Fuites de documents de la Sécurité publique: deux hauts gradés de la SQ réclament l’action de Québec

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Affaire Guy Ouellet : les policiers accusés se défendent

Deux hauts gradés de la Sûreté du Québec (SQ) réclament une intervention urgente du gouvernement pour que cesse le coulage dans les médias de documents qui appartiennent à la police et au ministère de la Sécurité publique. Des fuites qu’ils considèrent illégales.


Caroline Grenier-Lafontaine et son conjoint André Boulanger ont retenu les services de l’avocat Guy Bertrand pour les défendre dans toute la saga des fuites de documents à l’Unité permanente anticorruption (UPAC).


Le bureau d’enquête du Journal de Montréal et du Journal de Québec révélait jeudi dernier que Mme Grenier-Lafontaine est soupçonnée d’avoir orienté faussement l’enquête ayant mené à l’arrestation du député Guy Ouellette, en octobre 2017.


Me Bertrand évalue que les documents qui ont été photographiés et qui accompagnement l’article sont hautement confidentiels et sont normalement consultés par une poignée de personnes seulement. Qu’un document d’allégation criminelle provenant du ministère de la Sécurité publique sorte dans les médias, «c’est la première fois au Québec que ça arrive», croit Me Bertrand, qui qualifie cette fuite «d’opération de destruction massive». 


Jeudi, ses clients ont réagi en faisant parvenir une lettre au premier ministre François Legault, ainsi qu’à la ministre de la Sécurité publique Geneviève Guilbault et à la ministre de la Justice Sonia Lebel. 


Cette lettre, transmise par Me Bertrand à des médias, réclame que le gouvernement «prenne toutes les mesures nécessaires» pour faire cesser ce type de fuite au sein du ministère de la Sécurité publique. «C’est votre responsabilité de trouver le ou les coupables», écrit l’avocat au premier ministre. 


Mme Grenier-Lafontaine est convaincue que des infractions criminelles ont été commises afin d’obtenir le document d’allégation criminelle et elle demande l’ouverture d’une enquête. 


Enquêteur indépendant?


Me Bertrand espère que le gouvernement nommera un enquêteur indépendant pour faire la lumière dans cette affaire. Selon lui, la personne qui a coulé les documents pourrait être accusée de vol, de fraude, d’entrave à la justice et d’outrage au tribunal. 


L’avocat considère également que les journalistes et les médias n’ont pas le droit de publier de tels documents, s’ils savent ou devraient savoir que ces éléments d’enquête ont été obtenus frauduleusement. «On examine tous les recours possibles», indique-t-il. 


Pour Me Bertrand, de telles fuites ont pour effet de saper l’autorité judiciaire et la crédibilité des policiers. «Ça respire beaucoup la vengeance.»


Ses clients, qui ont été affectés à des tâches administratives au sein de l’UPAC, sont présentement en congé de maladie. «On sait plus à qui s’adresser pour avoir du secours. Parce que manifestement à l’intérieur, les gens pensent que c’est nous, les coupables», indique l’avocat, en parlant au nom de Mme Grenier-Lafontaine et de M. Boulanger. 


André Boulanger était le bras droit du directeur de l’UPAC Robert Lafrenière, avant que celui-ci ne démissionne, alors que sa conjointe Caroline Grenier-Lafontaine dirigeait l’enquête Projet A, qui visait à trouver les personnes à l’origine des fuites de documents à l’UPAC. L’enquête Projet A a mené à l’arrestation du député Guy Ouellette, qui n’a finalement jamais été accusé. 


M. Boulanger est celui qui a donné le feu vert à l’arrestation du député Ouellette. Il a toujours nié avoir piégé M. Ouellette ou l’avoir intimidé, défendant fermement les techniques d’enquête de l’UPAC. 


Amélie Paquet, l’attachée de presse de la ministre de la Sécurité publique Geneviève Guilbault, confirme au Soleil que le gouvernement a bel et bien reçu la lettre de Me Bertrand. «Nous prendrons le temps d’analyser. Nous ne commenterons pas davantage.»




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