Réaction du Parti québécois aux explications de l'ancien numéro un de la Caisse de dépôt et placement

H.-P. Rousseau suscite plus de questions qu'il n'apporte de réponses

L'opposition officielle réclame la tenue d'une commission parlementaire spéciale

L'affaire de la CDP - le cas Henri-Paul Rousseau

Robert Dutrisac - Après les explications d'Henri-Paul Rousseau qui sont apparues insuffisantes, une commission parlementaire sur la Caisse de dépôt s'impose plus que jamais, clame l'opposition.
Québec -- Henri-Paul Rousseau, ancien président et chef de la direction de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), a laissé davantage de questions en plan qu'il a fourni de réponses, ce qui rend essentielle la tenue d'une commission parlementaire, juge l'opposition officielle.
François Legault, porte-parole du Parti québécois en matière de finances et député de Rousseau, estime qu'Henri-Paul Rousseau «a choisi de nous parler de certains sujets, de nous parler de certains chiffres, mais les questions importantes n'ont pas été abordées».
Ainsi, M. Rousseau n'a pas expliqué pourquoi la Caisse, pour les cinq années terminées le 31 décembre 2008, a connu des résultats pires que ceux de ses pairs dans 11 de ses 15 portefeuilles, a déploré M. Legault. Le financier, qui a écourté son mandat à la Caisse pour passer à Power Corporation, n'a pas non plus expliqué les pertes de 3,7 milliards encourues par le portefeuille immobilier de la Caisse, ni les deux milliards engloutis dans l'activité de répartition de l'actif, a signalé M. Legault.
Henri-Paul Rousseau a toutefois confirmé un fait important aux yeux de M. Legault, soit qu'il n'y avait pas de plafond, dans la gestion des risques, pour les titres présumément liquides comme les papiers commerciaux adossés à des actifs (PCAA). «La Caisse a accepté de prendre des risques pour faire des rendements plus élevés dans les bonnes années [...], et ça, M. Rousseau le nie et nous parle même de diversification», a déclaré le député. Il a dit être surpris que la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, n'ait pas été informée de la catastrophe qui est survenue dans les marchés à la mi-octobre et qu'a évoquée M. Rousseau.
François Legault a aussi remis en cause la conception que défend Henri-Paul Rousseau relativement à l'investissement de la Caisse au Québec. La proportion de ses investissements dans des valeurs québécoises est passée de 32 % en 2002 à 17 % en 2007, soit une somme de 37 milliards. L'actif relevant de la gestion de la Caisse a toutefois plus que doublé pendant cette période. Cette part d'actifs québécois dans l'avoir de la Caisse n'est pas suffisante, selon le député, et devrait atteindre 40 %. «Pour avoir parlé moi-même avec beaucoup de représentants des entreprises, c'est rendu presque impossible pour les entreprises québécoises de faire affaire avec la Caisse de dépôt; les rendements attendus sont beaucoup trop élevés», a-t-il dit. En 2004, sous l'impulsion de M. Rousseau, le gouvernement a changé le mandat de la CDPQ en mettant l'accent sur le rendement plutôt que sur le développement économique du Québec. Les deux missions devraient être sur le même pied, juge François Legault.
Les membres de la Commission des finances publiques, présidée par le libéral Alain Paquet, se réunissent aujourd'hui à 17 heures pour statuer sur l'opportunité de tenir la commission parlementaire tant réclamée. Vendredi, M. Legault a proposé qu'on tienne, dans un premier temps, une commission parlementaire le plus rapidement possible pour entendre le président du conseil d'administration de la Caisse, Pierre Brunet, et le président par intérim, Fernand Perreault. Puis, dans un deuxième temps, une fois le rapport annuel de la CDPQ rendu public, pourraient avoir lieu des auditions publiques d'experts, d'anciens dirigeants de la Caisse, de déposants et de la ministre des Finances. Monique Jérôme-Forget refuse de comparaître devant une commission parlementaire, proposant plutôt, pour ce vendredi, une interpellation à l'Assemblée nationale.
L'Action démocratique du Québec se voulait, hier, pacificatrice. Le parti se proposait comme médiateur entre le PLQ et le PQ. «Les Québécois méritent d'obtenir des réponses sur les déboires de la Caisse. Actuellement, la partie de bras de fer partisane entre le gouvernement et l'opposition officielle ne donne rien de constructif», a souligné Sylvie Roy, nouvelle chef intérimaire de l'ADQ.
Selon Québec solidaire (QS), Henri-Paul Rousseau devrait rembourser les primes et les bonis qu'il a reçus. «Malgré ses capacités de communicateur, le banquier qu'est M. Rousseau ainsi que tous ceux qui partagent sa culture de rendement maximal n'ont plus la légitimité nécessaire pour se prononcer sur la mission que devrait remplir la Caisse», estime Amir Khadir, député de Mercier. D'après QS, une commission d'enquête indépendante, sur le modèle de la commission Gomery, s'impose.


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