François Legault: nationaliste?

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« Mais il y a des limites à jouer au soumis fier de l’être. François Legault pourrait bientôt les franchir. »

François Legault, un jour, a fait un rêve : celui de devenir premier ministre. Il se pourrait bien qu’il se réalise. Si la tendance se maintient, il l’emportera le 1er octobre.


Mais plus il se rapproche de son objectif, et moins on comprend son nationalisme.


Retour aux origines de la CAQ.


Souveraineté


À ce moment, en 2011, Legault croit encore en la souveraineté, mais avoue qu’il ne croit pas la voir de son vivant. Il veut alors passer à autre chose. Il n’y avait rien à condamner là-dedans. C’était un choix stratégique compréhensible. Quelquefois, il faut cesser de s’acharner dans une quête où l’on échoue toujours. Elle peut devenir contre-productive.


Puis a commencé un long processus de conversion.


En 2012, il a déclaré qu’il voterait Non s’il y avait un troisième référendum. Autrement dit, il ne se contentait plus de ne plus espérer la souveraineté : il la combattrait si elle se présentait à nouveau comme possibilité.


Depuis, il s’est radicalisé. L’automne dernier, il se disait réconcilié avec le Canada. À ce qu’on en sait, le Canada, de son côté, n’a rien fait pour se réconcilier avec le Québec et continue de le traiter comme une minorité ethnique folklorique. C’était une réconciliation à sens unique.


Puis dans une récente entrevue au West Island Blog, Legault a dit qu’il était temps qu’on cesse de parler de la souveraineté une fois pour toutes. Il fallait cesser de parler de ça à jamais. À jamais ? Vraiment ?


Il y a des manières plus élégantes de se renier que d’aller se coucher devant les anglophones les plus radicaux pour leur grappiller quelques votes. Faut-il vraiment rappeler la divergence objective entre les intérêts identitaires de la majorité historique francophone et ceux du West Island ?


Chose certaine, la CAQ n’hésite plus à brandir le drapeau canadien. C’est peut-être pour cela que les anciens péquistes qui le rejoignent sentent le besoin d’abjurer leur foi souverainiste d’hier.


Il y a quelques jours, Martyne Prévost, qui a été candidate pour le PQ à deux reprises, a annoncé, au moment de rejoindre la CAQ, qu’elle voterait Non s’il y avait un nouveau référendum.


La CAQ se voulait une coalition de souverainistes et de fédéralistes rassemblés pour débloquer le Québec. Elle ressemble de plus en plus à une coalition d’ex-souverainistes et de fédéralistes résolus unis pour remporter le pouvoir à tout prix.


Libéraux


Et pourtant, beaucoup de souverainistes voteront pour François Legault parce qu’ils misent sur lui pour se débarrasser d’un régime libéral toxique hostile aux francophones. Ils supposent même qu’au fond de lui-même, Legault demeure souverainiste, mais qu’il le cache par opportunisme.


Leur calcul ? La souveraineté n’est pas à la veille d’arriver, le PQ semble condamné à devenir un tiers parti, alors aussi bien voter pour la CAQ. Elle n’est pas inspirante, mais n’est pas repoussante.


Mais il y a des limites à jouer au soumis fier de l’être. François Legault pourrait bientôt les franchir.