Démographie et souveraineté

Tribune libre

Je constate toujours avec étonnement que les décideurs politiques au Québec, tous partis confondus, ont l'air de croire fermement que les immigrants sont véritablement désireux de s'intégrer à la majorité francophone.
Pourtant, tout nous indique que les immigrants s'intègrent en grande majorité à la communauté anglophone. Et lorsqu'ils votent à une élection provinciale, ils votent aussi en grande majorité pour les partis fédéralistes.
Il faudrait perdre cette naïveté, en particulier chez nos élites, de croire que les immigrants vont devenir des Québécois parlant français et s'intégrant à la culture québécoise aisément.
En tant qu’immigrants, ils n’ont que faire de la langue et de la culture française, eux qui sont issus de d'autres cultures. Ils croient, avec raison, que la langue anglaise leur assurera une plus grande chance pour l'emploi. Et en maîtrisant l'anglais, ils se donnent de la mobilité et peuvent aller travailler n'importe où au Canada.
Et les immigrants croient que de toute façon, dans quelques générations, pas plus que deux ou trois, ils seront plus nombreux que les descendants des Français au Québec et que le territoire du Québec sera leur de cette manière. Et ils parleront l'anglais parce que c'est une langue de communication internationale et de plus, c'est la langue de la majorité sur le continent nord-américain.
Et ils n'ont pas tort de penser ainsi car des immigrants il en arrive constamment au Québec. De plus, ils ont de plus grosses familles.
Je me mets à leur place et je les comprend de ne pas vouloir endosser le projet souverainiste de l’élément français du Québec. En effet, pourquoi prendraient-ils, dans le contexte actuel, une décision en faveur d'un projet propre à l'élément français du Québec qui aurait pour résultat de les lier dans l'avenir.
La morale de tout ceci, c'est que si les Québécois veulent un jour parvenir à la souveraineté, ce sera à la majorité francophone de la faire cette souveraineté... avant que cette majorité francophone ne devienne une minorité et qu'ainsi s'évanouisse le projet souverainiste.


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7 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    22 août 2012

    Merci à tous pour vos commentaires.
    Vous avez apporté des éléments très importants et très pertinents pour compléter la réflexion que j'avais entamée.

  • Alain Maronani Répondre

    22 août 2012

    C'est le peu d'appétance pour un état du Québec d'une partie importante de la population dite "de souche", je déteste ce terme, qui ne permet pas d'obtenir cette majorité décisive.
    Il est indiscutable que la quasi totalité des immigrants, pas tous, certains récents, d'autres parfois depuis plusieurs générations ne voteront jamais pour un projet dont ils ne voient pas l'utilité ni la nécessité.
    "Ils croient, avec raison, que la langue anglaise leur assurera une plus grande chance pour l’emploi" mais ils ne sont pas les seuls...les parents québécois demandent également pour leurs enfants cette possibilitée d'apprendre l'anglais.
    Tant que nous serons dans un système mondialisé ce fait, désagréable, qui permet l'applatissement des particularités, des langues, des régions, voire des états va continuer à s'imposer, même pas un anglais, mais "un sabir" de 3000 mots comme le spécifiait le grand linguiste francais Claude Hagège.
    Tant qu'a penser que dans 2 ou 3 génération le fait francais aura disparu suppose que les tendances lourdes qui sont actuellement en action vont se poursuivre c'est à dire que la mondialisation "heureuse" va pouvoir se poursuivre, l'immigration se poursuivre, les déplacements de population continuer, c'est votre mode de pensée.
    Je pense que nous allons rapidement vers un écroulement du système capitaliste, la mondialisation son dernier avatar, la crise financière n'étant que le sommet de l'iceberg, qui cache la partie immergée, et que rapidement nous serons obligés de revenir à des pratiques locales voire régionales.
    A ce titre une entité de langue francaise peut parfaitement survivre mais pas dans les conditions ou vous l'imaginez actuellement c'est à dire une société heureuse et oppulente ou l'on vit en francais. Cette affirmation je la supporte aussi pour l'écroulement des grands ensembles tels le Canada, les USA ou l'Europe qui n'ont pu se maintenir et se développer que grâce à une énergie abondante et à un pillage organisé des ressources à l'échelle mondiale, d'une domination des systèmes de paiements internationaux, etc... et la propagande fédéraliste sur la solidité du Canada, etc, ne résiste pas si l'on tente de comprendre les enjeux à long terme, pas plus que le projet indépendantiste tant qu'il continuera à s'inscrire dans la même horreur économique, sous un drapeau différent, avec les mêmes contraintes sociétales (le travail, la productivité, la compétitivité, etc...)
    Est-ce qu'un Québec, état de droit, nous permettra de faire face à ces enjeux ? Oui et non car ces enjeux (résilience, alimentation, survie des régions, maintenance d'un semblant d'état, dépérissement des ressources, massacre des écosystèmes) dépassent de loin le simple fait de vivre ensemble, en francais, dans un espace géographique distinct.
    Je pense que le projet souverainiste ne s'évanouira pas, je reprends vos propos, mais il risque d'être remplacé par quelque chose de moins comestible, la barbarie planétaire, qu'en sera t-il au Québec ? qui n'est pas forcément la guerre mais peut l'être, dans laquelle notre mode vie actuel, nos "habitus" comme disait Bourdieu n'ont aucune chance de survie...
    J'espère me tromper...et je ne fait parti d'aucun groupe survivaliste...
    Merci
    Anselm Jappe, "Crédit à mort", à lire absolument ou les travaux du groupe Krisis
    http://www.paulchefurka.ca/Population.html

