Les Québécois utilisent-ils le mot juste?

Faut-il renommer notre «Assemblée nationale»?

La Croix et la Couronne ne sont pas à leur place

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Chronique de Jean-Pierre Bonhomme

L’éditorialiste Antoine Robitaille, du journal Le Devoir, a bien raison. Les symboles religieux de la monarchie britannique, qui se trouvent devant les députés, à «l’assemblée nationale» du Québec sont bien plus importants que le crucifix hérité de l’Occident chrétien.
Et si ladite assemblée envisage d’enlever le crucifix bi-millénaire situé au dessus du «trône» comme on le murmure – à la demande de l’Opinion – on ne voit pas pourquoi elle s’arrêterait en route et n’envisagerait pas d’en faire de même pour la Couronne centenaire. Car, dois-je le rappeler, la Couronne a bien plus de poids coercitif et imaginaire dans nos vies que la Croix. Cette Croix, plus ou moins romaine, après tout, n’a pas nui à l’existence de la Nation… et puis personne n’est obligé à aller à l’église ; tandis que si le citoyen vole une banque ou ne paye pas ses dettes, c’est cette même Couronne qui le poursuit jusque dans ses derniers retranchements. Robitaille, par ailleurs, l’a bien rappelé, il arrive que notre Couronne, oui, notre couronne, coiffe une religion, l’anglicane, ce qui n’a rien de bien laïque!
Je sais bien que, pour faire disparaître une Couronne, religieuse ou pas, il faut plus qu’un décret de Mme Marois. Il faut un changement constitutionnel après avoir écrasé les orteils de l’Empire britannique au grand complet. Ce n’est pas moi qui vais m’engager sur ce terrain- là. Au peuple, aux peuples de décider!
Toutefois je me demande si le Québec ne pourrait pas imaginer de concocter quelques accommodements de son cru pour ne pas avoir l’air trop ridicule aux yeux de l’opinion publique internationale. Par exemple le mot Assemblée nationale, que nous utilisons pour décrire la congrégation de nos députés est-il le mot juste?
Les Assemblées nationales, comme celles des États-Unis (le Congrès est une «assemblée nationale») et de France, sont nées de révolutions anti monarchistes ; elles sont nées pour passer au régime républicain, défaire les systèmes aristocratiques et séparer l’Église de l’État.
Ainsi il est inimaginable, pour un pays, de se faire gouverner dans une «assemblée nationale» coiffée d’une Croix et d’une Couronne. C’est une antinomie (oui j’ai regardé dans le dictionnaire)! Lorsque le nom de notre Hôtel du Gouvernement a été changé, à Québec – ce fut de mon vivant - M. Pierre Elliott Trudeau était au pouvoir dans l’Autre Hôtel, celui de l’Outaouais. Et même s’Il n’avait pas la réputation d’être un sans-culotte débridé il n’a pas formulé la moindre objection au changement qui s’opérait. Et pour cause! M. Trudeau savait bien que cette nouvelle appellation ne changeait rien à la réalité, aux faits : l’Assemblée nationale du Québec resterait bel et bien un Parlement à la britannique comme celui d’Ottawa ; et qu’il y avait des choses bien plus importantes dont il fallait s’occuper.
Pour faire honneur à la logique et à la clarté des idées, en ce cas, je n’ai pas de recette. Mais je me demande si, en attendant de résoudre la quadrature du cercle il ne serait pas bon de réunir nos députés dans un lieu symboliquement neutre, c’est-à-dire sans Croix ni Couronne. Actuellement il y a une couronne située sur le dossier du fauteuil du président de l’Assemblée nationale – pardon du Parlement! – et il y en a une autre, dorée, juste au dessus de l’actuel crucifix tant abhorré, sur le mur derrière. Nous ne le remarquons pas car nous avons intériorisé ce symbole royal ; tant et si bien que, lorsqu’un candidat à une fonction publique est élu par acclamation, on dit, chez nous, qu’il a été «couronné». Pas moi en tout cas!
En «neutralisant» symboliquement le lieu où nos députés adoptent des lois – celles qu’ils ont le droit d’adopter – nous ne changerions pas le système parlementaire. Mais peut-être cela permettrait-il à la nation de réfléchir à son destin sans arrière- pensée autoritaire, sans ange-gardien… Personnellement je respecte la volonté des Canadiens de culture anglaise de vivre en système monarchique. Cela représente une riche valeur pour eux. Mais peut-être ces derniers pourraient-ils s’accommoder du désir plus ou moins conscient des Canadiens de l’Autre culture, des Québécois, de s’approcher des valeurs républicaines. Il faudra une bonne dose d’ouverture d’esprit de part et d’autre pour arriver à une entente cordiale de cette nature, dans ou en dehors d’un système fédératif.
En attendant il faut se demander où remiser les symboles de la Monarchie et de l’Église. Je ne le sais pas précisément pour ma part. Je sais seulement qu’il ne faut pas mettre la Croix et la Couronne dans la boite à bois ou au grenier. Je sais seulement que faire de la Croix un symbole patrimonial n’est pas acceptable. Mieux vaut l’enlever carrément et réaliser ainsi la séparation de l’Église et de l’État ainsi que les Évêques québécois l’ont proposé. Je ne veux pas mettre mes amis chrétiens – ils sont nombreux à vouloir et à faire «le bien» - dans un musée. La transformation de la France en république n’a pas envoyé les catholiques au bucher et c’est très bien ainsi. Live and Let Live, comme disent nos amis de Londres.


