La grogne contre le Mouvement Desjardins causée par les fermetures de guichets et de comptoirs ne montre aucun signe d'essoufflement. Une coalition panquébécoise de défense des membres vient d'être créée et son porte-parole entend même réclamer la destitution du conseil d'administration de la Caisse de Kildare, dans Lanaudière, qui a décrété la fermeture prochaine de deux points de service.
Martin Malo, un musicien de Sainte-Marcelline-de-Kildare, était au nombre des citoyens de quatre régions du Québec qui se sont réunis à Québec le week-end dernier pour fonder l'Action Coalition pour notre Caisse Desjardins (ACCD).
Touchés par des fermetures de points de service ou sur le point de l'être, ces résidants de Lanaudière, de la Gaspésie, de Bellechasse et des Bois-Francs espèrent obtenir une rencontre avec la présidente du Mouvement Desjardins, Monique F. Leroux. «On ne réussira pas si on ne crée pas une faille quelque part dans un village. Si on réussit à destituer le conseil d'administration, ce sera une première au Québec et on va ébranler les colonnes du temple», dit M. Malo, président de l'ACCD.
Tendance lourde
La Caisse Desjardins de Kildare a décidé le mois dernier de fermer le 5 juin prochain ses points de service à Sainte-Marcelline et à Sainte-Béatrix, s'inscrivant ainsi dans une tendance lourde chez Desjardins. M. Malo allègue que lors d'une assemblée générale annuelle particulièrement houleuse, le 20 avril, la présidente du conseil d'administration, Isabelle Mireault, a abusé de ses pouvoirs et manqué à son devoir d'impartialité, en refusant notamment que l'assemblée puisse se prononcer sur les fermetures.
«Le conseil d'administration doit prendre les bonnes décisions pour l'organisation, affirme de son côté la présidente du C.A. Aujourd'hui, les gens font de plus en plus leurs transactions en ligne. Les chiffres prouvaient que les gens allaient de moins en moins au comptoir: 37 à Sainte-Marcelline et 80 à Sainte-Béatrix. On ne pouvait plus garder des immeubles pour si peu de gens.»
M. Malo tente présentement de réunir suffisamment de signatures pour forcer la tenue d'une assemblée générale extraordinaire dans le but de destituer le conseil d'administration. «On se fait des assemblées de cuisine. Les gens sont mobilisés: il y avait déjà 400 personnes à l'assemblée annuelle, alors on voit que les gens veulent garder leur caisse.» Entre-temps, il réclame qu'on sursoie aux fermetures.
Le président de l'ACCD est en contact régulier avec Claude Béland, qui a récemment déclaré dans une entrevue au Journal de Montréal que le Mouvement Desjardins, dont il a été le président de 1987 à 2000, avait «perdu son âme».
«Ça grenouille, dit-il. Depuis cinq ans, il ne se passe pas une semaine sans que je ne reçoive des courriels de membres insatisfaits», qui font appel à ses connaissances du mouvement coopératif.
Inévitables, les fusions de caisses qui se sont multipliées depuis 20 ans ont été généralement bien accueillies, dit-il. «Mais quand les fusions ont été négociées, on a fait des compromis pour maintenir des comptoirs ou des guichets. Or, après quelques années, on enlève des guichets. Et en plus, ils nous disent, ça ne vous regarde pas, ça concerne le C.A.»
Les témoignages souvent très similaires qu'il reçoit sur le déroulement d'assemblées générales où des fermetures sont annoncées portent M. Béland à croire que les consignes viennent d'en haut. «C'est comme si le message était écrit, comme si on avait formé les présidents de conseils d'administration», déplore-t-il.
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