Débordements annoncés

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Hockey - "Canadiens de Montréal"...

Les seuls qui n'avaient pas prévu les débordements de l'ampleur de ceux que nous avons connus à la suite de la victoire du Canadien de Montréal étaient les policiers. Ceci me porte à croire que la police n'écoute pas la télévision et ne lit pas les journaux. En effet, l'événement était annoncé dans presque tous les bulletins de nouvelles et écrit en toutes lettres dans les quotidiens. Il allait y avoir des débordements.
On disait que ça sentait la coupe... Puis, on a parlé de fièvre, souvent avec un sourire entendu, en fin connaisseur des comportements humains. On a fait monter la fameuse «fièvre» jusqu'à ce que les plus malades ne se contrôlent plus. Et dans les faits, les médias leur avaient déjà donné leur bénédiction. Allez, les enfants, montrez-nous ce que vous êtes capables de faire! L'objectif, c'était de surpasser 1993 et les débordements de l'époque. Prouver son attachement au Canadien est à ce prix.
Chauffer une foule est toujours un acte à double tranchant. La chauffer à blanc conduit fatalement à des débordements. La foule, comme la meute, est difficile à contrôler parce qu'elle sert de refuge à des êtres souvent mal intentionnés ou complètement déboussolés par ce qu'ils sont en train de vivre, ce qui les rend d'autant plus incontrôlables une fois le mouvement lancé. La présence policière, même la mieux intentionnée, est souvent vue comme une provocation supplémentaire.
La foule ne représente pas un danger en soi. Elle porte en elle des éléments de danger et il faut qu'elle sache le plus clairement possible ce qu'on attend d'elle. Pour cela, il faut lui répéter, pendant les jours qui précèdent l'événement, quel rôle exact elle jouera. S'il y a des éléments négatifs dans une foule, il y a aussi -- et presque toujours en plus grand nombre -- des éléments positifs. Ces éléments positifs seront les garde-fous du comportement de la foule.
Les Québécois fous de hockey
Tout le monde le sait. N'empêche que les débordements de lundi nous ont laissé un goût amer dans la bouche. Les journalistes qui aiment tant jouer à être neutres ont semblé blâmer les services policiers de Montréal plutôt que de prendre le temps de s'interroger sur leur propre comportement. Ça ne serait pas si grave si les séries étaient terminées, mais elles ne le sont pas. Elles ne font que commencer, et si le Canadien accumule les victoires (ou les défaites, c'est la même chose), il faudra avoir appris de nos erreurs et que ça paraisse.
J'ai bien entendu que la police a l'intention d'augmenter ses effectifs... Je ne suis pas du tout sûre que ce soit la bonne solution. Si on voit la présence policière comme une provocation, l'effet sur la foule ne sera pas celui souhaité par la police. Loin de dissuader, une présence policière accrue pourrait amplifier le danger d'une réplique mieux organisée et encore plus violente.
J'aimerais mieux apprendre que les journalistes vont baisser un peu le ton. Qu'ils vont cesser de hurler dans leurs micros en posant des questions insignifiantes à des partisans qui n'en sont déjà plus à leur première bière et qui fanfaronnent en se prenant tous pour des Carbonneau ou des Carey Price. La bière, c'est connu, n'a pas la réputation d'être une boisson qui rend les buveurs plus intelligents ou plus subtils quand vient le moment de dire ce qu'ils pensent. Une caméra de télévision peut faire plus de tort à la paix sociale et provoquer autant qu'un plein camion de policiers. Grande distribution de valium aux commentateurs de sports.
Le slogan «Go Habs go!» -- une insulte à la langue française -- est devenu un véritable cri de guerre. Personne ne souhaite du patin de fantaisie sur la glace, mais il devrait y avoir des limites aux déguisements acceptables dans les estrades. À force de permettre les abus de toutes sortes, on finit par donner l'impression que tout sera toléré.
Ce n'est pas la fête qui a mauvais goût. Ce n'est pas la joie de la victoire non plus. Ce sont les excès et les débordements qui font mal. Parce qu'au fond, ils donnent de nous, la foule, une image que nous n'aimons pas.
Et si la foule, la vraie, celle du monde ordinaire, choisissait de ne plus être présente, elle laisserait toute la place aux fauteurs de trouble, qui seront toujours disponibles chaque fois qu'il y aura un micro ou une caméra parce qu'ils en ont besoin pour se prouver qu'ils existent. Il suffirait peut-être de cesser de leur donner autant de place. En tout cas, ça aiderait sûrement.


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