Crise de la dette : l’Annonciation selon les banques centrales

Crise du capitalisme - novembre décembre 2011


▪ Alléluia ! Les marchés regrimpent ! On dirait que Dieu est apparu sur les marchés. C’est comme s’Il l’avait avait annoncé Lui-même :
“Le magicien arrive”.

Mais ce n’est pas le sacré qui s’est exprimé cette semaine. C’est plutôt le profane. Les banques centrales de la planète, pour être exact, qui se sont concertées pour agir. Cela ressemblait plutôt à un conclave de gangsters qu’à une assemblée divine.
Voilà ce qu’elles ont clairement affirmé : vous voulez de l’argent ? Vous voulez du cash ? Vous voulez quelque chose que vous puissiez mettre sur votre compte en banque ? Eh bien, tenez !
Mais attendez.
Que s’est-il vraiment passé ? Les banquiers centraux ont fait passer le mot qu’ils imprimeraient autant d’argent que nécessaire. Qu’y a-t-il de nouveau là-dedans ? N’est-ce pas ce qu’ils font depuis le début ? Que sont les prêts à taux zéro ? Qu’est-ce que le rachat de dette gouvernementale ? Qu’est-ce que le rachat des obligations toxiques auprès des banques et maisons de courtage ?
Qu’y a-t-il de vraiment neuf ? Pas grand-chose.

Vous vous rappelez notre conseil, cher lecteur ? Vendez les actions sur leurs rebonds. Eh bien… qu’attendez-vous ?
Si nous étions spéculateur, nous vendrions les actions… même celles que nous ne possédons pas. Parce qu’il y a là une opportunité. Le marché grimpe sur de l’espoir, pas sur de la réalité. Il se pourrait qu’il grimpe encore un peu…
… avant de finalement réaliser qu’il n’y a pas vraiment de bonne raison d’être aussi haussier.
Les actions sont de petits morceaux d’entreprise. Or les entreprises ne gagnent pas d’argent juste parce que la banque centrale imprime de l’argent. Si c’était le cas, les entreprises du Zimbabwe auraient été les plus profitables de la terre, il y a quelques années. Sous la direction de Gideon Gono, la banque centrale zimbabwéenne imprimait des billets de plusieurs milliers de milliards de dollars et les distribuait un peu partout. Le problème, c’est que ces billets ne pouvaient pas même acheter une tasse de café. En fait, on ne pouvait pas acheter de tasse de café tout court… L’économie était dans un tel désarroi qu’il était impossible de trouver du café. Ou quoi que ce soit d’autre.
Mais ça, c’était à la fin. Au début, l’impression monétaire permet des miracles.
Sauf que les entreprises ne fonctionnent pas dans le domaine du mystérieux ou du sacré. Ce sont des opérations remarquablement terre-à-terre. Ce sont de vraies entreprises avec de vrais revenus et de vraies dépenses. Elles gagnent de l’argent en vendant des biens et des services. Et, prises ensemble, elles ne peuvent gagner que ce que l’économie elle-même leur permet. En d’autres termes, il n’est pas possible que toutes les entreprises à la fois gagnent plus que l’économie qui les soutient.
Nous pouvons donc vous poser une question : les économies des pays du monde vont-elles mieux s’en sortir maintenant que les banques centrales ont annoncé qu’elles imprimeraient plus d’argent ?
Ou moins bien ?
Difficile à dire. Mais selon nos calculs, le monde est en proie à une correction majeure. Parmi les choses qui seront probablement à corriger, il y a le système monétaire… dans lequel les banques centrales ont le pouvoir de créer de “l’argent” à partir de rien.
La correction pourrait-elle corriger quelque chose qui n’a pas besoin de l’être ? Si les banquiers centraux refusaient d’imprimer de l’argent, il n’y aurait pas besoin de corriger, pas vrai ? Cette dernière annonce ne fait donc que confirmer ce que nous pensions depuis le début.
Imprimer de l’argent est plus facile qu’augmenter les impôts. C’est également plus facile qu’emprunter… surtout quand les emprunteurs commencent à se méfier. Tout ce qui restait, c’est l’intégrité des banquiers centraux eux-mêmes.
On dirait bien que c’est ce qui vient de céder…

▪ Mais attendez. Si les banquiers centraux impriment de l’argent, pourquoi les consommateurs devraient-ils continuer à réduire leurs dépenses ?

Ah… nous sommes heureux que vous ayez posé la question. Les banques centrales renflouent les spéculateurs, les banquiers et les autorités… pas les ménages. L’argent n’arrive au niveau des consommateurs qu’à contrecoeur… voire pas du tout.
Au lieu de ça, les riches deviennent plus riches, grâce à un système monétaire corrompu. On les renfloue après leurs erreurs… et on leur donne beaucoup d’argent qu’ils ne méritent pas.
Et les pauvres ? Deviennent-ils plus riches simplement parce que les banques centrales chouchoutent les investisseurs obligataires ? Les investisseurs obligataires construisent-ils des usines fournissant des emplois accessibles ? Les spéculateurs inventent-ils de nouvelles industries ? Les initiés lancent-ils des petites entreprises et des sociétés créant de la véritable richesse ?
Ne nous faites pas rire, cher lecteur.

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Bill Bonner5 articles

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Bill Bonner est le fondateur et président d'Agora Inc., une maison d'édition publiant des lettres d'information confidentielles – probablement l'une des plus brillantes au monde. Auteur de la lettre e-mail quotidienne The Daily Reckoning (450.000 lecteurs... ), il intervient également dans La Chronique Agora, directement inspirée du Daily Reckoning.

La passion de Bill Bonner pour la finance, les voyages et les grandes idées lui a permis d'engranger des succès incontestables pour son entreprise. Il a débuté en 1979, avec la publication des lettres d'information International Living et Hulbert's Financial Digest. Puis Agora Publishing a connu une croissance très importante, et s'est spécialisée dans la publication de lettres confidentielles sur la finance, la santé, le développement personnel et les voyages. Depuis le début des années 1990, Agora Publishing s'est encore développée. Le siège social est à Baltimore, mais aujourd'hui, Agora compte des bureaux à Paris, Londres, Waterford (Irlande), Melbourne, Johannesburg, Madrid et New-Delhi.

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