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10 commentaires

  • Danièle Fortin Répondre

    13 novembre 2013

    Au risque de faire hurler ceux qui vénèrent l'Hôtel du Parlement à Québec de style Westminster, donc une copie réduite du Parlement d'Ottawa ( et, par extension, celui de Londres ),pourquoi un gouvernement du Pq ne mettrait-il pas en branle le projet de construction d'un nouvel édifice nommé autrement que "Parlement" ?
    Les Écossais n'ont pas un pays encore indépendant et pourtant en 2004 ils ont inauguré un tout nouveau parlement À LEUR IMAGE avec, incrustés au plafond dans le béton, différents symboles NATIONAUX comme la hache écossaise telle qu'utilisée par leur héros national, William Wallace. Nous pourrions faire de même avec NOS symboles nationaux en y ajoutant ceux des Premières nations. Des symboles de la présence anglaise ? Il n'y en a aucun dans le nouvel édifice des Écossais. pas de rose rouge et encore moins de symboles monarchiques, AUCUNE COURONNE ! Il y a cependant une croix celtique érigée à l'une des entrées. Aussi, la salle des représentants n'est pas aménagée en fonction du bipartisme propre au parlementarisme britannique mais en hémicycle, comme il convient de disposer les fauteuils des représentants dans les institutions à vocation dite démocratique. Fait à noter, le concepteur architecte est Enric Miralles, un Catalan.
    Voilà une façon de rendre réelle une lutte de libération nationale; de nous faire rêver et de nous donner le goût d'être fiers de notre souveraineté. Mais qui aura ce courage ? J'irais même jusqu'à souhaiter que nous changions de capitale nationale. Sachons nous pro-jeter dans ce que nous voulons de meilleur, sans égard à une autorité étrangère.
    « A Voice for Scotland »
    http://www.youtube.com/watch?v=zo9uznr0AlA
    -

  • Archives de Vigile Répondre

    13 novembre 2013

    Encore plus grave, au dessus de notre "Assemblée nationale" et sur tous nos édifices gouvernementaux provinciaux, flotte notre fleurdelisé, drapeau monarchiste et religieux. ( Monarchiste par ses 4 fleurs de lys, tirés de la royauté française guillotinée en 1793 et religieux par sa croix blanche, tirée de notre religieux Duplessis ).
    Notre fleurdelisé est exclusif, ne tenant aucune compte de nos Premières nations mais seulement des, de souche de France, devenus avec ce symbole européen, plus monarchiste que les Français.

  • Archives de Vigile Répondre

    13 novembre 2013

    Il y a aussi ces petits lions britanniques qui surveillent nos braves parlementaires. Ils sont situés tout autour de la salle de l'Assemblée, près du plafond.
    Par ailleurs, les limiers de Vigile pourraient toujours pousser plus loin leurs investigations et remarquer l'orientation de certaines des plus grosses pièces d'artillerie de la Citadelle...

