Et si Doan disait vrai?

Dans le cas d'un "fucking jews", Pratte écrirait-il le même texte sans broncher ?



Les patrons de Hockey Canada comparaissent aujourd'hui devant un comité de la Chambre des communes pour expliquer la nomination de Shane Doan comme capitaine de l'équipe qui représente le Canada ces jours-ci aux championnats du monde. Cette affaire, qui dure depuis un an et demi, est devenue plus politique que sportive.
Lors d'une partie disputée en décembre 2005, Doan aurait lancé aux arbitres francophones: «Fucking French, did a good job!» Doan a été puni pour 10 minutes. La Ligue Nationale de Hockey l'a ensuite exonéré de tout blâme.
Le député libéral Denis Coderre reste toutefois convaincu que le joueur des Coyotes de Phoenix a tenu des propos racistes. M. Coderre et le chef du Bloc québécois Gilles Duceppe ont vivement dénoncé le choix de Doan comme capitaine d'une équipe censée représenter tout le pays (bien que la version 2007 ne compte qu'un Québécois).
Instinctivement, les médias d'ici se sont rangés contre Doan tandis que ceux du Canada anglais se portaient à sa défense. Dans tout cela cependant, un principe a été oublié: la présomption d'innocence.
Nous ne sommes pas ici face à un Don Cherry qui ne renie jamais ses âneries au sujet des francophones, voire persiste et signe. Nous ne sommes pas non plus devant un athlète qui après avoir proféré des propos racistes, en minimiserait l'importance en les mettant sur le compte de l'émotion du moment. Non. Shane Doan est tout à fait conscient qu'il est inadmissible de traiter un arbitre de «Fucking French». Seulement, il jure qu'il n'a rien dit de tel.
S'il méprisait vraiment les francophones, M. Doan se serait moqué de tout ce brouhaha. Au contraire, il a intenté une poursuite pour diffamation contre M. Coderre. Dans une déclaration assermentée, le joueur affirme n'avoir jamais fait «de commentaire pouvant être interprété comme dérogatoire à l'endroit des francophones.»
Par ailleurs, le rapport fait à la Ligue nationale par le juge de ligne Michel Cormier est tout aussi catégorique: Doan aurait bel et bien lancé cette insulte. M. Cormier l'a redit en interrogatoire préalable à l'audition de la contre-poursuite lancée par Denis Coderre.
Qui dit vrai? Est-il possible que dans le tumulte du match, M. Cormier ait, en toute bonne foi, attribué ces propos au mauvais joueur? Qui osera dire que, dans le feu de l'action, les arbitres de la LNH ne commettent jamais d'erreur?
Faut-il donner raison à M. Cormier simplement parce qu'il est francophone et que l'autre est Canadien-anglais? Il est vrai que le monde du hockey fait souvent peu de cas des droits et besoins des francophones (sur le site de Hockey Canada, on apprend que Steve Yzerman est l'«entraîneure-chef» de l'équipe canadienne...). Mais il serait injuste de faire payer Shane Doan pour cela.
Nous sommes en face de deux versions contradictoires entre lesquelles, pour l'heure, il est impossible de trancher. On sera mieux à même de juger lorsque les tribunaux entendront les poursuites de MM. Doan et Coderre. En attendant le vice-président de la LNH, Colin Campbell, ferait oeuvre utile en expliquant comment, face à deux versions diamétralement opposées, il a pu trancher aussi fermement en faveur du joueur. Oeuvre plus utile en tout cas qu'en dénigrant les politiciens qui se mêlent de cette affaire, comme l'a malencontreusement fait M. Campbell hier.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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