Hypocrisie manitobaine

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« Aujourd’hui, le français y est moins parlé à la maison que le Tagalog, la langue des Philippines. »

L’hystérie canadienne autour de la loi sur la laïcité bat son plein. Après l’Assemblée législative ontarienne qui vote une motion de dénonciation, voilà maintenant le Manitoba qui tend la main aux « victimes » de la supposée discrimination québécoise.


Le premier des vingt et un atouts mis de l’avant par la publicité manitobaine pour attirer le Québécois éploré : « Nous parlons français ». Quel culot ! Le français régresse depuis des décennies dans la province. Je respecte et j’admire la résilience des communautés franco-manitobaines, mais il faut regarder la réalité.


Batailles judiciaires


À partir de 1890, avec le Official Language Act, plusieurs gouvernements du Manitoba se sont efforcés de faire disparaître le français de la sphère publique. Les Franco-Manitobains ont dû gagner pouce par pouce les droits dont ils bénéficient aujourd’hui. La victoire épique sur la gestion des écoles françaises obtenue grâce à la Cour suprême en 1993 nous rappelle l’ampleur des misères de cette petite communauté.


L’affaire Forest dans les années 1970 avait auparavant forcé le gouvernement de la province à accorder un certain respect aux droits des francophones. Cet homme d’affaires avait les moyens de se défendre devant les tribunaux. Une simple contravention unilingue en anglais est devenue prétexte à tester le droit des francophones. Le statut du français a été rétabli par la cour en 1979.


En tout respect, il faut reconnaître un changement de cap très récent. Depuis 3 ans, le Manitoba s’est même doté d’une nouvelle loi sur les services en français. On verra si ce changement d’approche permettra de réduire le taux d’assimilation. Entre 1950 et 2018, le taux d’assimilation dans la province a dépassé les 50 %. Aujourd’hui, le français y est moins parlé à la maison que le Tagalog, la langue des Philippines.


C’est donc ce Manitoba qui joue au donneur de leçons sur les droits des minorités ? Pas sérieux. Le premier ministre Pallister ne sait pas de quoi il parle.


Faussetés véhiculées


On pourrait d’ailleurs pardonner à la population du reste du Canada d’être dopée en ce qui concerne la loi 21 sur la laïcité. Leurs médias ont véhiculé tellement de faussetés. Même lors du débat des chefs en anglais, une journaliste a déformé la loi.  


Ils se font raconter une histoire de discrimination généralisée pour tous les employés de l’État. Une version loin de la réalité d’une loi qui demande uniformément aux personnes en autorité, sans discrimination de religion, de ne pas porter de signes religieux pendant l’exercice de leurs fonctions.


D’ailleurs, je mettrais au défi Brian Pallister de faire un référendum dans sa population. Pas sur la question « Devrions-nous commettre une horreur comme ces vilains Québécois ? » Posez la vraie question sur l’interdiction de signes religieux pour les personnes en autorité. Vous pourriez avoir une surprise dans votre propre province.


Pour le reste, si une personne ne peut pas vivre avec une loi sur la laïcité et salive en voyant l’offre du Manitoba... on vit dans un pays libre !