  • Archives de Vigile Répondre

    13 novembre 2013

    Entre le «provincialisme» d'un souverainisme sans ambition et le tout ou rien d'Option nationale, il y a beaucoup d'espace pour quelque chose entre les deux. Cet article en fait l'illustration. Un gouvernement encore provincial (mais d'envergure nationale) peut commencer à déconstruire brique par brique des pans du statut provincial du Québec en s'attaquant d'abord aux symboles les plus impopulaires de son asservissement : la papesse anglicane et sa couronne.
    GV

  • Archives de Vigile Répondre

    12 novembre 2013

    Au texte de Francis Robillard, je souris.
    Ce n'est pas tout le monde qui peut le comprendre.

  • Serge Jean Répondre

    12 novembre 2013

    L'assemblée des douze nations du Québec peut-être? Ça ressemblerait plus à la vraie réalité il me semble.
    serge Jean

  • Alain Raby Répondre

    12 novembre 2013

    Suggestion de pétition :
    Nous, citoyens Québécois, demandons que tous les symboles de la monarchie britannique soit retirés de l’Assemblée nationale.
    Alain Raby

  • Archives de Vigile Répondre

    12 novembre 2013

    Il y avait ceux qui voyaient la monarchie comme quelque chose de romantique et ceux qui aiment se détester comme peuple qui étaient d'accord avec la venue au Québec du couple royal, William et Kate.
    Pour ma part, si on peut finir par en finir avec ce Canada qui nous étouffe toujours un peu plus chaque jour.

  • Archives de Vigile Répondre

    11 novembre 2013

    L'Assemblée Nationale?
    L'Assemblée Nationale de quoi? Toujours cette manie de singer le nom d'une institution française qui n'a rien a voir avec ce qu'il y a dans cette édifice louant la soumission des canadien-français à l'empire britannique et sa caste de la monarchie Frankiste http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacob_Franck anglisisé de Battenberg dit Mounbatten http://fr.wikipedia.org/wiki/Maison_de_Battenberg et de saxe-cobourg-gotha http://fr.wikipedia.org/wiki/Saxe-Cobourg_et_Gotha dit Windsor http://fr.wikipedia.org/wiki/Maison_de_Windsor "Je me souviens, sous la rose...", quelle farce! Encore aurait-il fallu que l'Assemblée Nationale du tiers État fut celle qu'elle prétend être, avec le concours des membres des "Neuf sœurs" http://fr.wikipedia.org/wiki/Neuf_S%C5%93urs, même là, la démocratie française et sa république ne furent que son détournement.
    Pour le Dominion of Canada, cette terre bénie par les United Empire Loyalists http://en.wikipedia.org/wiki/United_Empire_Loyalist avec le sang, la sueur et les taxes de nos ancêtres jusqu'à nous peuvent tolérer l'expulsion d'un crucifix, par trop catholique, mais les symboles de son appartenance au culte du diable, ce sera assez pour que l'ami de tout les Québécois, Roy Romanov, sorte des boules-à-mites pour nous menacer de nous envoyer (encore) sa petite armée de mercenaires casques vides canadians et collabos.
    Merci Monsieur Bonhomme de nous rappeler qu'il est plus qu'urgent de sortir ce crisse de crucifix, ce personnage, torse nu (Femens avant son temps), avec des clous sur une croix romaine, doit sortir au plus sacrant, avec tout ce qu'il permet, comme tous les objets de la monarchie sataniste anglaise. Après, peut-être que les femmes seront vraiment ce que l'on en pense au Québec, soit les égales d'hommes qui ne se prennent plus pour les représentant de l’ineffable stupidité hérité de la noirceur d'âges sans lumières.

  • Archives de Vigile Répondre

    11 novembre 2013

    C'est une question explosive. C'est pourquoi sans doute on aura remarqué que, fait rarissime, les commentaires n'étaient pas ouvert dans Le Devoir suite à cet article.
    Il va de soi que je suis entièrement d'accord pour qu'on se débarrasse de ce symbole, qui pour nous Québécois, n'en est qu'un d'oppression.