Dans le restaurant madelinot Les Îles en Ville, un des plus sympathiques de Verdun, j’assistais récemment au 91e anniversaire de notre chanteur-compositeur légendaire Raymond Lévesque. Aura-t-il droit un jour à une muraille aussi monumentale que celle de Leonard Cohen à Montréal ?
Oui, ces derniers jours, je voyais l’immense œuvre en hommage à Leonard Cohen. J’entendais aussi à la télévision ma collègue Denise Bombardier tenir tête à l’adversité bien-pensante avec son habituel aplomb.
Devant Raymond Lévesque en route vers la centaine et malheureusement sourd comme Beethoven, je me suis dit : « Voilà un géant qui, lui, se fera peut-être oublier... Sa carrière illustre n’a pas conquis les États-Unis, contrairement à Cohen, et il n’a pas le naturel combatif et flamboyant d’une Bombardier. » Heureusement que la chanteuse Marie-Josée Longchamps porte l’œuvre de ce géant sur ses épaules depuis une dizaine d’années.
Colonisés
Saviez-vous que la chanson Quand les hommes vivront d’amour a été traduite dans 12 langues ?
Saviez-vous que c’est l’acteur américain francophile Eddie Constantine qui a le premier chanté et propulsé mondialement ce titre devenu universel ?
Saviez-vous que lors de la chute du mur de Berlin, en 1989, cette même chanson dans sa version allemande a joué à la radio des deux côtés tandis que les gens se tenaient la main ?
Bien sûr que nous ne le savons pas puisque nous sommes des colonisés qui ne veulent rien retenir !
Simplicité
Quand nous avons fondé le Parti québécois dans l’aréna Maurice-Richard, en 1968, l’annonceur a présenté Raymond Lévesque, invité d’honneur, juste avant le chef du parti... Nous l’avons applaudi copieusement. Lui, avec son chapeau et son air innocent, avait blagué : « Non, vous vous trompez. Moi, c’est Raymond, pas René. »
Raymond Lévesque n’a pas l’impétuosité d’une Denise Bombardier ou le charisme suave d’un Leonard Cohen, ni les millions d’une reconnaissance anglo-saxonne. Saurons-nous honorer cet humble ?