De bonnes idées, mais...

La plupart des propositions du Parti québécois pour renforcer l'utilisation de la langue française sont tout à fait pertinentes.

Citoyenneté québécoise - Conjoncture de crise en vue

Comme l'observe le linguiste Jean-Claude Corbeil dans son excellent ouvrage L'embarras des langues: «Au Québec, la situation de la langue française n'est plus une inquiétude, encore moins une préoccupation.» Difficile de lui donner tort: la performance en français des étudiants et des futurs maîtres, l'utilisation de matériel et de logiciels de langue anglaise en milieu de travail ainsi que le nombre d'immigrés qui ne parlent pas français après plusieurs années au Québec sont autant d'exemples qui indiquent l'importance d'adopter une attitude plus musclée dans ce dossier.
Le projet de loi sur la citoyenneté québécoise présenté jeudi dernier par le PQ propose d'étendre la loi sur la francisation aux petites entreprises de 50 employés et moins (à l'heure actuelle, elle s'applique à celles de 50 employés et plus). C'est une excellente idée lorsqu'on sait que le Québec en compte environ 20 000 et que c'est souvent dans ces petites compagnies que les immigrés décrochent leur premier emploi. Dans le débat sur l'identité qui anime le Québec ces jours-ci, il ne faut surtout pas négliger le fait que l'apprentissage d'une langue demeure un formidable outil d'intégration à la société d'accueil. Or, c'est en la pratiquant au quotidien qu'on apprend à maîtriser une nouvelle langue.
On propose aussi d'imposer des sanctions aux entreprises de 50 employés et plus qui n'auraient pas adopté le français à l'intérieur d'une période de 10 ans. On ne pourra pas accuser le PQ d'intransigeance. Dix ans, c'est généreux.
Autre problème de taille auquel le Parti québécois souhaite s'attaquer: le français dans le milieu de l'éducation au Québec. Le PQ propose l'imposition d'un examen national que chaque futur enseignant devra réussir avant de mettre le pied dans une salle de classe. C'est la moindre des choses. Dans le même ordre d'idée, on veut renforcer l'enseignement du français au primaire et au secondaire, une suggestion qui ne suscitera pas beaucoup d'opposition, en particulier des parents. Même la ministre responsable du dossier, Michelle Courchesne, a exprimé un certain pessimisme à ce sujet la semaine dernière.
Là où le bât blesse, toutefois, c'est lorsqu'on propose une citoyenneté québécoise liée à la maîtrise de la langue française. Ceux qui n'obtiendraient pas cette citoyenneté - qu'il soient citoyens canadiens ou pas - seraient privés de certains droits comme celui de se présenter à des élections municipale ou scolaire, par exemple. Cette mesure va à l'encontre des dispositions de la charte canadienne des droits et ne peut être acceptée. On ne peut créer deux classes de citoyens canadiens. Au fond, c'est comme si le PQ mettait «la charrue devant les boeufs» en proposant une citoyenneté québécoise, avec ce que cela implique aux plans juridique et citoyen, alors que le Québec n'est même pas un état souverain.
Si on veut encourager les immigrés à apprendre et à mieux maîtriser la langue française, ce qui est fort légitime, il faut injecter des sommes plus importantes dans les structures d'accueil des nouveaux arrivants.
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