Moscou - Deux semaines après le crash d’un avion russe dans le Sinaï qui a fait 224 morts, la Russie a admis mardi pour la première fois qu’il s’agissait d’un attentat à la bombe et promis de traquer les responsables tout en intensifiant ses frappes en Syrie.
Les services secrets russes ont promis une récompense de 50 millions de dollars à toute personne les aidant à «identifier les terroristes», selon un communiqué des services de sécurité russes, le FSB, publié mardi.
Lors d’une réunion lundi soir tard au Kremlin avec le président russe Vladimir Poutine, le chef des services secrets russes Alexandre Bortnikov a qualifié d’"attentat" le crash du vol A321 dans le Sinaï égyptien.
«Pendant le vol, un engin explosif artisanal d’une puissance équivalente à un kilogramme de TNT s’est déclenché», a précisé M. Borotnikov, alors que jusqu’à présent l’hypothèse d’une bombe à bord de l’avion avait été évoquée par Washington et Londres mais mise en doute par Moscou.
«L’avion s’est désintégré dans l’air, ce qui explique pourquoi (nous avons retrouvé) des morceaux du fuselage dans un large rayon» dans le désert égyptien, a-t-il précisé.
L’appareil, à destination de Saint-Pétersbourg (nord-ouest de la Russie), avait perdu le contact avec la tour de contrôle 23 minutes après son décollage le 31 octobre de la station balnéaire égyptienne de Charm-el-Cheikh.
L’organisation État islamique (EI) avait revendiqué la responsabilité de ce crash qui a bouleversé la Russie.
Il s’agit de la pire catastrophe aérienne ayant jamais frappé le pays, mais aussi du pire attentat contre des Russes en dix ans.
«Nous ne sécherons pas nos larmes. Cela nous marquera à jamais. Mais cela ne nous empêchera pas de trouver et punir les criminels», a promis Vladimir Poutine.
«Nous devons le faire sans tarder, trouver leur identité», a-t-il poursuivi sans nommer les jihadistes de l’EI. «Nous les trouverons en n’importe quel point de la planète et nous les punirons».
À la suite du crash de l’avion, Moscou avait suspendu tous les vols russes à destination de l’Égypte et interdit à la compagnie égyptienne Egypt Air d’effectuer des liaisons vers la Russie, évacuant plus de 80 000 touristes russes restés sur place.
Cette traque sera accompagnée d’une intensification des frappes russes en Syrie, menée par Moscou depuis le 30 septembre à la demande du régime de Damas, dont la Russie est une fidèle alliée.
Ces frappes seront «intensifiées pour que les criminels se rendent compte que le châtiment est inévitable», a annoncé le président russe.
Moscou affirme viser principalement l’EI et le Front al-Nosra, groupe jihadiste affilié à Al-Qaïda, tandis que Washington l’accuse de viser également les rebelles syriens soutenus par les Occidentaux, notamment l’Armée syrienne libre (ASL).
Ces dernières heures, la Russie a lancé un «nombre significatif de frappes sur Raqa», fief de l’EI dans le nord de la Syrie, qui «pourraient avoir impliqué des missiles tirés depuis des navires en mer et des bombardiers à long rayon d’action, a affirmé mardi un responsable américain sous couvert de l’anonymat.
Depuis plusieurs jours, le ministère russe de la Défense est resté silencieux sur le nombre de frappes menées par les avions russes.
La France a également annoncé avoir frappé Raqa lundi et dans la nuit, après des attentats revendiqués par l’EI qui ont fait vendredi soir au moins 129 morts et 352 blessés à Paris. Ces bombardements se poursuivront «en mobilisant la communauté internationale», a affirmé le Premier ministre français Manuel Valls.
Le président François Hollande a ainsi annoncé lundi vouloir «unir» l’action des forces françaises avec celles de la Russie et des États-Unis contre l’EI. Il rencontrera la semaine prochaine Vladimir Poutine à Moscou, a précisé mardi son Premier ministre.
De son côté, le président russe a appelé lundi à «unir (les) efforts dans la lutte contre ce mal, le terrorisme», alors qu’il participait au G20 à Antalya, en Turquie.
Selon lui, les récentes attentats «prouvent que (la Russie) a eu raison» de vouloir organiser une coalition antiterroriste internationale élargie en Syrie contre l’EI, un projet cher au Kremlin mais qui a échoué cet été en raison de la réticence des Occidentaux et des pays arabes à s’allier avec le régime de Damas.
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