Et si le krach revenait !

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Tout le monde en parle (non, pas l'émission de Guy-A.)

Il y a deux types d'économistes. Ceux qui passent leur temps à se contredire et qui ont raison une fois de temps en temps, et ceux qui passent leur temps à dire la même chose, et qui ont raison une fois dans leur vie, en général pour prédire une catastrophe. Dans la catégorie des « Dr Doom », on peut citer le très new-yorkais Nouriel Roubini, qui en a fait un business florissant, ou encore l'économiste indien Raghuram Rajan, le premier à avoir vu venir la crise des subprimes aux États-Unis. Professeur à la Business School de l'université de Chicago et conseiller financier du ministre de l'économie indien, il a fait récemment une conférence à l'École d'économie de Paris pour présenter son dernier livre : "Fault Lines : How Hidden Fractures Still Threaten the World Economy."
LE FAIT D'ARMES DE RAJAN DATE DE 2005 lorsque, économiste en chef du FMI, il avait plombé l'ambiance lors de la réunion des banquiers centraux de Jackson Hole, la conférence estivale de la Réserve fédérale américaine, en mettant en doute la foi, à l'époque générale, dans l'autorégulation du capitalisme financier. Les événements ont ensuite donné raison à l'économiste indien et Alan Greenspan lui-même dû reconnaître qu'il y avait bien une faille dans le système.
Même s'il a déjà eu raison une fois auparavant, il mérite que nous l'écoutions à nouveau aujourd'hui, à l'heure où chacun tente de se rassurer en se disant que cela n'arrivera plus. Hélas, explique Rajan, si la réaction des banques centrales et des autorités de par le monde ont permis d'éviter à la planète une « Grande Récession » type années 1930, ce n'est pas la fin de l'histoire. Il pointe du doigt les nouveaux risques posés par la sortie des programmes de soutien mis en place pour éviter la crise. Selon lui, cela peut provoquer une nouvelle crise, car personne ne sait ce qui se passera lorsque les banques centrales cesseront d'inonder le monde de liquidités, comme c'est le cas actuellement aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Japon et sans doute dans les mois qui viennent en Europe, où l'on spécule sur une nouvelle baisse des taux de la BCE dès le 2 mai.
De prime abord, rien ne laisse prévoir un nouvel accident boursier. Aux États-Unis, les indices anticipent le retour de la croissance et dépassent les records de 2007. L'Europe est plus en retard sur le plan boursier, mais la bulle est obligataire avec des taux historiquement au plus bas. Le taux des emprunts d'État est de 1,25% en Allemagne et de 1,75% en France, et cela se répercute sur le coût des emprunts des entreprises privées. Mais de premiers craquements commencent à faire vaciller la finance. Les signaux restent encore éparpillés et produisent un brouhaha plus qu'un bruit continu, comme c'est toujours le cas avant les krachs.
PREMIER CRAQUEMENT, L'OR, qui vient de chuter à 1.400 dollars l'once, avec un plongeon de 9% la seule journée du 15 avril, « lundi noir » du métal précieux. Le record de 1.888 dollars de la fin de 2011 est loin. Deuxième craquement, le pétrole, avec un baril de Brent qui vient de repasser brutalement sous les 100 dollars. Rien que de très normal pourrait-on penser, la chute de l'or corrige un excès spéculatif et reflète les pressions déflationnistes à l'œuvre. Et celle du pétrole s'explique par la faiblesse de la croissance occidentale. Mais alors comment expliquer la flambée des indices boursiers? Le paradoxe est patent.
LE TROISIÈME CRAQUEMENT n'est pas forcément inattendu mais il vient rompre un consensus assez bien ancré, celui de l'eldorado des nouvelles technologies. Il s'agit bien sûr du krach, car c'est bien ce qui s'est produit, de l'action Apple. Après dix ans de croissance frénétique, la « pomme » a du mal à se relever du décès de son fondateur mythique, Steve Jobs. Son cours a déjà chuté de 40% par rapport à son plus haut (700 dollars) et le charme semble rompu. Apple, qui a inventé un objet devenu tellement indispensable qu'il a été copié et égalé, est en train de se banaliser, faute de nouvelles innovations.
Alors, l'or, le pétrole, Apple, premiers signes annonciateurs d'un krach qui vient? Il faudrait poser la question à Raghuram Rajan! On pourrait aussi citer parmi les avertissements les mini « flash-krachs » du Bund (obligations d'État allemandes) sur les rumeurs d'une dégradation du AAA de l'Allemagne et de Wall Street suite à un piratage du compte Twitter de l'agence AP Dow Jones. Ou alors, la chute des prix de l'immobilier en France, dont personne ne veut croire qu'elle sera forte. Et se rappeler l'adage boursier qui veut que les arbres ne montent jamais jusqu'au ciel !


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