Fascisme en Hongrie - La peste

Crise de l'euro


Inquiétante Hongrie. Trois mois après la victoire électorale du Fiddesz, parti de droite-droite, combinée à la percée de Jobbik, formation inspirée par le nazisme, le visage politique du pays est aussi alarmant que troublant. Qu'on y songe: plus de 70 lois, dont une demi-douzaine destinées à amender la Constitution, ont été votées afin que la nation se mette au diapason d'un sombre passé. L'objectif? Venger le traité de Trianon de 1919. L'ambition rêvée? Récupérer les territoires accordés à la Roumanie, soit la Transylvanie, et à la Slovaquie. Bref, le premier ministre Viktor Orban et ses acolytes veulent reconstruire la «Grande Hongrie».
Pour parvenir à leurs fins, les autorités cultivent la nostalgie, pincent les cordes de la victimisation, prônent la «Révolution nationale». C'est tout juste si Orban et les siens n'évoquent pas l'espace vital. Parmi les politiques arrêtées, il y a celle-ci qui en dit long sur le délabrement idéologique du pays: les cinq millions de Hongrois vivant dans les pays voisins peuvent obtenir la nationalité hongroise s'ils font la preuve qu'un de leurs ancêtres, et un seul, était Hongrois. Pour faire le plein de nationaux, Orban a décrété qu'on pouvait remonter quatre générations en arrière. Quatre!
En Slovaquie, où là également le nationalisme est en vogue, la réaction a été aussi musclée que rapide. Si les Hongrois — ils sont 700 000 à vivre dans ces environs — adoptent la citoyenneté offerte par Orban, ils perdront leur passeport. Paradoxe des paradoxes, la Hongrie comme la Slovaquie font partie de l'espace Schengen où les individus peuvent circuler librement.
La volonté d'ajouter les Hongrois de l'étranger s'est accompagnée d'un chapelet de décisions qui, dans bien des cas, briment les droits élémentaires, brident le libre arbitre. Par exemple, lors des vacances scolaires, les jeunes auront l'obligation de visiter les territoires perdus en 1919, d'aller à la rencontre de leurs cousins hongrois. Cette décision, parmi d'autres, fait écho aux diktats imposés aux jeunes Allemands et Italiens dans les années 1930.
Simultanément à cette boulimie parlementaire, le gouvernement a pris un soin particulier à malmener l'appareil d'État de manière à le mettre à sa botte. Des centaines et des centaines de cadres ont été renvoyés sans motif, sans préavis, sans compensation financière. Comme Mussolini dans les semaines suivant son arrivée au pouvoir, comme Hitler suivant la sienne, Orban s'est employé à mettre à la tête des armées et des forces policières des personnes qui partagent ses vues. Ce qu'il a fait sur ce front, il l'a fait évidemment sur tous les autres: de la direction des impôts à l'autorité des marchés financiers, en passant par le secteur de l'énergie.
À l'égard des Roms, Orban a composé, on devrait dire imiter, les racistes du siècle dernier. Cela précisé, on aura deviné qu'une politique de ségrégation dans les écoles et dans les restaurants est en préparation. On tient à les déclasser davantage parce qu'ils sont considérés comme des êtres inférieurs. Le pire, dans ce drame qui se poursuit au coeur de l'Europe, c'est que les gouvernements du Vieux Continent laissent faire. Des fous furieux utilisent l'Histoire comme procureur du temps présent et personne ne réagit. C'est à pleurer!


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