De nouveau la proportionnelle

Un inconvénient majeur et, dans le cas précis du Québec, un danger mortel.

Vigile

La journée du vote n'avait pas plutôt commencé que RDI consacrait déjà de
longues et pénibles minutes à la promotion du scrutin proportionnel. Allez
donc comprendre où est l'urgence d'un tel sujet.
Les pelleteux de nuages et les idéalistes désincarnés du genre Jean-Pierre
Charbonneau oublient pourtant que ce mode de scrutin présente, en règle
générale, un inconvénient majeur et, dans le cas précis du Québec, un danger mortel.
1- L'inconvénient majeur.
Il est vrai que la proportionnelle permet de refléter davantage l’opinion
des électeurs que le scrutin majoritaire. Mais il s’agit bien plus du
reflet de leurs divisions. La proportionnelle interdit, à toute fin
pratique, l’élection d’un gouvernement majoritaire, donc responsable. Elle
laisse la porte ouverte à tous les jeux de coulisses des partis, et aux
pires compromissions. L'objectif du pouvoir en place devient, dès lors, de
se maintenir plutôt que de gouverner.
2- Le danger mortel au Québec.
Depuis 1995, il semble qu’il soit interdit au Québec d’évoquer le «vote
ethnique». Pourtant il est bien là. Comment expliquer autrement la
constante et massive élection majoritaire d’un libéral depuis des décennies
dans ce qu’il est convenu d’appeler le «west island»? Tant que ce vote
massif restera bloqué, la proportionnelle accordera une prime énorme au
parti choisi par cette minorité, et constituera un handicap pour tout parti
issu d’une majorité de la majorité. Ce sera l’exercice constant du pouvoir
par la minorité ethnique (ou linguistique ou de classe, appelez-la comme
vous voudrez, le phénomène restera le même), sans possibilité
d’alternance.
Or, qu’on y pense un peu, la véritable démocratie réside bien plus dans
l’alternance des partis politiques au pouvoir, que dans le fait, pour le
scrutin, de refléter parfaitement les humeurs électorales de l’instant du
vote.
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5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    28 mars 2007

    Je remercie monsieur Gauthier-Pilote qui a pris le temps de rétablir les faits devant un texte plus revendicateur que raisonné.
    La proportionnelle, premièrement, assure une représentativité plus exacte de la population.
    Deuxièmement, elle donne une légitimité accrue aux partis politiques portés au pouvoir.
    Troisièmement, par la plus grande légitimité qu'elle accorde, la proportionnelle ferait en sorte que les abstentionnistes ait un plus grand intérêt envers le vote électoral.
    En effet, combien d'abstentionistes ai-je entendu dire, pour se justifier, «de toute façon, mon vote servira à rien dans mon comté...» ou encore «c'est toute la même affaire...»
    La proportionnelle permet l'émergence d'alternatives. Comme il serait bénéfique, pour les souverainistes, de pouvoir voter à droite, à gauche, au centre, tout en votant pour un parti souverainiste. Une coalition référendaire permettrait à tout ces gens de se concentrer sur l'indépendance tout en respectant leur propre présupposés idéologiques.
    Pour l'instant, si on est à gauche et indépendantiste, pour rester honnête avec soi-même, on n'a d'autre choix que de voter Québec Solidaire et ainsi gruger une partie des votes pour la seule représentation politique du souverainisme.
    Si QS et le PVQ n'avaient pas été là, le 26 mars, le PQ aurait pu récolter environ une quinzaine de comtés de plus...
    Pensez-y,
    Beeeep!

