Des groupes demandent le retrait du projet de loi sur la laïcité

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Les lobbys antinationalistes se révèlent pour ce qu'ils sont


« Raciste », « dangereux », « fondé sur la peur » : le projet de la loi sur la laïcité est fortement dénoncé par une pléthore d’organismes qui pressent le gouvernement Legault de faire marche arrière.


« Cette loi est raciste parce qu’elle permet de discriminer des personnes sur la base de leur appartenance religieuse », s’indigne Safa Chebbi de la Table de concertation contre le racisme systémique. « Ces personnes sont déjà discriminées en matière d’emploi et elles sont même complètement absentes de certains emplois ciblés par la loi », poursuit-elle, soulignant que le gouvernement ne fera que creuser cette injustice avec le projet de loi 21 déposé jeudi à l’Assemblée nationale.


En matinée vendredi à Montréal, Safa Chebbi a pris la parole aux côtés de six autres porte-parole d’organismes qui unissaient leurs voix pour réclamer le retrait du projet de loi caquiste. Une fois adopté, celui-ci interdira le port de signes religieux pour les agents de la paix, les procureurs, les juges, les directeurs et les enseignants d’écoles primaires et secondaires publiques.


Bien que Mme Chebbi dise soutenir le concept de laïcité de l’État, celle-ci doit être vécue au niveau institutionnel et non « dans son rapport aux individus », argue-t-elle. « Les individus ont le droit d’exprimer et de pratiquer leur religion en toute liberté. »


Selon Idil Issa, vice-présidente de la Fondation Paroles de femmes, s’il devient loi, le projet caquiste exacerbera la stigmatisation des femmes voilées musulmanes. « [Elles] sont très visibleset identifiables et vont subir, en plus de la perte de leur emploi ou de possibilités de carrière, de la violence et de la stigmatisation au quotidien », a-t-elle déclaré.


Pour Marlihan Lopez, vice-présidente de la Fédération des femmes du Québec, « cette loi contribue à la création d’espaces publics qui leur sont collectivement hostiles : isolement, barrière à l’accès des services publics, violation des droits civiques ».


« Les répercussions sont innombrables pour les femmes visées, à la fois hypervisibles, mais également exclues du débat public qui les concerne », a-t-elle ajouté.


Safa Chebbi promet de garder cet enjeu vivant dans les prochaines semaines, notamment pour « humaniser ces personnes qu’on cible par le projet de loi ». Le Centre justice et foi, la Ligue des droits et libertés, Amnistie internationale Canada francophone et le Conseil régional FTQ Montréal métropolitain étaient également présents au point de presse.


Coalition multiconfessionnelle


Tout récemment fondée, la Coalition Inclusion Québec s’est également immiscée dans le débat sur la laïcité, vendredi, pour dénoncer ce projet de loi qui envoie, selon elle, le message que « la discrimination est acceptable ».


Cette organisation comprend des membresnon confessionnels et confessionnels, appartenant aux communautés chrétienne, juive, musulmane, sikhe et bouddhiste.


« Quand une majorité prive des minorités de leurs droits, c’est vraiment très dangereux », pointe la révérende Diane Rollert, présidente du Dialogue judéo-chrétien de Montréal et membre de cette coalition. Selon elle, c’est « la peur de la femme voilée » qui se cache en filigrane dans ce projet de loi.


« Lorsque nous retirons des droits à des groupes spécifiques, en particulier à un groupe spécifique de femmes, nous forçons ces groupes à devenir des citoyens de classe inférieure », fait-elle valoir.



Quand une majorité prive des minorités de leurs droits, c’est vraiment très dangereux




L’imam Hassan Guillet, également membre de la coalition, espère « faire entendre raison » au gouvernement. « La CAQ dit vouloir protéger nosvaleurs québécoises, souligne-t-il. Mais je vois mal comment quelques enseignantes [voilées] peuvent constituer une menace à ces valeurs. Ces valeurs ne sont pas si fragiles pour justifier qu’on piétine sur une minorité. »


M. Guillet ajoute que le projet de loi caquiste est une « attaque à la libertéde religion et à la liberté de conscience ». « Et le gouvernement sait que la loi ne passerait pas le test des tribunaux, puisqu’il fait appel à la disposition de dérogation », s’insurge-t-il.



Avec La Presse canadienne









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