De la culpabilisation à l’intolérance

Les Juifs d’hier sont les Musulmans d’aujourd’hui.

Laïcité — débat québécois

Un homme refuse de se faire servir par une femme, immigrante et musulmane, qui travaille dans le secteur public québécois. On le félicite, on sympathise avec l’homme et on fustige la Commission des droits qui juge sa plainte irrecevable, et ce au nom d’une laïcité que revendiquerait le peuple québécois et, tenez-vous bien, du féminisme !
Une étude dite scientifique — tellement scientifique qu’on cite en longueur Richard Martineau et Mario Dumont — s’élève contre l’idée qu’un professeur soit invité à sévir contre un élève qui fait des remarques désobligeantes sur les pratiques religieuses d’autres élèves, ou des parents de ceux-ci. Certains accueillent favorablement cette étude au nom d’une certaine idée de la nation.
Depuis quand est-il devenu de bon ton d’être ainsi intolérant ? Depuis quand est-il devenu de bon ton d’insulter nos concitoyens, d’inviter les élèves — les jeunes ne font jamais dans la dentelle — à critiquer les pratiques religieuses ou culturelles des autres ? Dans les années 1930, un petit nombre de Québécois ont fait des gestes disgracieux à l’égard des Juifs. Et malgré l’énorme poutre dans l’œil du Canada anglais, ce dernier n’a jamais permis au Québec d’oublier cette paille dans son oeil. Les Juifs d’hier sont les Musulmans d’aujourd’hui.
Depuis un certain discours du soir du 30 octobre 1995, nous sommes passés d’abord par 10 ans de culpabilisation insensée et débilitante avant de tomber dans une recherche identitaire qui semble carburer à l’intolérance. Ce sont des diversions, deux côtés d’une même médaille. Et nos adversaires sont morts de rire.
Faire un pays, c’est ratisser large, c’est embrasser l’autre dans un grand projet ambitieux, généreux et emballant. Les Bourgault, Lévesque et Laurin nous manquent terriblement! Une chance que Jacques Parizeau a encore sa plume.
Robin Philpot
Montréal, le 18 décembre 2009


Laissez un commentaire



14 commentaires

  • Jean-Roch Villemaire Répondre

    22 décembre 2009

    Robin, je suis vraiment déçu par ta ''sortie'' en faveur du cours d'éthique et de culture religieuse qui n'est rien d'autre qu'un cours d'accommodement raisonnable et de multiculturalisme. Je t'invite à bien lire ou à relire le rapport de Joëlle Quérin ainsi que les nombreuses sources citées en biographie (il ne s'agit pas simplement de Richard Martineau et de Mario Dumont).

  • Archives de Vigile Répondre

    22 décembre 2009

    @Madame Mireille
    Il faut rappeler que dans la phase d'apprentissage et d'acquisition des savoirs, les enfants ne font preuve que ce curiosité et de désir d'apprendre. Il ne portent des jugements pour stigmatiser ou faire des remarques désobligeantes que lorsqu'ils voient ce modèle chez les adultes. Il ne faut pas confondre remarques désobligeantes (traduisant irrespect et rejet) et critique saine ( marque de maturité et de bienveillance destinée à enrichir). La critique n'est possible que lorsque la connaissance est acquise et validée. La stigmatisation est différente de la critique.
    @M. Jean-François-le-Québécois
    Vous semblez faire une confusion totale sur les types d'habillement.

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    21 décembre 2009

    @ Robin Philpot:
    Donc, si l'on désapprouve une pratique telle que le port du hijab, et qu'un enfant, dans sa logique à lui, devait trouver que ce n'était, disons, pas normal, qu'une dame se balade couverte aisni de la tête aux pieds, nous devrions interdire à cet enfant, de formuler toute opinion sur la question? À moins d'une opinion qui serait une louange du multiculturalisme, même à cet âge?
    Vous nous servez, on dirait, du Bouchard-Taylor réchauffé.

  • Gilles Bousquet Répondre

    20 décembre 2009

    M. Philpot as raison d’écrire : « les Juifs d’hier sont les Musulmans d’aujourd’hui »
    Oui, en Allemagne, les juifs d’hier étaient les victimes et les Musulmans de Palestine d’aujourd’hui, sont les victimes des Juifs, d’Israël…en ce sens.
    Au Québec, rien de tel.

