Déchéance conjointe

La déchéance des libéraux et des souverainistes est simultanée et conjointe.

Dion-le-fossoyeur


L'existence du Parti libéral du Canada justifiait celle du Parti québécois et du mouvement souverainiste. Les deux se méritaient bien. Ce n'est donc pas une coïncidence si les deux sont désertés en même temps.
Le mouvement souverainiste a encaissé une autre leçon lundi à l'occasion des partielles dans trois comtés fédéraux au Québec.
La déconfiture du Parti libéral et la rebuffade personnelle essuyée par Stéphane Dion, dont on se demande maintenant s'il pourra surnager jusqu'aux prochaines élections générales, ont beaucoup retenu l'attention depuis 36 heures. Le Bloc québécois, et par ricochet le Parti québécois, continuent toutefois d'accumuler des signaux d'une désaffection des citoyens. Le Bloc a perdu plusieurs comtés aux conservateurs en février 2006, surtout dans la région de Québec et sa ceinture. Le Parti québécois a par la suite été balayé en mars dernier. André Boisclair a été vite remplacé par Pauline Marois qui a dicté aux membres une révision des deux fondements du programme du PQ, soit l'accession à la souveraineté et la social-démocratie.
La présence du Bloc a toujours été justifiée par la «défense des intérêts du Québec» face au régime centralisateur des libéraux fédéraux et pour accompagner le PQ dans les négociations qui suivraient un OUI à un référendum sur la souveraineté. Or Stephen Harper met en place un fédéralisme de concertation avec les provinces, il reconnaît la spécificité du Québec et il s'engage à respecter les champs de juridiction de chacun des paliers de gouvernement. Par ailleurs, le PQ a mis la souveraineté sur la glace et sa nouvelle chef, Pauline Marois, répète que les Québécois en avaient ras le bol des débats internes stériles stériles du PQ.
Les électeurs de Roberval-Lac Saint-Jean se sont tournés à leur tour vers les conservateurs lundi. Leur candidat, le maire de Roberval, Denis Lebel, a même obtenu une majorité écrasante de 10 000 votes. La crise de l'industrie forestière avait sans doute engendré de profondes frustrations chez cette population mais les électeurs étaient aussi fatigués des simples discours de dénonciations des ténors du Bloc. Ils voulaient de l'action.
Dans Saint-Hyacinthe-Bagot, une forteresse du mouvement souverainiste depuis trente ans, la candidate du Bloc a sauvé le siège de justesse, ne conservant que 1500 votes de majorité sur le candidat conservateur. Les libéraux, pour leur part, n'y ont obtenu que 7 % des votes, au 4e rang. Le taux de participation a à peine dépassé les 25 %.
Dans Outremont, le Bloc a récolté 10 % des votes seulement, contre 30 % à l'élection de 2006.
Le constat est assez évident. La direction du Parti libéral aurait plus de succès en fermant boutique et en repartant sous un autre nom! Le PLC est brûlé au Québec et la réconciliation n'est pas pour bientôt, surtout pas tant que le PLC sera dirigé par Stéphane Dion, placé là par la filière Chrétien, dont il est l'héritier spirituel. Du côté des souverainistes, militants et simples supporteurs sont démobilisés. Eux qui défendaient vaillamment à la fois «un projet de pays» et un «projet de société», ils ont perdu l'inspiration qui les faisait «sortir, parler et convaincre» leurs concitoyens.
La déchéance des libéraux et des souverainistes est simultanée et conjointe.
Le point de saturation dans la patience des citoyens sur les querelles Ottawa-Québec a été dépassé; ces mêmes citoyens ont goûté de nouveaux plats depuis quelques mois, à Ottawa avec Stephen Harper et à Québec avec Mario Dumont.
L'option souverainiste sera soumise à un autre test lundi prochain dans Charlevoix. Pauline Marois mise sur son statut de chef et sur sa notoriété. Il faudra toutefois bien vérifier le % des votes qu'elle obtiendra et non seulement le nom du vainqueur. La révision du programme qu'elle préconise sera peut-être plus difficile que prévu à faire avaler à ses militants, dans le cas d'une courte victoire.


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