"Flexibilité" constitutionnelle québécoise

Tribune libre

Wilfrid Laurier, grand homme en taille et en intelligence, est une leçon de flexibilité constitutionnelle québécoise, dans le temps : de Séparatiste à fédéraliste à séparatiste.
En février 1865, avocat âgé de 25 ans, Wilfrid Laurier vote des résolutions condamnant la Confédération, ruine du Bas-Canada, refusant la création d’une nouvelle nationalité parce que chaque race désire « conserver sa nationalité respective », demandant la consultation populaire.
Résultats ? Enthousiasme lors des réunions contre la Confédération, mais, à la Chambre d’assemblée du Canada-uni. Le 10 mars 1865, 91 députés, contre 33, donnent leur appui à la Confédération. Chez les députés canadiens-français, 26 l’approuvent, contre 22. Déception. Les jeux sont pratiquement faits. L’agitation se calme. Cruelle fin de la première phase des efforts de Wilfrid contre la Confédération.
Le 7 mars 1867, c’est au moment même où le projet de la Confédération est discuté à Londres, que Wilfrid écrit l’article le plus percutant. Ultime effort qui lui fait jeter les mots impitoyables. Pour mieux abattre la Confédération, il remonte encore jusqu’à l’odieux Acte d’Union et jusqu’à la clairvoyance du grand Papineau. Puis il avance la seule solution acceptable : la séparation pure et simple du bas-Canada.
Le jeune Laurier, adversaire si virulent de la Confédération, sera, vingt ans plus tard, le chef d’un parti voué à la consolidation de cette Confédération, à commencer par la ruine possible du Bas-Canada.
En 1887, il devint chef du parti Libéral et aux élections de 1896, son parti défit le gouvernement Conservateur bien cantonné depuis longtemps. Le nouveau Premier ministre du Canada gardera le pouvoir pendant 15 années suivantes, un fait sans précédent.
Il avait le sentiment que, grâce à ces principes, les Canadiens de toute origine pourraient vivre en harmonie dans un même pays.
En 1911, Wilfrid Laurier est défait aux élections. Plus tard, il remettra son orientation politique et sa carrière en question. Il affirmera même qu'il éprouve le sentiment que la seule patrie des Québécois se trouve à être le Québec, car les Canadiens-Français n'ont aucun droit ailleurs. À cette époque, le Québec représente 27,8% de la population canadienne. Laurier est mort le 17 février 1919. Il avait été député pendant quarante-cinq ans.
Gilles Bousquet


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5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    31 janvier 2011

    Quel "grand homme" ce Laurier ?/!*
    L'"oscillateur" :
    « Les yeux rivés sur l'unité de son parti et sur le pouvoir, il multiplia plutôt les manoeuvres pour embarrasser les conservateurs qui, divisés, furent obligés de désigner le vieux sir Charles Tupper à la tête de leur formation pour ramener un tant soit peu l'unité. Le 11 février 1896, ils soumirent aux Communes un projet de loi réparatrice qui visait à rétablir en principe et en pratique les écoles séparées au Manitoba. Leur geste fut courageux et généreux. Laurier, oscillant, se posa cependant en défenseur des droits provinciaux et en symbole de l'espoir de la minorité. Il proposa le renvoi dans six mois de l'étude du projet et il s'employa à prolonger indûment le débat en utilisant l'obstruction systématique, ce qui tua le projet de loi. Le 16 avril 1896, Tupper le retira dans des scènes indescriptibles. Plus opportuniste que grand, laissant pantois les leaders de la minorité qui imaginèrent la trahison...»
    Référence :
    http://echo.franco.ca/index.cfm?Voir=attachement_pop&Id=1763&Repertoire_No=2137985646
    Le "xénophobe" :
    « Quant aux pays d'où peut venir l'immigration, je choisirais tous les pays de race caucasienne. Les difficultés viendront des races asiatiques. Le mélange des races caucasiennes produit généralement de bons résultats, mais le mélange asiatique, qu'il soit Chinois, Japonais ou Hindou, tend sensiblement vers la détérioration de l'espèce.»
    Référence ;
    http://archives.vigile.net/racisme/laurierpelletier.html

  • Archives de Vigile Répondre

    31 janvier 2011

    M. Hastings, vous écrivez : «De la "flexibilité" à la "compromission" ?/ !* »
    J’ai écrit : «une leçon de flexibilité constitutionnelle québécoise, dans le temps : de Séparatiste à fédéraliste à séparatiste.»

