Crise économique - L'écho à 1929

Crise mondiale — crise financière

Le défilé de mauvaises nouvelles financières est d'une constance telle que les analogies avec la dépression des années 30 ne cessent de se multiplier. Après avoir abondamment détaillé les conséquences toxiques des subprimes et autres, voilà qu'ici et là on montre du doigt les inégalités de revenus qui seraient à l'origine du marasme actuel comme du krach de 1929. L'histoire se répète, certes autrement, mais se répète un tantinet.
Au cours de la semaine dernière, l'horizon économique est devenu plus opaque qu'il ne l'était au terme de la semaine antérieure durant laquelle on avait pourtant eu confirmation du fait que la santé financière de GM, Ford et Chrysler se confondait avec déliquescence. Toujours est-il que l'on a appris ces jours-ci que les ventes au détail aux États-Unis avaient chuté alors que le taux de chômage augmentait, que la zone euro, y compris son moteur économique allemand, était officiellement en récession alors qu'en Grande-Bretagne certains évoquaient déjà la dépression. On fait l'impasse sur les faillites annoncées pour mieux formuler une lapalissade: la cour est pleine. N'en jetez plus? Dans le meilleur des mondes, ce serait le cas.
Hélas! Trois fois hélas! Il ne peut en être ainsi. Car, entre autres raisons, il y a celle-ci: la marge de manoeuvre des banques centrales, notamment celle des États-Unis et de la Grande-Bretagne, est réduite. Entre les énormes injections de liquidités effectuées dès septembre 2007 et la cascade de réductions du loyer de l'argent ordonnées depuis, ces institutions ont usé passablement des outils mis à leur disposition pour cautériser les plaies économiques.
Vu les circonstances qui prévalent actuellement, on ne sera pas étonné d'apprendre que, des deux côtés de l'Atlantique jusqu'en Chine au Japon et en Inde, on presse les gouvernements d'agir. On quémande une action rapide auprès des politiciens. On organise un G20 en l'absence du principal acteur. En un mot, la planète économique est à l'image du chien qui essaye de se mordre la queue. Elle a une conviction: il faut agir. Encore faut-il poser un diagnostic exact sur LA cause de cette crise. Évidemment, des économistes se sont penchés sur la question en réétudiant 1929.
Côté face, côté positif, aux États-Unis comme ailleurs, les banquiers centraux et bien des gouvernements ne sont pas restés les bras croisés. Des établissements financiers ont été nationalisés en tout ou en partie, des masses de capitaux ont été accordées à prix réduit, des plans de sauvetage ont été votés. Au contraire, il y a près de 80 ans de cela les autorités américaines ainsi que les britanniques ont collé fanatiquement à la religion de l'équilibre budgétaire. Pas question de déficit public, donc pas question d'aide. Le secrétaire du Trésor américain de l'époque, Andre Mellon, était un militant forcené de l'immobilisme, un mousquetaire de l'inaction. Quoi d'autre? À la grande différence d'aujourd'hui, il n'y avait pas de programmes sociaux.
Côté pile, côté négatif... Jusqu'à présent, beaucoup a été dit et écrit sur les subprimes, les credit default swap, les collateralised debt obligations et autres produits financiers, véhicules financiers. Et alors? Grosso modo, ceux-ci ont été conçus, inventés, afin de distribuer des liquidités et dégager, on s'en doute, des bénéfices. Il faut bien avoir en tête que cette panoplie d'outils, aussi difficile à manipuler qu'un bilboquet, est la conséquence d'une politique articulée, imposée par des politiques pour la jouissance presque exclusive des riches parmi les riches.
Lorsque l'on s'attarde aux causes de 1929 et à celles de 2008, on constate qu'il y a un dénominateur commun aux deux. Lequel? L'inégalité des revenus. En 1928, l'inégalité des revenus avait atteint un sommet. En 2006, l'inégalité a enregistré un record. Dans les deux cas, c'est à méditer et à retenir, 5 % des plus riches faisaient main basse sur le tiers de l'ensemble des revenus. C'est à noter, cette culture de l'injustice la plus pernicieuse qui soit fut amorcée aux États-Unis et en Grande-Bretagne dans les années 80 avant que l'Allemagne, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et le... Canada ne les imitent.
L'homme qui montra du doigt l'inégalité des revenus comme première responsable de la dépression des années 30 s'appelait Marriner Eccles. Il fut président de la Réserve fédérale de 1934 à 1948. Il fit surtout école. Son modèle de gestion économique a imprimé sa part d'influence jusqu'à ce que Ronald Reagan et Margaret Thatcher s'emparent de la planche à billets avec les conséquences que l'on sait aujourd'hui désastreuses. Sauf pour les 5 % des riches d'entre les riches.


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