D’autres journalistes surveillés par le SPVM

Outre le chroniqueur Patrick Lagacé, la police de Montréal avait ciblé au moins trois autres reporters

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La liberté de presse est en danger au Québec





Au moins trois autres journalistes, outre le chroniqueur Patrick Lagacé, ont fait l’objet d’une forme de surveillance par le Service de police de la Ville de Montréal, ont confirmé plusieurs sources au sein même de la haute direction du corps policier.


Selon nos informations, le journaliste Félix Séguin, de notre Bureau d’enquête, la reporter Monic Néron, du 98,5 FM, et le journaliste indépendant Fabrice de Pierrebourg ont été la cible de procédures visant à identifier leurs interlocuteurs au SPVM.


Dans leurs cas, le SPVM n’a pas demandé d’autorisation judiciaire auprès d’un juge, comme on l’a fait pour M. Lagacé. On a plutôt minutieusement fouillé les registres d’appels des employés du corps policier afin d’y relever les numéros des cellulaires des journalistes visés. On tentait ainsi de découvrir qui osait bien leur parler.


«Vérifications très poussées»


«Ce n’est pas compliqué, dans le cadre de plusieurs dossiers, la police est allée faire des vérifications très poussées pour savoir qui vous parlait», a confié un inspecteur-chef à notre Bureau d’enquête.


La pratique n’est pas nouvelle au SPVM, nous a-t-on dit, mais c’est la première fois que plusieurs sources indépendantes la confirment. Cette façon de faire, précisons-le, est légale et relève du droit de gérance.


Un autre officier du SPVM déplore néanmoins que cette «interception de communication déguisée en vérification interne soit lancée presque chaque fois qu’un journaliste sort une histoire qui fait mal paraître le Service».


Enfin, selon un troisième gradé, les raisons invoquées pour traquer les communications de ces journalistes illustrent la chasse aux sorcières qui a cours au SPVM. Ainsi, pour Félix Séguin, «on estime qu’il fait le jeu de ceux qui veulent ternir la réputation du SPVM», a expliqué l’officier.


Vue comme «un risque»


«Dans le cas de Monic Néron, elle connaît tellement de policiers que la direction la voit comme un risque», a-t-il ajouté.


«Ils traquent les policiers qui nous parlent, il faut redoubler de prudence et protéger nos sources; ça s’arrête là. Je n’arrivais pas à croire qu’on oserait nous épier. C’est profondément troublant», a réagi lundi soir la journaliste du 98,5 FM.


«Je suis scandalisé par ces pratiques d’espionnage et de chasse aux sources dignes des dictatures qui sont devenues la norme ici. Qui a donné l’ordre au SPVM? Le maire de Montréal était-il au courant?» a aussi demandé M. de Pierrebourg.


Toute cette saga laisse un goût amer à certains gradés du SPVM.


«Ce qui arrive présentement est dégoûtant, a commenté l’un d’eux. Il n’y a qu’une personne qui pouvait autoriser une demande de mandat pour le téléphone de Patrick Lagacé et c’est Philippe Pichet lui-même. Impossible qu’il n’ait pas été au courant des menus détails.»




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