CRISE D'OCTOBRE

Excuses exigées pour avoir été jetée en prison en octobre 1970

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Trudeau fils s'excusera-t-il pour les actes de son père ?


Emprisonnée pendant la crise d’Octobre alors qu’elle était enceinte de sept mois, une écrivaine espère que le gouvernement fédéral reconnaîtra publiquement ses torts même si ça n’effacera pas les traumatismes collectifs et personnels.


« Les hommes politiques qui ont affirmé que les personnes arrêtées n’ont subi aucune violence, ils peuvent aller se rhabiller. Parce que subir un examen gynécologique en prison de la part d’un homme que tu n’as jamais vu de ta vie, c’est une sacrée violence », a souligné l’écrivaine Jocelyne Robert, en conférence de presse dimanche, à Montréal.






Il y a 50 ans, en réponse aux attaques du Front de libération du Québec (FLQ), un mouvement radical indépendantiste, le gouvernement fédéral a ordonné la mise en place de la Loi sur les mesures de guerre, octroyant aux forces policières le droit de fouiller des demeures ou d’arrêter des citoyens sans mandat. 


Au total, 497 Québécois ont été arrêtés sans justification. 


Parmi eux se trouvait Mme Robert, qui avait 22 ans à l’époque. Souverainiste à ses heures, elle avait pris part plusieurs fois à des manifestations du Parti québécois (PQ), pour qui elle travaillait autrefois.


Sans explication


Enceinte de sept mois au moment de la crise d’Octobre, elle n’adhérait cependant pas au mouvement du FLQ et avait perdu contact avec ses compagnons plus radicaux.


Or, le lendemain de l’entrée en vigueur de la loi, des policiers ont débarqué chez elle en début de soirée pour les arrêter, elle et son mari, sans explication. 


À deux reprises quelques jours plus tôt, ils avaient également surgi à son domicile avec des mitraillettes au beau milieu de la nuit pour fouiller son appartement, relate-t-elle.


« On se croyait dans un film [...] où nous aurions été des criminels épouvantables », se rappelle-t-elle, séparée de son mari pour être amenée vers la prison de Parthenais. 


« Je suis dans un état d’angoisse absolue [...] J’ai très peur d’accoucher en prison », relate celle qui était nauséeuse et effrayée.  


À la demande de ses compagnons d’infortune, un médecin vient finalement la voir pour estimer son état de santé et ses risques d’accoucher.


« J’ai pas le choix, il me fait un examen gynécologique pendant que je fixe un point au plafond sale, pendant qu’il me tâte [...] Ça me fait mal, il s’excuse », raconte-t-elle. 


Elle a finalement été libérée après 24 heures, probablement en raison de son état, croit celle qui a subi un choc post-traumatique. Sa fille est née plus de deux semaines en retard, en janvier 1971, et a été diagnostiquée avec un syndrome de Duane, une paralysie de l’œil.  


Excuses de Trudeau réclamées








« Il faut que [Justin] Trudeau s’excuse pour ce qui s’est passé à l’époque, estime pour sa part Frédéric Bastien, historien et candidat à la chefferie du PQ et qui était aux côtés de Mme Robert dimanche. Il doit nous donner accès aux documents de la crise d’Octobre. »


M. Basien, qui a fait de nombreuses demandes pour avoir accès aux archives de la crise d’Octobre, compte déposer une motion en ce sens à l’Assemblée nationale s’il est élu, le 9 octobre.




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