Drapeau canadien au Salon rouge

Erreur à « corriger », dit un expert

« L'erreur, ce n'est pas d'enlever le drapeau canadien, c'est de l'avoir installé. »


(Québec) «L'erreur, ce n'est pas d'enlever le drapeau canadien, c'est de l'avoir installé.» Un ex-conseiller en protocole du gouvernement du Québec est formel: le retrait de l'unifolié du «Salon rouge» exigé par le gouvernement Marois est une pratique «normale» tout à fait justifiée.
Patrice de la Brosse a été conseiller en pavoisement pour le gouvernement du Québec pendant plusieurs années et il a participé à la réécriture de la loi et du règlement sur les drapeaux. Il était en fonction lorsque Jean Charest a fait réinstaller le drapeau canadien dans la salle du Conseil législatif («Salon rouge») en prenant le pouvoir, en 2003.
L'unifolié était apparu pour la toute première fois en 1985 dans l'enceinte parlementaire québécoise, sous l'initiative du premier ministre libéral Robert Bourassa. L'ancien premier ministre péquiste Jacques Parizeau l'avait ensuite retiré à son arrivée au pouvoir en 1994.
M. de la Brosse explique que la Loi sur le drapeau stipule que le fleurdelisé «doit être déployé lors des manifestations officielles du Québec, ainsi que dans les lieux, cas et circonstances prévus par règlement du gouvernement».
Traduction: «dans les institutions publiques, le drapeau indique d'abord objectivement l'entité gouvernementale présente dans l'édifice, donc ce n'est pas un geste subjectif ni politique», soutient Patrice de la Brosse. «Il n'y aura jamais de drapeau du Québec dans un bureau de poste, parce que c'est une administration fédérale. Il n'y aura jamais de drapeau du Canada devant un magasin de la Société des alcools, parce que c'est une institution provinciale», illustre-t-il.
Faute de protocole
Au sens de la loi, le choix des gouvernements libéraux antérieurs de placer le drapeau du Canada dans le Salon rouge représente donc une erreur de protocole. «Comme il n'y a pas au Québec de police du drapeau, on les endure», dit M. de la Brosse.
Le président de l'Assemblée nationale, le libéral Jacques Chagnon, devrait selon lui rectifier cette «situation qui n'est pas adéquate» en acceptant la demande du gouvernement Marois de retirer en tout temps le drapeau canadien du Salon rouge.
S'il choisit de le conserver, le président devra, pour être cohérent, faire de même dans le Salon bleu et à l'extérieur du Parlement, indique M. de la Brosse. «Évidemment que ceci ne se fera jamais, puisque, ça, ça va soulever un tollé terrible.»
Vendredi, le député libéral Laurent Lessard a écrit au président de l'Assemblée nationale pour lui signifier que le retrait de l'unifolié constituerait «un geste d'une gravité extrême, puisqu'il serait un signe de déni de notre pays».
Des propos qui font «sursauter» Patrice de la Brosse. «C'est une réflexion extrêmement subjective. C'est beaucoup plus que du nationalisme, c'est presque de l'extrémisme. Si des personnes se sentent plus canadiennes que québécoises, ou peut-être même autant que québécoises, que ces personnes affichent le drapeau du Canada.
Mais l'institution qu'est l'Assemblée nationale n'a aucune raison d'afficher le drapeau du Canada, sauf quand il y a un représentant de l'État canadien qui vient participer à une conférence intergouvernementale, par exemple», tranche-t-il.


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