Sébastien Ménard - Éducation - De plus en plus de parents se serrent la ceinture pour envoyer leurs enfants dans des établissements anglophones entièrement privés, au point où le nombre de ces écoles a augmenté de 75 % depuis cinq ans.
Des données obtenues par le Journal auprès du ministère de l'Éducation révèlent que 44 écoles privées non subventionnées étaient autorisées à offrir les services éducatifs en anglais «en tout ou en partie», l'an dernier.
Cela représente un bond de 19 établissements, par rapport à la situation qui prévalait en 2005-2006. Au même moment, le nombre d'écoles francophones privées non subventionnées a diminué.
En 2008, la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne s'était dite «inquiète» de la popularité grandissante de ces établissements privés, où ce sont les parents qui assument la totalité de la facture, contrairement aux écoles privées «traditionnelles» financées par l'État à hauteur de 60 %.
Pourtant, Michelle Courchesne et ses prédécesseurs Pierre Reid et Jean-Marc Fournier ont accordé pas moins de 37 nouveaux permis à autant d'écoles privées non subventionnées, au cours des cinq dernières années.
Quelques-unes ont fermé leurs portes, mais la majorité de celles qui opèrent toujours le font surtout en anglais.
Écoles Vision
Alors que les écoles publiques voient leur clientèle diminuer de façon constante, les établissements privés non subventionnés accueillaient l'an dernier 2 900 élèves de plus qu'il y a cinq ans.
Et la majeure partie de cette croissance était attribuable aux établissements anglophones. D'ailleurs, près de la moitié des 13 000 enfants inscrits dans ce réseau 100 % privé étaient scolarisés en anglais, en 2009-2010.
Invalidée par la Cour suprême l'an dernier, la loi 104, qui devait empêcher de passer par de tels établissements pour accéder en-suite à l'école publique anglaise, n'a visiblement pas découragé de nombreux francophones d'inscrire leurs enfants dans ces institutions anglophones 100 % privées, malgré les frais que cela engendre.
Le ministère de l'Éducation ne s'en cache pas et attribue d'ailleurs une partie du phénomène au réseau des écoles Vision, dont neuf établissements ont obtenu un permis distinct en 2006.
Ce réseau se targue d'offrir «aux enfants francophones un enseignement basé sur l'apprentissage des langues dans un contexte d'immersion.»
Déposé au début du mois de juin, le projet de loi 103, qui devrait remplacer la loi 104, n'inquiète pas les écoles Vision, bien au contraire.
«Le gouvernement a reconnu notre droit à poursuivre notre vocation distinctive de fournir un apprentissage plurilingue aux élèves», soulignent les dirigeants du groupe, dans un communiqué mis en ligne sur leur site Web.
Écoles évangéliques
Un autre phénomène pourrait expliquer la croissance du nombre d'écoles anglophones 100 % privées, selon la porte-parole du ministère de l'Éducation, Ahissia Ahua.
«En 2007-2008, huit écoles qui dispensaient des services éducatifs sans être titulaires d'un permis, dont les écoles évangéliques, ont régularisé leur situation», souligne-t-elle.
Ces «églises-écoles» évangéliques, qui basent une partie substantielle de leur «enseignement» sur un programme évangéliste texan, avaient défrayé la manchette en 2008 parce qu'elles accueillaient illégalement des élèves du secondaire.
Toutes détiennent un permis pour dispenser des services éducatifs en anglais.
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