  • Archives de Vigile Répondre

    27 mars 2007

    Les pelleteux de nuages et les idéalistes désincarnés du genre Jean-Pierre Charbonneau oublient pourtant que ce mode de scrutin présente, en règle générale, un inconvénient majeur et, dans le cas précis du Québec, un danger mortel.
    Attaque personnel (argumentum ad hominem) à l'endroit de Jean-Pierre Charbonneau suivi d'un appel à la terreur (argumentum ad terrorem). Ça commence très mal une argumentation...
    1- L’inconvénient majeur.
    Il est vrai que la proportionnelle permet de refléter davantage l’opinion des électeurs que le scrutin majoritaire. Mais il s’agit bien plus du reflet de leurs divisions. La proportionnelle interdit, à toute fin pratique, l’élection d’un gouvernement majoritaire, donc responsable.
    ??? Un gouvernement majoritaire, donc responsable? Ce n'est pas la définition du gouvernement responsable. Le gouvernement responsable est un gouvernement dans lequel l'exécutif doit répondre de ses actions devant les élus de la branche législative.
    Elle laisse la porte ouverte à tous les jeux de coulisses des partis, et aux pires compromissions. L’objectif du pouvoir en place devient, dès lors, de se maintenir plutôt que de gouverner.
    Voilà un bel argument fallacieux. Vous dîtes : « la porte est ouverte aux jeux de coulisses entre les parties, l'objectif du pouvoir en place devient, dès lors, de se maintenir en place plutôt que de gouverner. »
    Or, premièrement, il est facile d'observer que les jeux de coulisses se font soit à l'intérieur des partis, par l'intermédiaire de certains membres, soit à l'extérieur des partis, par l'intermédiaire de certains membres, les mêmes ou d'autres. S'il y a une différence entre les deux jeux de coulisses, c'est que lorsqu'ils se font entre les partis, ils sont plus exposés au public et moins secrets. Si vraiment les jeux de coulisses sont un défaut inhérent de la logique partisanne, laquelle est à l'avantage du peuple?
    Or, deuxièmement, l'objectif d'un parti majoritaire une fois au pouvoir est tout autant de s'y maintenir qu'un parti minoritaire. La différence c'est qu'un parti majoritaire a carte blanche pendant 4 ou 5 ans, chose qui n'a aucune légitimité lorsque l'on sait la proportion réelle des gens qui ont 1) portés ledit parti au pouvoir et 2) la proportion de ceux qui le supportent encore au bout de quelques années d'arrogance.
    Dans un système proportionnel décent, il n'est pas possible qu'une majorité d'élus issus du vote d'une minorité d'électeurs ravisse le pouvoir au peuple pendant 4 ou 5 ans. C'est précisément l'avantage. S'il y a gouvernement, celui-ci a forcément obtenu l'appui d'une majorité des élus ET des électeurs, d'où sa très grande stabilité. Le système force le changement des mentalités des élus, force les partis à se voir comme représentant une partie de la société et non comme l'ensemble de la société. Une fois au pouvoir, les partis ne passent pas 4 ou 5 ans à planifier la façon dont ils raviront le pouvoir au peuple une fois de plus, puisque la chose est d'une improbabilité beaucoup trop grande, tel que prévu par le système même.
    2- Le danger mortel au Québec.
    Depuis 1995, il semble qu’il soit interdit au Québec d’évoquer le « vote ethnique ». Pourtant il est bien là. Comment expliquer autrement la constante et massive élection majoritaire d’un libéral depuis des décennies dans ce qu’il est convenu d’appeler le « west island » ? Tant que ce vote massif restera bloqué, la proportionnelle accordera une prime énorme au parti choisi par cette minorité, et constituera un handicap pour tout parti issu d’une majorité de la majorité. Ce sera l’exercice constant du pouvoir par la minorité ethnique (ou linguistique ou de classe, appelez-la comme vous voudrez, le phénomène restera le même), sans possibilité d’alternance.
    C'est une erreur. La situation que vous décrivez est la situation ACTUELLE. Cette situation existera toujours, mais ses effets seront naturellement MOINDRE dans un système proportionnel. Posons-nous la question : « Pour quel parti vote la majorité des anglophones et des allophones anglicisés du Québec? » La réponse est qu'ils concentrent leurs votes sur le seul parti qui a le plus de chance de faire obstacle au PQ, parce que c'est une parti séparatiste capable de remporter la majorité des sièges et de former le gouvernement. Donc en votant tous du même bord, ils gonflent artificiellement le NOMBRE DE SIÈGES qui revient aux PLQ.
    Mais demandons-nous maintenant : « Un tel comportement servirait-il à quelque chose dans un système où il ne serait PAS POSSIBLE de ravir la majorité des sièges avec une minorité des votes des électeurs? » Non, bien sûr. AUCUN parti ne pourrait prétendre accéder au pouvoir seul, pas même le PLQ. La canalisation des votes sur un seul parti n'apporterait AUCUN SIÈGE DE PLUS, ceux-ci étant redistribué PROPORTIONNELLEMENT aux voix exprimées lors du scrutin.
    Mais il y a mieux. On sait que le vote résultant de la campagne de peur contre la méchante majorité francophone que nous sommes se concentre à Montréal. Or, dans les circonscriptions qui élisent des candidats du PLQ à de très fortes majoritées, il y a quand même des votes pour le PQ et les autres partis. Or ceux-ci sont des votes perdus un peu comme le sont les votes pour Québec solidaire ou le Parti vert partout ailleurs. Les non-francophones représentent 15% des électeurs qui se prévalent de leur droit de vote. Ils devraient être responsables de l'élection de 15% des élus et pas plus. Ce n'est pas ce qui se produit, à cause du scrutin à la pluralité des voix. Dans un scrutin proportionnel, tous les votes compteraient.
    À ce sujet, les thèses défendues par Pierre Serré dans Deux poids, deux mesures (2002) sont très convaincantes. Cet article plus récent (2004) donne un aperçu des désavantages du scrutin actuel si vous n'avez pas le livre :
    http://www.vigile.net/ds-actu/docs4/4-14-serre.html#anps
    Or, qu’on y pense un peu, la véritable démocratie réside bien plus dans l’alternance des partis politiques au pouvoir, que dans le fait, pour le scrutin, de refléter parfaitement les humeurs électorales de l’instant du vote.
    Attendez, je vais y penser un peu. Non, je n'arrive pas du tout à la même conclusion que vous. Pour cela, il faudrait que je pense que la démocratie véritable est ce que nous avons déjà. Or, si nous avions déjà la démocratie véritable, je ne serais pas indépendantiste...
    Il faut dire que j'ai réfléchi chaque jour de ma vie à cette foutu question et en dépit de ces quelques minutes de réflexion supplémentaires que vous m'avez donné, je persiste à croire que l'essence de la démocratie c'est
    1) la souveraineté du peuple exercée dans la constitution d'un État libre enchâssant les droits de la personne;
    2) à l'intérieur de ce cadre, la soumission des décisions politiques à la délibération de toutes les personnes qui seront tenues d'obéir aux lois qui ne violeront pas la constitution;
    3) la désignation des postes de responsabilité exécutive et judiciaire par de justes élections dans certains cas et par tirage au sort dans d'autres cas, dans tous les cas indépendamment du pouvoir législatif;
    4) le jugement des fonctionnaires devant un tribunal administratif à la fin de leur service;
    5) une politique d'éducation à la vie citoyenne qui inclue l'apprentissage de la morale, de la logique, des mathématiques, du discours argumentatif et des lois;

