Éducation: la grande tricherie?

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L'effondrement du système scolaire



Dans une chronique récente, je soutenais que rien ne serait plus important dans le domaine éducatif que de valoriser le métier d’enseignant.




Une enseignante m’a écrit en me demandant de protéger son anonymat par crainte des conséquences.




Dans le récit qu’elle fait des difficultés vécues, elle soulève la question du « traficotage » des notes, fait avec ou sans le consentement des enseignants.




Intrigué, je lui ai demandé des détails.




Manipulations




Fin juin, dit-elle, la direction demande de mettre 50 % à tous ceux qui ont eu 47, 48 ou 49 %.




De cette façon, ces étudiants ont droit à des cours d’été qui rapportent de l’argent. Un petit mois plus tard, ô miracle, le jeune obtient un beau 80 %.




Si le jeune obtient 57, 58 ou 59 %, on demande de mettre 60 %, la note de passage. Bof, trois points de différence, une question de malchance sans doute.




Si le prof s’obstine, le parent demandera une révision de notes. Se pourrait-il que la direction lui ait glissé l’idée ? Hmm...




Le prof doit alors fournir des tas d’explications pour se justifier, mais c’est un conseiller pédagogique qui révisera le dossier et prendra l’ultime décision.




Je soupçonne que le taux de réussite après cette « révision » doit avoisiner les 100 %.




Comme dit ma prof, elle connaît une conseillère pédagogique qui fait tellement de fautes dans ses courriels... qu’elle ne doit pas voir celles des élèves.




Si le parent ne demande pas de révision, il arrive que, comme par enchantement, l’enfant en situation d’échec se retrouve au niveau supérieur l’année suivante.




Elle me rapporte des cas où des profs qui protestaient étaient blâmés pour « insubordination ».




Si, pendant l’année scolaire, la direction voit trop de mauvaises notes s’accumuler dans une classe, le prof sera convoqué et se fera lourdement demander ce qu’il fait pour favoriser la réussite de TOUS les élèves.




Il comprendra le message et corrigera en conséquence, pour ne pas se mettre en difficultés.




Elle conclut : « Le silence et le déni nous tuent. »




Évidemment, c’est un seul témoignage et je ne tirerai pas de conclusions générales sur cette base unique.




Mais ce témoignage met de la chair autour d’échos qui me proviennent du milieu éducatif depuis longtemps.




Et quel intérêt cette personne aurait-elle à ne pas dire la vérité ?




Je suis obligé de dire que je tends à la croire sur parole, bien que l’ampleur du phénomène doive sûrement varier d’une école à une autre.




Enquêter




En trafiquant les notes, on ment aux élèves sur leur vraie valeur... et ils le savent.




On ment aux parents... et ils s’en doutent.




Toute la société se ment à elle-même sur sa performance éducative globale.




Qui sont les uniques gagnants de cette manipulation ? Tous ceux et celles soucieux d’afficher de belles statistiques... même si elles sont truquées.




On ne bâtit rien de solide et de durable sur le mensonge.




Il y a là, me semble-t-il, matière à une superbe enquête journalistique.