Gill. Je ne sais pas pour vous, mais je peux très bien commencer ma journée à 10h et j'aurai accompli le même travail à la fin de la journée.»
COURRIEL Pour joindre notre journaliste: sara.champagne@lapresse.ca


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