Avec le Portugal, il se passe actuellement ce qui s'est passé avec l'Irlande. Refus d'une aide financière extérieure qui amplifie davantage l'appétit des marchés, lequel finira par avoir raison des prétentions du gouvernement. On force le Portugal aujourd'hui comme on forcera, probablement, l'Espagne demain.
Au cours des dernières semaines, le premier ministre José Socrates a martelé plus d'une fois que la santé économique de son pays n'exigeait pas un recours aux moyens financiers proposés par la Banque centrale européenne (BCE) et l'Union européenne (UE). Pour faire la preuve qu'il disposait encore d'une marge de manoeuvre suffisante, il a fait voter un énième plan d'austérité par le Parlement.
Autant Socrates résiste, autant les investisseurs, spéculateurs, agents des Bourses et autres veulent lui forcer la main. Comment s'y prennent-ils? Ils imposent aux obligations gouvernementales un taux d'intérêt aujourd'hui plus élevé qu'il y a encore une semaine. Ces acteurs font dans la récidive. Ils font actuellement ce qu'ils ont fait avec la Grèce avant-hier et avec l'Irlande hier.
Dans leurs agissements, ces derniers ont des alliés de poids: les autres membres de l'UE. Selon les informations recueillies par le Financial Times Deutschland, les chefs d'État et les dirigeants de la BCE se sont entendus derrière les rideaux pour que le Portugal cède. Ils veulent que ce pays emprunte pour éviter que l'Espagne ainsi que les banques allemandes soient déséquilibrées par une crise qui n'en finit pas de finir.
Leur calcul est simple. Un, les établissements financiers espagnols sont très exposés au Portugal. Deux, les établissements allemands sont passablement présents en Espagne qui, par ailleurs, présente un dénominateur commun, du reste inquiétant, avec l'Irlande: l'effondrement du marché immobilier combiné à un taux de chômage extrêmement élevé: au-delà des 20 %. De fait, leurs intérêts étant bien compris, les Allemands, et dans une moindre mesure les Français, prient tous les dieux du ciel pour que le Portugal plie et qu'ainsi on soutienne indirectement leurs entreprises.
Le hic, c'est que les politiciens feignent d'ignorer que l'offensive amorcée l'hiver dernier par les fonds spéculatifs et autres ne se terminera pas avec le Portugal, l'Espagne, l'Italie et possiblement la France. Elle ne se terminera pas aussi longtemps que des ajustements structurels profonds n'auront pas été arrêtés et appliqués. Pour dire les choses brutalement, ces fonds n'ont jamais accepté la création de la monnaie unique.
Ils estiment, non sans raison d'ailleurs, que, si le Portugal battait monnaie, celle-ci ne serait pas égale à l'euro. Idem pour les taux. Les dissonances économiques qu'il y a par exemple entre l'Allemagne et le Portugal font que le partage de l'euro est un non-sens. Par contre, ce qui ne se dit pas, c'est que ces fonds rêvent d'un retour en arrière, d'un éclatement de la zone euro, pour retrouver la possibilité de jouer le mark contre le franc, la lire italienne contre la peseta espagnole, etc.
Autrement dit, la contagion de la crise au Portugal, en Espagne et en Italie est actuellement plus plausible que son contraire. Trop d'acteurs économiques ont compris que l'acte de naissance de la monnaie unique ayant été bancal — pas de coordination des politiques économiques —, celui-ci proposait de fait des occasions pouvant s'avérer très rentables.
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