Ils ont beaucoup parlé du passé, surtout pour se disculper de leurs erreurs. Beaucoup parlé aussi du présent pour dire comment ils feront mieux à l'avenir. Par contre, les trois participants au débat des chefs de mardi soir ont très peu échangé sur demain et après demain. Trop peu pour qu'on puisse connaître leurs priorités une fois la récession anticipée terminée.
S'il est un souhait qu'il faut exprimer au lendemain de ce débat des chefs, c'est bien que Mario Dumont, Pauline Marois et Jean Charest cessent de se chicaner sur le passé. Il était important de les entendre, car pour juger les prétendants au pouvoir, il est dans l'ordre des choses de regarder leurs réalisations. Après trois semaines de campagne électorale, on peut cependant dire que c'est assez. Leur discours est redondant et il serait temps qu'ils se consacrent avant toute chose à défendre leurs programmes.
De leurs projets, libéraux, péquistes et adéquistes ont bien sûr traité depuis le déclenchement des élections, laissant tomber chaque jour un nouvel engagement. Mais ce fut surtout pour évoquer ce qu'ils feraient les premiers mois de leur mandat. Or, un gouvernement est élu pour quatre, voire cinq ans. Pour bien les juger, il faudrait savoir ce qu'ils feront tout au long de cette période.
Celui qui a le plus insisté pour s'en tenir au programme des premiers mois de son gouvernement est le premier ministre Charest. Son intention est de se concentrer presque entièrement à contrer les effets du ralentissement économique. Il évoque l'urgence de la situation pour ne pas se laisser divertir par d'autres causes.
Cette récession, on le sait, ne durera pas des années. Il faut préparer l'après-récession, comme le suggérait pertinemment au cours du débat une des interventions de citoyens, portant sur la formation des travailleurs. Sa question, qui allait de soi, a semblé prendre par surprise les trois chefs, qui n'avaient pas de réponse structurée, laissant entrevoir que leur préoccupation est d'abord de soutenir l'activité économique plutôt que de préparer la reprise. De la même manière, ils ont fait l'éloge de l'éducation, clé de l'avenir, pour souligner les aspects de leurs programmes consacrés à la petite enfance et à l'enseignement primaire et secondaire. Rien sur l'enseignement universitaire et la recherche-développement.
Grand absent aussi du débat de mardi, le déficit démographique. Tous les partis en faisaient grand cas voilà trois ans, mais le sujet n'est plus abordé que par la bande. Encore là, c'est un citoyen qui l'a soulevé en évoquant la diminution conséquente du poids politique du Québec au sein de la fédération canadienne qui surviendra avec la prochaine réforme de la carte électorale. Tant Pauline Marois que Mario Dumont ont saisi la perche pour souligner la nécessité de donner un sens concret à la reconnaissance de la nation québécoise, mais rapidement Jean Charest a joué au bonhomme sept heures en évoquant la perpective de chicanes constitutionnelles improductives dans un contexte de crise économique.
Le Québec aura pourtant des rendez-vous importants sur le plan des relations avec le gouvernement fédéral au cours des deux ou trois prochaines années. Le premier ministre Stephen Harper maintient sa volonté de réformer le Sénat canadien pour le rendre électif, de réviser la carte électorale, de créer une commission nationale des valeurs mobilières, cela en dépit de l'opposition affirmée du Québec. De la même manière, il ignore les revendications québécoises sur le déséquilibre fiscal. Jean Charest a abordé ces sujets au cours de la campagne fédérale, mais il semble ne pas vouloir en débattre durant celle-ci.
Il ne reste que 11 jours à la campagne électorale. Il serait temps que l'on parle des «vraies affaires» que sont grandes questions auxquelles le Québec devra faire face ces cinq prochaines années. Aussi bien Jean Charest que Pauline Marois et Mario Dumont ont une vision de l'avenir. À eux de nous en faire part.
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