  • Archives de Vigile Répondre

    26 mars 2007

    Bonjour
    Je suis parfaitement d’accord, non à la proportionnelle.
    Surtout dans le contexte québécois c’est un danger mortel pour le Québec. Aussi certains qui en font la promotion le savent.
    Ce système électoral vieux de 200 ans a toujours donné priorité à l’homme et non aux partis. A venir jusqu’à quelques années les noms des partis n’étaient même pas inscrits sur le bulletin de vote
    Il permet l’alternance des partis au pouvoir, et au gouvernement de gouverner. Les progrès de toutes natures au Québec depuis des décades ont été le fait de gouvernements homogènes majoritaires et non de gouvernements paralysés cherchant toujours le compromis ou se livrant au marchandage.
    Quand ce n’est pas les jeux en coulisse qui s‘installent.
    On comprend que l’on cherche à nous vendre cette idée. Surtout quand ça vient de la part de RDI, il faut se méfier.
    Jacques Vaillancourt.

  • Jean Pierre Bouchard Répondre

    26 mars 2007

    Un système électoral de type mixte majoritaire-proportionnel?
    Une portion proportionnelle qui ne déterminerait pas davantage que 10% des députés? Il y a sans doute chez plusieurs moi y compris un reflexe de pensée magique envers la voie proportionnelle.
    Le système actuel majoritaire respecte la distribution géographique des suffrages des électeurs, c'est un point fondamental principalement dans notre contexte politique canadianisé c'est juste. On peut présumer aussi qu'un système mixte maj-proportionnel en 1998 aurait favorisé l'élection des libéraux même dans un ordre de 10% et qu'en plus le jeu entre la division sociale et un système proportionnel ne ferait qu'ajouter à la fragmentation encourageant ce qu'on appelle en France les communautarismes.
    Dans le contexte québécois c'est particulièrement suicidaire.
    Plutôt il faudrait encourager la voie référendaire suisse afin que la population puisse décider directement sur un certain nombre de questions. C'est une voie qu'un pays québécois pourrait suivre.

  • Gaston Boivin Répondre

    26 mars 2007

    Entièrement d'accord, monsieur Berbery, pour le Québec, la proportionnelle, c'est comme si, sous la France occupée, on aurait donné, à une élection inenvisagable sous une telle occupation, 35% des votes aux Allemands, 25% aux collaborateurs , 30% aux résistants et 10% aux idéologues de tous acabits. Il en sera ainsi tant que le québec ne deviendra un pays indépendant et normal. On a le même problème avec certaines autres idées qu'autrement, on voudrait voir véhiculées par des partis, notamment des idées de gauche et d'environnement et quelques autres. Comme on voit, on revient toujours au même problème. Quand réaliserons-nous collectivement qu'il faudra un jour faire preuve d'un peu plus de lucidité et de courage pour devenir un pays normal. Gaston Boivin,Baie-Comeau