    Sir Wilfrid Laurier était flexible de la constitution, à cause de ses changements de cap contre et pour et contre la « confédération ». Pour se maintenir à la tête du Pari Libéral et comme Premier-ministre du Canada, il devait, sans doute, y aller de concessions contre ses désirs profonds sur les besoins de ses compatriotes canadiens-français.

    M. Laurier a autant été admiré par les Canadiens-français que par les Canadiens-anglais, chaque « race » comme ils disaient dans le temps, à tort ou à raison, a semblé y trouver son compte.
    Si nous cherchons suffisamment, nous pouvons trouver des « compromissions » chez tous nos chefs politiciens francophones qui ont siégé à Ottawa ou à Québec. La vie ne peut pas passer sans compromis et, quelquefois, des compromissions qui peuvent changer de camps de temps en temps, selon les forces de chacun, à chaque occasion. Même, M. Henri Bourassa, du Devoir, un bon nationaliste, qui s’est souvent opposé à M. Wilfrid Laurier, n’y échappe pas.
    Soyons plus compréhensifs envers nos grands chefs d’État en leur pardonnant certaines faiblesses dont nous sommes tous affublées.

  • Archives de Vigile Répondre

    31 janvier 2011

    De la "flexibilité" à la "compromission" ?/!*

    Laurier le "flexble". M. Bousquet, svp, lisez la dernière phrase de cette citation :
    « La contribution de Laurier au développement du Canada apparaît patente. Sous son règne, le pays a continué son industrialisation et son urbanisation tout en se renforçant de deux nouvelles provinces et de deux millions de nouveaux habitants. Politicien habile et éloquent, une vraie légende de son vivant malgré les oppositions qu'ont soulevées ses politiques, Laurier a suscité les jugements les plus divers. Pour les uns, il est le successeur spirituel de J.A. Macdonald qui a su poursuivre et consolider l'oeuvre de la Confédération. Pour d'autres, il incarne l'homme qui, au nom de l'unité nationale et des nécessaires compromis, a trop souvent sacrifié les intérêts des Canadiens français catholiques au profit de ceux d'une majorité peu entichée de l'idéal des Pères de la Confédération. Pour d'aucuns, enfin, il représente celui qui a trop souvent gouverné le pays et son parti en fonction du Québec. Les actions de Laurier au cours de ses 45 années passées à Ottawa permettent l'expression de chacune de ces opinions bien que la dernière soit davantage contestable. »
    Réal Bélanger, historien
    Référence :
    http://www.thecanadianencyclopedia.com/index.cfm?PgNm=TCE&Params=F1ARTF0004558

  • Archives de Vigile Répondre

    30 janvier 2011

    M. Julien, vous avez raison de souhaiter de solides études en histoire québécoises et canadiennes.
    Nous pouvons raisonnablement penser que, M. Laurier qui a donné son nom au Château Laurier et à l'important Boulevard Laurier, a été un précurseur aux René Lévesque, Pierre-Marc Johnson et Lucien Bouchard qui ont tous commencé à être souverainistes mais, devant le mur qu'ils ont vu se lever devant leur plan A, devaient ramer avec le système avec un plan B, en attendant des jours plus favorables qui ne sont pas encore venus.

  • Archives de Vigile Répondre

    30 janvier 2011

    En 1911, Wilfrid Laurier est défait aux élections. Plus tard, il remettra son orientation politique et sa carrière en question. Il affirmera même qu’il éprouve le sentiment que la seule patrie des Québécois se trouve à être le Québec, car les Canadiens-Français n’ont aucun droit ailleurs.
    Lorsqu'on lit ceci, on ne comprend pas pourquoi encore, les fédéraux continuent d'honorer Laurier et pourquoi les indépendantistes québécois n'ont jamais utilisé ce fait connu pour renforcir leur option.Continuons à ne pas enseigner l'histoire dans nos écoles. Nous sommes bien partis dans l'amnésie collective!