Embellie estivale pour les souverainistes

PQ (33%) ADQ (29%) PLQ (27%)

Climat politique au Québec

Pauline Marois (Photo Reuters)


Malorie Beauchemin - Pauline Marois ferait le meilleur premier ministre, le Parti québécois est en avance, le Bloc reprend aussi de la vigueur, même l’idée de la souveraineté gagne en popularité. Tout semble indiquer que l’option péquiste-souverainiste regagne du terrain au Québec, selon une enquête CROP réalisée pour La Presse.

Au moment même où Pauline Marois fait campagne dans Charlevoix pour siéger à l’Assemblée nationale dès la rentrée parlementaire d’octobre, ce sondage mené auprès de 1003 personnes place le Parti québécois en avance sur ses adversaires. Presque à égalité dans les intentions de vote en juin, le PQ va chercher l’appui, en août, d’un Québécois sur trois (33%), quatre points devant l’ADQ. Le Parti libéral demeure stable à 27% des intentions de vote.
Impossible de dire, toutefois, si le PQ remporterait des élections générales qui seraient déclenchées dans les prochains jours. «C’est sûr que ce serait un gouvernement minoritaire, mais c’est assez difficile de dire qui gagnerait parce qu’il y aurait de chaudes luttes dans plusieurs régions», explique le vice-président de la maison de sondage, Claude Gauthier. C’est le cas notamment des couronnes nord et sud de Montréal et de la région de Québec, où l’ADQ et le PQ sont presque à égalité.
Néanmoins, pour 37% des Québécois, Mme Marois serait la personne la plus apte à diriger le Québec. Elle gagne cinq points par rapport au mois de juin, aux dépens de Mario Dumont qui dégringole. En trois mois, la cote de popularité du chef de l’Action démocratique a baissé de sept points. Seulement un Québécois sur quatre pense maintenant qu’il ferait le meilleur premier ministre. L’ «effet Marois» se fait d’autant plus sentir chez les francophones, qui lui accordent leur confiance à 43%, contre un mince 16% pour Jean Charest.
«Il faut toutefois se méfier, tempère M. Gauthier. À son arrivée, André Boisclair était aussi le chef préféré dans les sondages. Aujourd’hui, il y a un attrait, on vient de redécouvrir Mme Marois. On a davantage parlé d’elle cet été parce qu’elle se cherchait un comté.» Fait surprenant, le vote chez les 18-35 ans, où le chef de l’ADQ prend le plus fort de ses appuis, favorise aussi Mme Marois au détriment de M. Dumont dans ce sondage. «M. Dumont a eu son heure de gloire, soutient le spécialiste de CROP. Maintenant il semble s’être stabilisé.»
Même l’idée de faire la souveraineté du Québec a connu un regain d’énergie pendant la saison estivale. Près de 40% (après répartition) des personnes sondées ont affirmé qu’elles voteraient OUI à un référendum pour que le Québec devienne un pays souverain. C’est sept points de plus qu’au moins de juin, ce qui constitue «un très bon signe» pour les gens qui défendent l’option souverainiste, souligne le vice-président de CROP.
Mais dans tout ce regain d’énergie des forces souverainistes, il est fort possible, selon M. Gauthier, que le changement de discours de la nouvelle chef, qui a mis de côté l’échéancier référendaire, y soit pour quelque chose. «Maintenant qu’elle a enlevé l’épée de Damoclès de choisir une date d’un référendum, ça enlève le danger d’élire le Parti québécois, dit-il. Pour les gens qui voudraient du changement, qui sont tannés de Charest, mais qui ne veulent pas nécessairement un Québec gouverné par l’ADQ, le PQ est redevenu une option.»
«Tous les sondages disaient qu’on n’en voulait pas de référendum, ajoute le spécialiste. Pour Mme Marois, ça ne sera pas facile à l’intérieur du parti, mais dans l’opinion publique c’est certainement une stratégie qui peut lui faire gagner des points.»
Même le Bloc québécois, au fédéral, semble profiter de la vague de sympathie à l’égard du mouvement souverainiste. En hausse de sept points par rapport au mois de mai, le parti de Gilles Duceppe atteint 35% dans les intentions de vote des Québécois.
Le Parti québécois sort aussi grand gagnant dans les intentions de vote chez les francophones, avec une hausse de quatre points depuis le mois de juin. Encore une fois, le PLQ traîne la patte, ralliant un francophone sur cinq seulement.
«Il y a là une côte à remonter pour les libéraux. C’est d’ailleurs leur talon d’Achille, explique M. Gauthier. C’est pour ça que M. Charest et son équipe ont passé une partie de l’été à se promener à la grandeur du Québec. Si tu veux gagner une élection, surtout majoritairement, c’est important d’avoir le vote des francophones. Or, on voit qu’il y a encore du chemin à faire.»
Seul élément positif pour le Parti libéral de Jean Charest, l’enquête CROP, réalisée du 16 au 26 août derniers et précise à trois points près, démontre que la satisfaction à l’égard du gouvernement québécois est à la hausse, revenant au niveau du printemps, après avoir chuté en juin. Mais le sondage révèle aussi que des fluctuations de ce genre se produisent chaque été.


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