  • Archives de Vigile Répondre

    22 août 2012

    Si j'étais immigrant je m'intègrerais avec mes enfants aux colonisateurs donc aux propriétaires et pas aux colonisés locataires.
    Seul l'indépendance du Québec fera en sorte que les immigrants s'intègreront aux québécois en français .
    MICHEL

  • Normand Paiement Répondre

    22 août 2012

    Monsieur Bélisle,
    Le dilemme des Québécois et la question de l'immigration sont très bien résumés dans votre commentaire. Les immigrants se rallieront à notre cause le jour où les Québécois de souche se tiendront enfin debout, pas avant!
    Nous en sommes là. L'avenir du Québec est entre nos mains!
    Normand PAIEMENT

  • Archives de Vigile Répondre

    21 août 2012

    Monsieur Michel Bélisle alias Didier
    Dans le cadre "canadian", les immigrants du Québec ne s'intégreront jamais à la majorité québécoise mais à la minorité anglo. La classe politique québécoise collabo vendue au fédéralisme d'Ottawa et à Bay Street travaillent contre les vrais intérêts du peuple québécois; ce sont des carriéristes, des profiteurs du système en place. Il faut que les Québécois prennent conscience que c'est le peuple du Québec qui est souverain et non le gouvernement d'occupation d'Ottawa qui a refusé, en 1982, de soumettre au Québec, par référendum, le rapatriement unilatéral de la constitution sans son accord.
    Marois nous parle d'améliorer la loi 101 si jamais son parti prend le pouvoir, le 4 septembre prochain; elle nous baragouine que le français doit devenir la langue commune de tous les Québécois. C'est de la boulechite! Tant que le Québec ne sera pas un vrai pays, il aura toujours dans les pattes le gouvernement d"occupation et sa cour suprême pour nous mettre des bâtons dans les roues et rendre presque inopérante ou caduque cette loi comme ils l'ont fait avec la loi 101 actuelle. Seule l'indépendance du Québec par le peuple et pour le peuple québécois suivie d'une constitution votée et approuvée par le peuple peut nous sortir de ce merdier politique actuel qui ne sert que les intérêts de notre classe politique vendue au fédéralisme "canadian". VIVE L'INDÉPENDANCE DU QUÉBEC! VIVE L'OPTION NATIONALE!
    André Gignac 21/8/12

  • Claude Richard Répondre

    21 août 2012

    Votre texte est très limpide et vous avez tout à fait raison monsieur Bélisle. Mais en attendant le référendum, il faudrait de toute urgence baisser les niveaux d'immigration, ce que ne prône malheureusement pas Option Nationale, ce qui m'a retenu jusqu'ici d'y adhérer.
    Toutes proportions gardées, le Québec reçoit deux fois plus d'immigrants que les États-Unis et deux fois plus que la France. Compte tenu de sa position en Amérique du Nord, il est suicidaire de continuer ainsi. Il vaut beaucoup mieux recevoir moins d'immigrants et bien les intégrer que d'en recevoir beaucoup et en laisser la moitié s'en aller du côté des anglophones.
    Le mythe de l'immigration qui nous enrichit a commencé à se dégonfler. Il n'est que de lire le livre de Dubreuil et Marois, Le remède imaginaire, Pourquoi l'immigration ne sauvera pas le Québec. Il faudrait que nos grands progressistes cessent de se mettre la tête dans le sable. C'est bien beau la générosité et l'ouverture mais il faut aussi du réalisme et voir que Montréal, et le Québec à un moindre rythme, s'anglicise. Il ne sera plus temps de se plaindre quand nous serons devenus minoritaires chez nous.
    Oui un référendum gagnant au plus tôt mais, entre-temps, un peu moins d'angélisme.

  • Mario Boulet Répondre

    21 août 2012

    C'est la raison pour laquelle ça presse de faire la souveraineté. On n'a pas 20, 30 ou 50 ans devant nous encore. Le Canada est prêt à échanger les québécois pour des immigrants provenant de tous les pays du monde. Comme ils l'ont écrit sur le National Post de ce week-end, tant qu'à eux, ils nous emprisonneraient et nous exporteraient un à un vers d'autres cieux. C'est ainsi que la conquête de 1760 prendrait effectivement fin.
    À moins d'inclure les immigrants à notre cause. Plus nous serons solidaires entre nous, plus cela incitera les immigrants à venir nous joindre dans notre démarche car nous deviendrons plus crédible à leurs yeux. Le reste du Canada n'est pas particulièrement plus crédible à leurs yeux.