  • Archives de Vigile Répondre

    20 décembre 2009

    Réponse à Réjean Labrie,
    Qui a dérangé ta façon de vivre ? Tu te déranges toi même ! Si le voile etait une mode des gays, tu agiras autrement, tu deviendras le meilleur des humains qui prêche la tolérance ! avoues le qu'on est entrain de perdre les pédales ! vivre et laisser vivre. Obama a dis que c'est pas à nous les occidentaux de montrer aux musulmans comment ils doivent s'habiller ! En plus de tout cela les chiffres le montrent clairement qu'on ne peut pas vivre sans immigration ! La planète appartiennent à tout le monde, on s'en va pour ça ! D'après ce que j ai compris tu veux profiter juste de la main d'oeuvre importée sans rien donner même pas une façon différente de s'habiller !? (en plus c'est une façons juste pudique et propre !). Il faut que tu comprennes que l'immigration ce n'est pas une usine d'être humains ! c'est beaucoup plus que ça ! Réfléchis bien et avec humanité Monsieur Réjean Labrie de la Capitale ! Bonne chance pour ton effort et Joyeuses fêtes !
    Dany

  • Archives de Vigile Répondre

    20 décembre 2009

    Texte un peu surprenant de la part de M. Philpot. S'autoriser d'interventions qui dénoncent un multiculturalisme envahissant pour crier à l'intolérance, c'est aller un peu vite en affaires!
    Il n'est quand même pas question de mettre les musulmans à la porte ni même de leur fermer les frontières. Il n'est même pas question "d'inviter les élèves à critiquer les pratiques religieuses ou culturelles des autres", comme il dit.
    Il est question de ne pas se laisser embarquer dans un délire religieux ou autoculpabilisant. De ne pas se laisser dicter d'attitudes "politiquement correctes" par de supposés "bien-pensants" à la Bouchard-Taylor. Intolérance? Tout de même!

  • Frédéric Lacroix-Couture Répondre

    20 décembre 2009

    M. Philpot,
    Je ne vois en quoi l'homme qui a refusé de se faire servir par une fonctionnaire portant le voile est raciste. Il était en droit de demander d'être servi par une personne représentant la laïcité de l'État québécois et qui ne va donc pas à l'encontre de la neutralité que tous fonctionnaires doivent respecter en matière religieuse.
    Et je ne comprends pas en quoi un élève qui ose critiquer certains aspects d'une religion est insultant. Un enfant comme un adulte a le droit, par exemple, de se poser des questions et de critiquer la symbolique du voile chez les mulsumans. Lorsque c'est fait avec respect et ouverture, il n'y a absolument rien d'intolérant.
    Moi aussi, je suis prêt à accueillir à bras ouverts des gens de toutes les origines et de toutes les cultures pour construire ce pays, mais je demande qu'on respecte les valeurs fondamentales de notre société comme la laïcité de nos institutions publiques.

  • Réjean Labrie Répondre

    20 décembre 2009

    Votre texte dénote l'aplaventrisme des élites déconnectées.
    Ne laissons personne empiéter sur notre mode de vie, nos valeurs et nos croyances. C'est à l'immigrant de s'adapter et de faire preuve d'ouverture à notre façon de vivre, pas l'inverse.
    Réjean Labrie de Québec, capitale nationale.

  • Archives de Vigile Répondre

    20 décembre 2009

    C'est franchement n'importe quoi. Immigrante, dites-vous? Nulle part a-t-il été mentionné que l'employée voilée de la RAMQ était une immigrante...
    Que diriez-vous si vous deviez vous faire répondre par un fonctionnaire catholique ou évangéliste qui porterait un t-shirt avec le message: «L'homosexualité est une abomination»? Ou encore avec cette question que les religieux chrétiens se posaient il y a à peine 200 ans sur le fait que les esclaves n'avaient pas d'âme, justifiant ainsi l'esclavage...Des paroles religieuses, tout comme le voile est un discours religieux (et sexiste). Si on permet l'un, on doit permettre les autres.

