Affrontement au Liban - Le chaudron

Géopolitique — nucléaire iranien



Au Proche-Orient, la tension vient de monter d'un cran, voire deux, après un échange de tirs sanglant entre militaires israéliens et libanais. Les premiers assurent avoir riposté aux tirs des seconds, ces derniers affirmant évidemment l'inverse. Chose certaine, cette escarmouche est de mauvais augure.
Depuis le début du printemps, les échos qui nous parviennent du Liban ont pour dénominateur commun la peur qu'une autre guerre éclate entre ce pays et Israël. On craint en effet que le billard à trois bandes qui se joue dans cette région du monde ne débouche sur un énième conflit. Billard à trois bandes? Les relations entre le Liban et Israël ne sont pas des relations entre deux États, deux acteurs, mais bien des relations triangulaires. Le troisième étant le Hezbollah.
Pour comprendre le fil tordu qui relie un geste à l'autre, un épisode au suivant, il faut se pencher sur l'enquête que mène le Tribunal spécial sur le Liban (TSL), mi-international, mi-libanais, sur l'assassinat de l'ex-premier ministre Rafik Hariri en 2005. Il se trouve que son fils Saad Hariri lui a succédé. Il se trouve également que ce dernier est le chef de file de la communauté des sunnites libanais. Bien.
Depuis qu'il est à ce poste, Hariri a fourni un soutien sans faille au TSL, allant jusqu'à sélectionner les avocats libanais qui y siègent. À plus d'une reprise, il a affirmé qu'il se rallierait aux conclusions du Tribunal et observerait les recommandations de celui-ci. Et alors? Au début du mois prochain, les auteurs du rapport vont communiquer les noms des individus qui ont tué le père de Saad. On sait déjà qu'ils sont membres du Hezbollah, qui, lui, faut-il le rappeler, défend avec beaucoup de vigueur les intérêts des chiites. Détail à méditer, ce Hezbollah armé, financé, instrumentalisé par l'Iran est la principale force politique du Liban, les autres ayant dispersé leur énergie à droite et à gauche.
Au vu des engagements pris par Hariri, il faut s'attendre à ce qu'il démette les ministres chiites de son cabinet et qu'il s'aliène du coup le président du parlement Nabih Berri, par ailleurs chef de la milice chiite Amal, et surtout le patron du Hezbollah Hassan Nasrallah. Tout récemment, celui-ci a martelé que jamais il ne livrerait les présumés responsables de la mort d'Hariri père pour la simple et bonne raison que le Tribunal obéit selon lui à... Israël! Autrement dit, les représentants de l'ONU ainsi que les avocats libanais nommés par le premier ministre Hariri obéissent au doigt et à l'oeil à Israël. Affligeant!
Toujours est-il que tout un chacun estime probable une guerre civile ainsi qu'un conflit avec Israël si jamais Hariri fait siennes les conclusions du Tribunal. Pour mesurer les dangers qui guettent le Liban, il faut s'arrêter maintenant à la rencontre, la semaine dernière à Beyrouth, du roi Abdallah d'Arabie saoudite et du président syrien Bachar al-Assad, qui considère encore et toujours le Liban comme la chasse gardée de la Syrie. Ce retour d'Assad dans la capitale confirme d'ailleurs qu'il est redevenu un acteur incontournable de la politique libanaise.
Au cours de cette rencontre, le Saoudien et le Syrien, proche de l'Iran, ont essayé tant bien que mal de régler leurs différends. Peine perdue. En effet, aucune solution à l'un des problèmes qui les opposent n'a été dévoilée. À la satisfaction de qui? Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad. En un mot, le Liban risque fort de se transformer encore une fois en un chaudron.


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