La commission devant faire la lumière sur l’espionnage des journalistes par la police sera publique. C’est la seule chose à faire.
Qu’il l’ait voulu ou non au départ, le gouvernement Couillard n’avait pas le choix. Il aurait été parfaitement incongru de traiter à huis clos de la liberté de la presse. Devant l’ampleur du scandale, se contenter d’un «comité» spécial n’aurait pas suffi.
C’est d’ailleurs ce que soutenaient le chef de la CAQ, François Legault, et la Fédération professionnelle des journalistes depuis le début.
Même s’il croit d’emblée que l’opération sera inutilement coûteuse, le grand public ne se serait pas contenté d’une demi-mesure.
Les Québécois, désabusés, trouvent que les commissions d’enquête ne parviennent pas à mettre fin au désordre des choses. Ils apprécient toutefois le plaisir de voir les tenants du pouvoir sur le grill. C’est peut-être leur seule véritable satisfaction.
Écoute électronique
La ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, et le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, souhaitent que «toute la lumière» soit faite sur les pratiques policières visant les journalistes. On verra bien.
Les opérations d’écoute électronique sont d’une envergure telle qu’elles ont nécessité une complicité politique au plus haut niveau.
Les registres téléphoniques de plusieurs journalistes ont été obtenus par la SQ selon un mandat judiciaire de 2013 mais rétroactif à 2008. C’est donc dire que les sources journalistiques liées aux reportages les plus percutants sur la corruption dans la construction ont pu être identifiées par la SQ.
La SQ est traditionnellement proche du pouvoir politique. L’ex-ministre péquiste de la Sécurité publique, Stéphane Bergeron, a contacté Mario Laprise en septembre 2013 après avoir reçu une lettre de l’ex-président de la FTQ, Michel Arsenault, placé sous écoute électronique quelques années auparavant.
Si Arsenault se plaignait des fuites dans les médias, c’est parce qu’il craignait que la Commission Charbonneau soit poussée à diffuser les conversations captées par la police et montrant, entre autres choses, son vrai visage devant Jocelyn Dupuis, l’ex-directeur général de la FTQ-Construction, un personnage proche de la mafia et des motards. On connaît la suite.
Le passé revient...
Les libéraux de Philippe Couillard, et le premier ministre lui-même, auraient pu dire à ce propos que l’ère Charest est révolue, mais voilà que des malversations immobilières gravissimes impliquent William Bartlett, un collecteur de fonds libéral très impliqué dans l’élection de M. Couillard dans Jean-Talon en 2007.
À peine sorti de l’affaire Lessard, le gouvernement se retrouve confronté à celle de la Société immobilière du Québec, une gracieuseté de l’émission Enquête. Des opérations financières manifestement frauduleuses ont coûté au moins 60 millions au trésor public.
La magouille consistait à transformer le gouvernement en locataire de ses immeubles en lui imputant tous les frais comme s’il en restait propriétaire.
Au Trésor à l’époque, Monique Jérôme-Forget se foutait de la SIQ comme de sa première sacoche. La «gang de pas bons» a donc laissé filer...
Outre Bartlett, une brochette de libéraux notoires sont impliqués: Charles Rondeau, Franco Fava, Pierre Fournier et Marc-André Fortier, des gens pas très raffinés, mais au zénith de leur influence durant l’ère Charest.
Le fricotage a profité aux richards George Gantcheff et Tony Accurso de même qu’à la SOLIM, le bras immobilier de la FTQ.
Selon les sources d’Enquête, c’est en Suisse qu’on a sonné l’alerte. L’UPAC s’en est mêlée ensuite. Espérons que le Directeur des poursuites criminelles et pénales fasse mieux avec les arnaqueurs du PLQ qu’avec les Hells...
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