  • Archives de Vigile Répondre

    20 décembre 2009

    M. Philpot,
    Comme il est décevant de vous lire!
    En effet, vous vous faites vous-même un propagandiste de la culpabilisation en rappelant le sort des Juifs québécois dans les années trente. Toujours le discours de la victimisation des Juifs. À ce que je sache, et les exemples sont nombreux, les Juifs montréalais vivent au grand jour bien accrochés aux chartes canadienne et québécoise; ils sévissent même dans certains quartiers... Dira-t-on dans quelques décennies que les Juifs d'Outremont ont été discriminés? Taira-t-on le fait qu'ils ne respectaient pas les règlements de la ville?
    Quant à votre propos sur l'intolérance, il me met hors de moi. Est-ce que je comprends que dès que les Québécois de souche redressent l'échine, discutent de leur propre existence, ils deviennent intolérants, racistes, xénophobes, antisémites ????
    Faudra-t-il maintenant demander la permission d'exister à toutes les communautés culturelles qui refusent, pour la plupart, de s'intégrer ? Décideront-elles pour nous de ce que nous devrions être?

  • Archives de Vigile Répondre

    20 décembre 2009

    Vous avez raison de mentionner les 10 années "de culpabilisation insensée et débilitante " qui ont suivi l'"argent et des votes ethniques"
    Au plus profond du puits identaire, le Bloc avait proposé rien de moins que l'extermination de la race canadienne-française! On était vraiment chez les Talibans de l'identité nationale.

    Heureusement il y a eu le jugement de la Cour suprême sur le port du kirpan à l'école qui a enfin suscité un début de réveil chez les Temblay d'Amérique.

    "On l'avait pas venu venir celle-là", avait dit André Pratte à Bon baiser de France. Il ne parlait pas des balles d'Éric Gagné, mais du déluge de courriels que La Presse avait reçus suite à ce jugement loufoque.

    La crise des accommodements vient chercher quelque chose de très profond chez les Québécois. D'abord, parce qu'au plus profond de leurs tripes, ils y sentent, à fort juste titre, une terrible injustice. Une injustice du deux poids, deux mesures.
    Ensuite, une révolte de voir qu'après 30 ans de libération de la femme, une fonctionnaire québécoise doive s'effacer pour laisser place à un mâle qui va servir le fanatique religieux, sorti droit du Moyen Age.
    Ensuite, une frustration de voir que les gens qu'on accueille ici avec une très grande générosité, chient littéralement sur notre culture et nos valeurs.
    Enfin, une énorme frustration de voir que le gouvernement Charest laisse pourrir la situation, de peur de fruster les clientèles qui l'ont élu

  • Archives de Vigile Répondre

    19 décembre 2009

    Bonjour Madamade Mireille !
    D'apres votre texte, je ne pense pas que vous avez bien compris l'article de Robin Philpot ! Il n'est pas contre la libérté d'expression, il est juste contre l'ignorance et l'intolérance d'une minorité de gens !
    Cordialement

  • Archives de Vigile Répondre

    19 décembre 2009

    Je suis en totale désaccord avec vous.
    Je refuse que mes enfants ne puissent porter un jugement critique sur une religion. Je refuse qu'ils doivent regarder béatement comme une excentricité exotique: le sacrifice humain, l'excision rituelle, le mariage arrangé ou tout autres horreurs.
    Je refuse qu'on refuse d'être servie par moi parce que je suis une femme donc ''envouteuse'' ou ''menstruée'' ou que sais-je. Et que concurremment, moi je ne puisse refuser d'être servie par un être religieux qui me méprise et qui est porteur de valeurs allant à l'encontre de ma philosophie de vie.
    Cessez de prendre les gens du Québec pour des idiots!
    J'espère que le PQ ne va pas commencer à reculer sur ce dossier. J'appuie Curzy. S'il continue, j'appuirai le PQ et la souveraineté. Mais je ne vais pas me battre pour un pays qui ensuite laissera tomber ses enfants.
    Mireille

  • Archives de Vigile Répondre

    19 décembre 2009

    Merci M. Philpot pour votre intelligence implacable et votre dévotion à la cause. J'ai lu ce texte après celui de M. Lisée de l'Actualité, et j'ai maintenant espoir que ces questions seront abordées franchement, sans l'ombre débilitante du jugement raciste canadien, et que le Québec saura se tenir droit, mais les bras ouverts.