Hydro-Québec n'est pas à vendre

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Au Parti québécois, l'idée de privatiser Hydro-Québec a été accueillie comme une douche d'eau froide.


par Couture, Pierre - Avis aux intéressés, Hydro-Québec n'est pas à vendre. Point. Le gouvernement Charest n'a d'ailleurs pas l'intention d'en faire un enjeu électoral au cours des prochaines semaines.
"Ce n'est pas à l'ordre du jour, il n'y a aucune planification en ce sens", a souligné hier un porte-parole du bureau du ministre des Finances du Québec, Michel Audet.
Dans un rapport publié mardi, la très sérieuse Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) soutient que libéraliser le marché de l'électricité au Québec et dans le reste du pays serait une bonne affaire.
Propriété du gouvernement du Québec, Hydro-Québec a rapporté l'an dernier un profit net de 2,5 milliards $ sur un chiffre d'affaires d'environ 11 milliards $.
Dans son analyse intitulée Réformes économiques : objectif croissance, l'OCDE constate que dans la plupart des provinces canadiennes, la concurrence dans le marché de l'électricité est limitée et la propriété publique prédomine.
Or, la privatisation de ces sociétés d'État aurait pour effet d'augmenter la compétitivité, de hausser la croissance du produit intérieur brut (PIB) par habitant et de fixer les prix en fonction des mécanismes du marché nord-américain.
Au Parti québécois, l'idée de privatiser Hydro-Québec a été accueillie comme une douche d'eau froide. "Ce n'est pas à l'agenda. Ce serait complètement fou de vendre notre société d'État la plus rentable", a indiqué la critique de l'énergie et députée Rita Dionne-Marsolais.
Cette dernière signale que le réseau électrique québécois est déjà bien intégré à celui des États-Unis. "Ce n'est pas vrai que nous allons privatiser Hydro-Québec par la porte d'en arrière pour satisfaire l'envie de quelques gros investisseurs", a-t-elle fait valoir.
75 milliards $
Selon le professeur d'économie spécialisée en énergie de l'Université Laval Jean-Thomas Bernard, il serait surprenant de voir Hydro-Québec être privatisée dans un avenir rapproché. "Il n'y a pas un politicien qui va proposer cette idée. C'est trop controversé, pas assez vendeur", laisse-t-il entendre.
N'empêche. Le professeur estime que le réseau électrique d'Hydro-Québec et ses barrages ont une valeur d'environ 75 milliards $ sur le marché. "Et il y aurait des acheteurs", signale-t-il.
En cas de privatisation complète, les consommateurs québécois devraient cependant s'attendre à voir les tarifs d'électricité grimper. Actuellement, le kilowattheure est offert à 6,5 ¢ aux clients d'Hydro. "Ça pourrait facilement atteindre les 10 ¢", précise M. Bernard.
Plusieurs économistes ont par le passé avancé que le réseau d'Hydro pourrait toutefois n'être vendu que partiellement. Une vente de 30 % ou 40 % des éléments d'actif rapporterait ainsi de 25 à 30 milliards $.
Les revenus de Québec provenant d'Hydro seraient aussi amputés de ces mêmes 30 % ou 40 %, par contre, mais les intérêts sur la dette de la province (environ 121 milliards $) seraient réduits.
Au début des années 2000, des études commandées par le ministère des Finances du Québec suggéraient notamment de vendre la filiale TransÉnergie d'Hydro-Québec. À l'époque, la valeur de cette filiale était estimée entre trois et huit milliards de dollars.
En 2003, le premier ministre d'alors, Bernard Landry, avait d'ailleurs émis la possibilité de vendre 10 % de la société d'État à ses employés. Devant le peu d'enthousiasme suscité par cette idée, il avait vite relégué sa proposition aux calendes grecques.
pcouture@lesoleil.com


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