Espace Schengen : la maîtresse a triché

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L'Europe se détricote


C'est le secret de l'Union européenne. Le culot. Sa grande force consiste à nier ses échecs. On connaît le slogan de ses dirigeants et de leurs perroquets médiatiques : « L'Europe avance par crise ». Même quand elle recule. La destruction par Angela Merkel du château de cartes des accords de Schengen illustre cette dialectique de l'escamotage. Quand c'est la maîtresse qui triche, les élèves font semblant de ne pas voir ce qu'ils voient. Par gêne. Et par inquiétude : qu'allons-nous devenir s'il ne faut plus croire personne ? La cheftaine de l'Europe a triché et tout le monde s'est tu, les bruxellologues s'empressant d'expliquer que le rétablissement des contrôles aux frontières allemandes face à l'afflux de réfugiés et migrants économiques qu'elle avait amplifié était conforme aux accords de Schengen. Faux, ont clairement expliqué quelques profs de droit, peu écoutés. Parce qu'ils ont raison. Selon le règlement européen dit « code des frontières Schengen », le principe de libre circulation ne peut être remis en question que dans deux cas de figure. De manière unilatérale lors de menace grave pour l'ordre public ou la sécurité intérieure liée à des faits de violence (terrorisme, émeute, hooliganisme, etc.). Mais, dans le cas de pression migratoire, une autorisation préalable de rétablir les frontières doit être demandée à la Commission qui s'en remet à l'autorité du Conseil des ministres. La chancelière a réagi comme si l'Allemagne était menacée par des hordes de terroristes, d'émeutiers ou de hooligans...




La reine est nue. Mais veut rester la reine. Au lieu de reconnaître à ses partenaires ce qu'elle s'est permis (un retour à la souveraineté nationale en violation des procédures communautaires), elle entend toujours imposer son imperium en les obligeant à se répartir les mouvements de populations qu'elle a inconsidérément encouragés avant de découvrir qu'ils ne sont pas tous constitués de Syriens (40 % viennent des Balkans) et que tous les Syriens ne sont pas ingénieurs ou médecins. La chancelière continue de vouloir mettre les règles européennes qu'elle bafoue au service de la politique intérieure de l'Allemagne. Comme avant. Mais ce n'est plus comme avant.


Du « seul homme d'Etat européen » qu'il fallait admirer ne reste que « son pragmatisme sans perspective » cruellement diagnostiqué par le philosophe Jürgen Habermas. Et l'espace Schengen n'est plus. Elle l'a fait exploser. Ce n'était qu'une bulle spéculative de bonnes intentions qui n'a pas résisté à la réalité. Parce qu'une fois de plus, avec les règles de Schengen, la déconstruction l'a emporté sur la construction. Suppression des frontières intérieures et des contrôles douaniers. Mais pas de politique migratoire commune. Ni de vraie frontière commune. Une fois la liberté de circulation intérieure proclamée nouvelle « valeur structurante » de l'Union, tout le monde s'est déchargé sur les pays du Sud. L'accord de Dublin leur a imposé l'accueil des vrais et faux demandeurs d'asile. Sans leur en donner les moyens. Les gardes-frontières de Frontex n'ont jamais été créés. Bruxelles a préféré ne pas voir que l'Italie, la Grèce et Malte n'étaient ni capables ni désireux de contrôler un flux d'immigration légale et illégale confusément baptisé « migrants ».


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